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La police turque détient des chefs du HDP pro-Kurdes dans le cadre d’une « enquête anti-terroriste »

Selahattin Demirtaş, coprésident du HDP, a tweeté tôt ce vendredi matin que la police venait chez lui pour l’arrêter
Les services des réseaux sociaux comme Twitter et Facebook sont devenus inaccessibles en Turquie peu après le tweet de Demirtaş (Reuters)

ISTANBUL, Turquie – Les deux coprésidents du Parti démocratique des peuples (HDP) pro-kurde ont été arrêtés à leur domicile tôt ce vendredi dans le cadre d’une « enquête antiterroriste » sur le groupe politique.

Selahattin Demirtaş, l’un des coprésidents du HDP, a tweeté tôt vendredi que la police venait d’arriver à son domicile, à Diyarbakır, pour l’arrêter, marquant le passage d’un nouveau cap dans la lutte du gouvernement contre le parti.

Traduction : « Des agents de police sont à la porte de ma maison à Diyarbakır avec un mandat pour me retenir de force » –  Selahattin Demirtaş (@hdpdemirtas)

Pendant ce temps, le HDP a tweeté que le domicile de la coprésidente du parti, Figen Yüksekdağ, était également perquisitionné par la police. Yüksekdağ a ensuite été placée en garde à vue dans sa maison d’Ankara.

Outre Demirtaş et Yüksekdağ, neuf autres parlementaires du HDP ont également été arrêtés, a rapporté Reuters, citant des avocats du parti. Les médias locaux ont déclaré que les députés İdris Baluken et Mehmet Ali Aslan avaient été arrêtés et que la police avait effectué des fouilles et menaient une perquisition au siège du HDP à Ankara.

Les réseaux sociaux, notamment Twitter et Facebook, sont devenus inaccessibles en Turquie peu de temps après le tweet de Demirtaş.

Les autorités turques, et le Président Recep Tayyip Erdoğan en particulier, ont allégué que le HDP est une extension politique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qu’Ankara considère comme un groupe terroriste.

Le gouvernement turc a adopté une position dure contre le HDP pendant la période précédant les élections législatives de juin 2015, lors desquelles le HDP a dépassé le seuil des 10 % pour la première fois, ce qui lui a permis d’entrer au Parlement en tant que parti.

Le Parlement turc a voté en mai la révocation de l’immunité des députés, une décision motivée selon beaucoup par l’objectif de cibler les parlementaires du HDP.

Jeudi, les procureurs avaient lancé une enquête sur Demirtaş après qu’il a condamné la détention de deux maires de la plus grande ville kurde du pays.

Gültan Kışanak et Fırat Anlı, les maires de la ville de Diyarbakır, au sud-est, ont été placés en garde-à-vue mardi dans le cadre d’une enquête « antiterroriste » et accusés d’avoir des liens avec le PKK.

Traduction : « Au moins neuf députés du HDP, parmi lesquels les coprésidents @hdpdemirtas et @FigenYuksekdag, ont été placés en détention. Maisons perquisitionnées, portes cassées » – HDP Foreign Affairs (@hdpdiplomacy)

Le procureur de Diyarbakır a déclaré dans un communiqué que l’enquête sur Demirtaş déterminera s’il a insulté Erdoğan dans un discours ce jeudi.

Celle-ci examinera également s’il a « incité les gens à désobéir à la loi » ; « humilié publiquement la République turque et les institutions judiciaires de l’État » et « loué les crimes et les criminels ».

Dans un discours devant l’hôtel de ville de Diyarbakır, Demirtaş avait appelé le procureur à prouver les « liens avec les terroristes » des maires.

« Personne ne peut accuser nos municipalités de soutenir les armes, la terreur et la violence… Si vous pouvez prouver qu’un seul centime est allé [au PKK, parti interdit], alors prouvez-le. Tout cela n’est que mensonge », a-t-il dit.

Anlı et Kışanak sont accusés de faire des discours à l’appui du PKK, qui est également désigné comme une organisation terroriste par l’UE et les États-Unis.

Ils auraient également autorisé l’utilisation de véhicules municipaux pour les funérailles de membres du PKK.

« Jusqu’à ce que nos dirigeants municipaux puissent retourner à leur poste, il y aura de la résistance, il y aura lutte », a déclaré Demirtaş, selon une copie écrite de son discours du HDP.

Demirtaş a déclaré que les deux maires n’avaient pas soutenu le terrorisme et il a accusé la Turquie de le faire en « nourrissant » le groupe d’État islamique et le Front al-Nosra lié à al-Qaïda. Des allégations qu’Ankara dément fermement.

Demirtaş, avocat, a également critiqué le procureur. « Nous sommes contre les procureurs agissant dans la perspective du palais », a-t-il dit, se référant indirectement à Erdoğan. « Quel type de procureur êtes-vous ? Personne n’agit plus de manière plus illégale que vous », a-t-il ajouté.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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