Aller au contenu principal

L’ONU accuse une milice chiite irakienne d’enlèvements et de décapitations à Falloujah

Le haut-commissaire aux droits de l’homme affirme que les Kataeb Hezbollah pourraient avoir enlevé 900 civils et en avoir exécuté au moins 50, certains par décapitation, lors de la bataille de Falloujah
Des membres masqués et armés de la milice chiite irakienne Ketaeb Hezbollah arrivent dans le quartier de Karrada à Bagdad (AFP)

Une milice chiite qui a combattu aux côtés des forces irakiennes contre le groupe État islamique (EI) à Falloujah pourrait avoir enlevé 900 civils et en avoir exécuté au moins 50 autres, certains par décapitation et torture, a annoncé mardi l’ONU.

La phase initiale de la vaste offensive irakienne pour reprendre la ville à l’EI a été soutenue par plusieurs milices chiites, ce qui avait suscité des craintes de représailles contre la population musulmane sunnite de la région.

Le haut-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Zeid Ra’ad al-Hussein, a indiqué qu’il existait des preuves solides qu’un groupe, Kataeb Hezbollah, avait perpétré des atrocités après avoir dit aux civils que ses membres étaient là pour aider.

https://twitter.com/zaidbenjamin/status/749034469525295104?ref_src=twsrc%5Etfw

Traduction : L’aviation irakienne ciblant un convoi de l’EI qui bat en retraite d’Amiryat al-#Falloujah – Ministère de la Défense – Zaid Benjamin (@zaidbenjamin)

« Il semble que cela soit le pire – mais non le premier – incident de ce type impliquant des milices non officielles qui combattent aux côtés des forces gouvernementales », a déclaré dans un communiqué le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme.

Il a averti qu’avec une nouvelle offensive de l’Irak en préparation contre l’EI dans son bastion nord de Mossoul, davantage de civils sunnites pourraient faire face à d’horribles violences en représailles pour les crimes de l’EI, un groupe militant sunnite.

900 disparus ou tués

Les combattants des Kataeb Hezbollah se sont approchés du village de Saqlawiyah près de Falloujah, à 50 km à l’ouest de Bagdad, le 1er juin, a indiqué dans un communiqué le bureau de Zeid, citant des témoins.

Les villageois ont repéré les combattants alors qu’ils quittaient Saqlawiyah au milieu de l’assaut contre l’EI.

Les membres de la milice « les ont hélés avec des haut-parleurs, affirmant que les villageois n’avaient rien à craindre d’eux », selon le bureau des droits de l’homme.

« Des témoins ont rapporté que, cachés derrière les drapeaux irakiens, ils ont vu les drapeaux d’une milice appelée Kataeb Hezbollah », précise le communiqué de l’ONU.

Les femmes et les enfants ont été envoyés dans un camp de personnes déplacées alors que les hommes et les adolescents ont été emmenés dans divers endroits.

Selon des témoins, ceux qui demandaient de l’eau « ont été traînés à l’extérieur et abattus, étranglés ou passés à tabac », a déclaré l’ONU.

Les hommes enlevés ont été séparés le 5 juin et 605 hommes et garçons emmenés dans un camp de réfugiés.

La localisation d’un second groupe, composé d’environ 900 personnes, demeurait « inconnu », selon Zeid.

Le haut-commissaire a indiqué que les habitants avaient fait une liste de 643 hommes et garçons disparus et de « 49 autres qui auraient été exécutés sommairement ou torturés à mort pendant leur détention initiale par le Kataeb Hezbollah. »

Les habitants du coin ont ajouté que 200 autres personnes n’avaient pas été prises en compte.

Des femmes du camp de réfugiés d’Amriyat al-Falloujah ont déclaré à l’AFP le mois dernier que leurs fils, maris et neveux avaient disparu.

Le porte-parole de Zeid, Rupert Colville, a déclaré que le gouvernement irakien avait lancé une enquête mais n’a pas eu d’informations quant à ses progrès.

« Les gens qui échappent [à l’EI] doivent être traités avec compassion et respect, pas torturés et tués sur la simple base de leur sexe et de l’endroit où ils avaient le malheur de vivre quand [l’EI] est arrivé », a déclaré Zeid dans son communiqué.

Un habitant de Falloujah a confié à Associated Press qu’il croyait qu’il n’y avait aucune volonté de la part du gouvernement de collaborer avec les sunnites à Falloujah.

Le gouvernement de Bagdad « estime que Falloujah est le centre du terrorisme en Irak », a déclaré le cheikh Muhamed Hadi Abdullah.

« Mais pour nous, c’est le centre de la résistance. La résistance était pure au commencement, mais d’autres comme Daech l’ont corrompue. »

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

Middle East Eye propose une couverture et une analyse indépendantes et incomparables du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et d’autres régions du monde. Pour en savoir plus sur la reprise de ce contenu et les frais qui s’appliquent, veuillez remplir ce formulaire [en anglais]. Pour en savoir plus sur MEE, cliquez ici [en anglais].