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Des agents des Émirats arabes unis « infiltrent la politique tunisienne », affirme un site internet

Selon le site en langue arabe Arab Secrets, des documents prouvent que les EAU ont mis en place une opération clandestine visant à corrompre les élus tunisiens et influencer la politique du pays
Le général Hamad Mohammed Thani al-Rumaithi (à droite), chef de l’armée émiratie, et Hamdan ben Zayed ben Sultan al-Nahyane, vice-Premier ministre émirati et ministre d’État aux Affaires étrangères (WAM)

Un site obscur en langue arabe, Arab Secrets, a publié des documents confidentiels qui, selon le site, montrent qu’un réseau clandestin des Émirats arabes unis (EAU) opère en Tunisie en vue de soudoyer des représentants de l’État et influencer les affaires politiques, sociales et parlementaires du pays.

Selon un article d’Asrar Arabiya, les EAU ont versé des millions de dollars à Nidaa Tounes deux mois à peine avant les élections présidentielles de 2014 qui ont abouti à l’élection de Beji Caïd Essebsi, le leader de Nidaa Tounes, à la tête du pays.

Middle East Eye n’est pas en mesure de vérifier la validité de ces allégations.

Les documents identifient un certain Saeed Salem al-Hafry comme étant le chef du réseau émirati. Ses ordres proviennent de Hamad al-Shamsi, un officier du renseignement émirati à Abou Dabi, affirme Arab Secrets. Huit autres personnes sont impliquées dans le réseau, toujours selon le site.

Les documents exposeraient un plan visant à contrecarrer le mouvement politique islamiste Ennahdha, affilié aux Frères musulmans, lors des prochaines élections municipales prévues le 6 mai.

Atteinte à l’indépendance du parlement tunisien

Le site web affirme qu’une lettre envoyée par Hafry à Shamsi, classée « (881/2016) » et datée du 19 octobre 2016, indique que « les EAU ont élaboré un plan visant à recruter des agents et à soudoyer des parlementaires afin de faire adopter le programme politique des Émirats arabes unis par leur biais. »

Le document, intitulé « Une aile parlementaire pro-EAU en Tunisie », fait état d’une rencontre entre un officier émirati de la sécurité d’État et un député de Nidaa Tounes membre du Comité parlementaire de planification et des finances.

Dans sa lettre, l’officier cite le député (dont MEE tait le nom pour des raisons légales) : « Je me considère comme l’un des hommes des Émirats arabes unis en raison de leur perspective économique ouverte, une approche qui en fait un modèle à suivre dans les pays arabes et à l’étranger ».

MEE ne peut vérifier de manière indépendante si cette réunion a véritablement eu lieu.

Selon le document, « l’aile parlementaire soutenue par les EAU en Tunisie » vise à « réduire la propagation des islamistes affiliés à Ennahdha tant au niveau de l’État que de sa base populaire ».

Le document révèle en outre que « l’aile parlementaire » des EAU devrait être composée de 130 députés. « La composition de cette aile parlementaire est facile, mais elle nécessite l’assistance financière des Émirats arabes unis, par exemple, le paiement de frais mensuels d’un montant de 3 000 dollars pour chaque député rejoignant l’aile », rapporte Arab Secrets.

Les révélations d’un journaliste tunisien

Les affirmations d’Arab Secrets font suite aux déclarations d’un journaliste tunisien, Soufiane Ben Farhat, sur la chaîne de télévision locale Nessma. Ben Farhat affirme que le président Essebsi l’aurait informé que « les EAU ont exigé en Tunisie le même scénario qu’en Égypte, mais [qu’] il a refusé leur demande ».

Ben Farhat a ajouté qu’Essebsi lui avait également révélé que les Émirats arabes unis exigeaient que leur programme politique soit suivi en échange de leur assistance financière.

Cependant, « le coût politique de la mise en œuvre de la politique des EAU sera très élevé. Les Émirats ont des exigences qui ne peuvent être appliquées », aurait dit Essebsi à Ben Farhat.

Traduit de l’anglais (original).

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