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Les Palestiniens dénoncent la « distraction » d'Amona alors qu'Israël développe les colonies

La réinstallation des colons d'Amona a été qualifiée de « propagande » par les Palestiniens, tandis que des milliers de nouveaux logements dans les colonies ont été annoncés depuis que Trump a pris le pouvoir
Les forces de sécurité israéliennes se rassemblent près de l'avant-poste illégal d'Amona en Cisjordanie occupée (AFP)

Israël a dévoilé des plans de construction de 3 000 nouvelles unités de logement pour les colons juifs en Cisjordanie occupée tard ce mardi, la quatrième annonce de ce genre depuis que le président américain Donald Trump a pris ses fonctions il y a moins de deux semaines.

L'annonce a suivi de quelques heures le début de l’expulsion par les forces de sécurité israéliennes des occupants de la colonie d'Amona, conformément à une décision de la cour suprême datant d’il y a deux ans selon laquelle celle-ci avait été construite sur des terres privées palestiniennes.

Le droit international ne reconnaît pas cette distinction car toutes les colonies sont construites sur des terres palestiniennes.

Les colons seront déplacés vers un site voisin dans le cadre d'un accord en vertu duquel ces derniers ont accepté d'être évacués pacifiquement, a indiqué la police.

Les opposants au programme de colonisation d'Israël ont décrit la situation à Amona comme une distraction vis-à-vis de l'engagement du gouvernement israélien à soutenir les colons ailleurs en Cisjordanie.

Mustafa Bargouti, membre du Conseil législatif palestinien, a déclaré à MEE : « Ce que Netanyahou a fait est un gros tour de passe-passe et une propagande dangereuse, il n'y a pas vraiment d'expulsion. Un petit nombre de colons sont déplacés de quelques maisons construites sur des terres privées palestiniennes vers d’autres terres palestiniennes confisquées.

« La question d'Amona est utilisée pour cacher la décision israélienne de construire 3 000 nouvelles unités de logement, [ce qui participe d'un plan visant à] diviser la Cisjordanie en deux, encercler Jérusalem et empêcher toute possibilité de [création d’] un État palestinien ainsi que l'option de la solution à deux États. »

Khalida Jarrar, une autre membre du Conseil législatif palestinien, a ajouté : « Il s’agit d’une tentative d’éloigner l'attention des milliers d'autres unités de logement annoncées par le gouvernement israélien. Ils tentent de dramatiser l’expulsion pour masquer des questions plus importantes. »

« Il s’agit d’une tentative d’éloigner l'attention des milliers d'autres unités de logement annoncées par le gouvernement israélien » - Khalida Jarrar, membre du Conseil législatif palestinien

« Il n'y a aucune différence entre Amona et d'autres colonies dans les territoires occupés. Étiqueter Amona comme ‘’un avant-poste illégal’’ est la façon dont le gouvernement et les médias blanchissent le reste des colonies, comme si elles étaient, contrairement aux avant-postes, légales. Elles ne le sont pas. Pas une seule d'entre elles », a écrit Gideon Levy pour Middle East Eye le mois dernier.

Saeb Erekat, secrétaire général de l'Organisation de libération de la Palestine, a appelé mardi la Cour pénale internationale à « ouvrir une enquête immédiate sur l'entreprise de colonisation israélienne », décrivant cette expansion continue comme une « situation immorale ».

La décision d’expulser les colons d'Amona est profondément impopulaire auprès des radicaux du gouvernement, le plus à droite qu’Israël ait jamais connu, et les nouveaux plans de construction de colonies ont été vus par beaucoup comme une concession destinée à amadouer leurs partisans.

Des dizaines de membres du personnel de sécurité ont pénétré mercredi dans l'avant-poste d'Amona, au nord-est de Ramallah, siège de l'Autorité palestinienne, pour commencer à déplacer ses occupants et les manifestants qui s’étaient joints à eux pour s'opposer à l’expulsion.

Traduction : « Les protestations des jeunes juifs ont vraiment commencé. La police ne réagit pas. »

Le gouvernement israélien n'avait pas approuvé Amona, qui a été établi sans planification. Cependant, les autorités ont par la suite construit une route pavée et fourni de l'électricité, de l'eau et d'autres infrastructures à la colonie, comme c'est souvent le cas avec les avant-postes qu'elle juge illégaux.

Depuis l'inauguration du Trump le 20 janvier dernier, Israël a approuvé la construction de 566 logements dans trois colonies de Jérusalem-Est occupée et 5 502 autres en Cisjordanie.

« Nous sommes dans une nouvelle ère où la vie en Judée et Samarie [la Cisjordanie] retourne à son cours naturel » a déclaré le ministre de la Défense Avigdor Lieberman, qui a lui-même longtemps vécu dans une colonie de Cisjordanie, ajoutant que son cœur était avec les colons d’Amona.

Moti Yogev, un député d'extrême-droite de la Knesset dont le parti Le Foyer juif fait partie de la coalition gouvernementale d'Israël, a été très franc quant au compromis entre l'expulsion d'Amona et les nouveaux logements de colons.

« Étiqueter Amona comme ‘’un avant-poste illégal’’ est la façon dont le gouvernement et les médias blanchissent le reste des colonies, comme si elles étaient, contrairement aux avant-postes, légales. Elles ne le sont pas. Pas une seule d'entre elles » - Gideon Levy 

S'adressant à l'AFP depuis Amona, où il avait rejoint les colons dans une manifestation de solidarité, Yogev a déclaré qu’évacuer Amona était « une mauvaise décision », à laquelle il était opposé, avant d’ajouter : « Oui, Amona sera détruite, mais en échange, nous allons construire 3 000 nouveaux logements. »

La communauté internationale considère toutes les colonies juives sur les terres palestiniennes occupées comme illégales et voit leur présence et expansion comme le principal obstacle à un règlement pacifique du conflit.

Opérant une rupture significative par rapport à l'administration Obama, la Maison Blanche de Trump n'a condamné aucune des quatre expansions de colonies annoncées par Israël depuis la prise de fonction du nouveau président.

Traduit de l’anglais (original).

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