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L’opposition syrienne lance une nouvelle bataille contre Assad après des attaques à Alep

Des attaques menées par les forces de l’opposition dans la province d’Alep ont tué au moins 16 civils au cours de l’un des assauts les plus sanglants depuis la trêve de février
L’opposition syrienne - représentée par (de gauche à droite) George Sabra, le chef de la délégation Asaad al-Zoubi et le négociateur en chef Mohammed Alloush - assiste à des négociations de paix au siège européen de l’ONU à Genève (AFP)

Plusieurs grandes factions de l’opposition syrienne ont annoncé lundi qu’elles lançaient une réponse armée à ce qu’elles affirmaient être des « violations » par le gouvernement syrien d’un accord de cessez-le feu dans ce pays déchiré par la guerre.

« Suite à l’augmentation des violations par les forces du régime, notamment contre des personnes déplacées et les bombardements continus des quartiers résidentiels, nous déclarons le début d’une riposte », indique une déclaration signée par dix groupes rebelles armés.

La trêve, négociée par la Russie et les États-Unis, a vu la violence décliner de manière significative à travers la Syrie, mais des combats ont récemment éclaté dans plusieurs régions, en particulier autour de la deuxième ville du pays, Alep.

Des combats à Alep ont tué au moins 22 civils le weekend dernier, décidant les groupes d’opposition à menacer de quitter la table des négociations de paix sur la Syrie à Genève, si aucun progrès n’est fait concernant une transition politique.

Un barrage de roquettes et des tirs isolés de la part de groupes d’opposition sur les districts occidentaux contrôlés par le gouvernement a tué 16 civils, dont dix enfants et deux femmes.

Ces attaques sont survenues après qu’au moins six civils ont été tués et huit autres blessés samedi dans les frappes aériennes du gouvernement sur les zones orientales de la ville, contrôlées par les rebelles.

L’Observatoire syrien pour les droits de l’homme a déclaré que le nombre de civils tués dans la ville d’Alep représentait l’un des bilans les plus élevés depuis l’entrée en vigueur d’une trêve précaire, le 27 février.

« Il y a une escalade manifeste. Cela constitue l’incident le plus sanglant à Alep et sa province » depuis le début du cessez-le-feu, selon le chef de l’Observatoire, Rami Abdel Rahman.

« Cette escalade menace directement la trêve. »

Le Haut comité des négociations de l’opposition (HCN) a déclaré que les négociations indirectes pourraient s’effondrer si le gouvernement syrien refuse de faire des compromis sur les questions politiques et humanitaires.

« Nous pourrions suspendre [notre participation aux] négociations si les choses continuent de cette façon et il n’y aura aucune perspective de solution politique », a déclaré Abdulhakim Bashar, membre du HCN.

Presque toutes les parties au conflit en Syrie – le gouvernement, les rebelles, les militants et les Kurdes – ont pris le contrôle de certaines zones de la province d’Alep, déchirée par la guerre.

Le HCN a mis en doute l’engagement du gouvernement envers une solution politique à la guerre syrienne qui dure depuis cinq ans, en particulier au lendemain de la reprise des violences à Alep.

« La situation humanitaire ne cesse de se détériorer, la question des détenus n’a pas progressé du tout, le cessez-le-feu s’est presque effondré et maintenant Alep est attaquée sur trois côtés », a déclaré Abdulhakim Bashar en Suisse.

« Compte tenu de ces facteurs, nous examinons tout et nous allons continuer nos réunions aujourd’hui [dimanche] pour être en mesure demain de décider quoi faire. »

Des négociations quasiment dans l’« impasse »

Un deuxième membre de la délégation du HCN, s’exprimant sous couvert d’anonymat, a déclaré que les négociations étaient presque dans « l'impasse ».

« Les négociations ont presque abouti à une impasse avec le refus inflexible du régime de négocier le sort [du président Bachar al-]Assad dans les négociations de Genève », a déclaré le député.

Le sort d’Assad reste le principal point de blocage des négociations de paix, l’opposition syrienne s’accrochant à sa demande de le voir partir depuis le début du conflit en 2011.

Cependant, le gouvernement a rejeté le départ d'Assad, qualifiant son sort de « ligne rouge ».

À Téhéran, la responsable de la politique étrangère de l’Union Européenne Federica Mogherini a profité de ses discussions avec le ministre iranien des Affaires étrangères Javad Zarif et le chef national de sécurité Ali Shamkhani pour presser l’Iran de pousser Damas vers un processus politique qui pourrait aboutir à une réforme constitutionnelle et des élections libres après cinq ans d’effusion de sang, a rapporté The Wall Street Journal.

« L’Iran a non seulement encore beaucoup d’influence à Damas, mais aussi une connaissance approfondie du régime qui peut aider la communauté internationale à trouver des formules qui pourraient être utiles au succès d’un processus politique », a confié Mogherini à un petit groupe de journalistes samedi soir.

Le plan de paix présenté par l’envoyé de l’ONU Staffan de Mistura et soutenu par les puissances mondiales envisage une transition politique, une nouvelle constitution et des élections présidentielles et parlementaires en septembre 2017.

Cependant, le gouvernement syrien a organisé ses propres élections législatives périodiques la semaine dernière, que le parti Baas d’Assad a facilement remportées.

Comme prévu, le parti Baas et ses alliés ont remporté la majorité des 250 sièges parlementaires lors d’un vote qui s’est uniquement déroulé dans les zones contrôlées par le gouvernement.

Ces élections ont été dénoncées par l’opposition qui les a qualifiées de « farce ».

À Genève, dimanche, le négociateur en chef de la délégation du HCN a appelé à de nouvelles attaques contre les forces gouvernementales, en dépit de la trêve précaire.

« Ne faites pas confiance au régime et n’attendez pas sa pitié », a écrit sur Twitter Mohammed Alloush, une personnalité politique de premier plan au sein du groupe rebelle Jaish al-Islam [Armée de l’Islam].

« Frappez-les au cœur [tuez-les]. Frappez-les partout », a-t-il insisté.

Une autre personnalité de l’opposition a précisé que la déclaration belliciste d’Alloush ne représentait pas la position du HCN.

Négocié par la Russie et les États-Unis, l’accord de cessation des hostilités exclut la lutte contre le groupe État islamique ou les branches d’al-Qaïda en Syrie.

La trêve a largement tenu dans certaines parties de la Syrie depuis la fin de février, en dépit de fréquentes accusations de violations des deux côtés.

Toutefois, les récentes violences ont suscité des préoccupations d’un possible affaiblissement du cessez-le-feu, en partie parce que les rebelles sont également impliqués dans les combats.

Le groupe État islamique s’est emparé de nouveaux territoires de groupes rebelles dans le nord de la Syrie, menaçant la ville clef de l’opposition, Azaz, située seulement huit kilomètres au sud de la frontière turque.

L’assaut a contraint 30 000 Syriens à fuir et des dizaines de milliers de personnes risquent d’être déplacées.

Depuis que le conflit syrien a éclaté en 2011, la moitié de la population du pays a été déplacée – dont cinq millions de personnes qui ont fui vers les pays voisins.

Plus de 270 000 personnes ont été tuées.

Traduction de l’anglais (original) par VECTranslation.

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