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Selon un ancien haut responsable, l’Irak avait demandé à Bachar al-Assad de cesser d’aider les « djihadistes »

Un ancien conseiller irakien à la sécurité nationale affirme qu’avant le soulèvement syrien, Assad aidait les militants « djihadistes » à s’entraîner en Syrie pour combattre en Irak
L’ancien conseiller à la sécurité nationale de l’Irak Mowaffak al-Rubaie, assis en face d’un buste du président irakien Saddam Hussein à Bagdad, le 23 décembre 2013 (AFP)

L’ancien conseiller à la sécurité nationale de l’Irak Mowaffak al-Rubaie avait mis en garde le président syrien Bachar al-Assad contre le soutien aux militants « djihadistes », qui allaient plus tard devenir les dirigeants du groupe État islamique (EI), a déclaré l’ancien haut responsable irakien.

L’appui aux militants et leur formation auraient eu lieu en Syrie et auraient été réalisés par les forces de sécurité du gouvernement, lesquelles auraient voulu occuper les troupes américaines dans des combats en Irak suite à l’invasion du pays en 2003.

« Je suis allé rencontrer à deux reprises le président Bachar al-Assad et je lui ai présenté des preuves matérielles, des documents, des images satellites, des aveux, toutes sortes d’éléments démontrant que ses forces de sécurité étaient impliquées dans les activités et le transport de djihadistes de Syrie à l’Irak », a déclaré Rubaie à Al Jazeera, dans la première partie d’un documentaire en deux volets intitulé Enemy of Enemies: The Rise of ISIL diffusé en début de semaine.

« Il existait également des camps d’entraînement […]. Il [Assad] était dans le déni total à ce sujet. Je me souviens lui avoir dit que cela se retournerait – sous peu – contre la Syrie », a-t-il ajouté.

Le documentaire suggère la tenue de réunions secrètes entre des représentants d’Assad et d’anciens officiers baasistes irakiens ainsi que des militants « djihadistes ». Il indique que les réunions ont été organisées par Damas avant le soulèvement syrien de mars 2011. On ne sait pas quand exactement ils se sont rencontrés.

Assad et le président irakien déchu Saddam Hussein appartiennent à des branches rivales du parti arabe Baas. Cependant, on pense que suite à l’invasion américaine, les partisans des deux partis baasistes ont trouvé un terrain d’entente contre les Américains.

Dans le documentaire, Rubaie laisse entendre que d’anciens responsables du parti Baas irakien occupent aujourd’hui des postes clés dans le groupe EI, bien qu’ils ne partagent pas le zèle religieux proclamé des militants.

« J’ai interrogé un de ces homme de Daech, il m’a dit : ‘’[lors de] toutes nos réunions, il y a un homme qui cache son visage, rasé de près. Ce n’est pas l’émir, il est vice-émir, mais aucune décision n’est prise sans le consulter’’ », a déclaré Rubaie.

« Il ne participe pas à la prière. Il n’adhère pas à l’islam. Et son langage n’est pas un langage djihadiste, il utilise le langage nationaliste arabe, panarabe, baasiste », a-t-il ajouté.

Ce n’est pas la première fois qu’un haut responsable irakien accuse Assad d’avoir « exporté la terreur » en Irak pendant l’occupation américaine.

En 2009, l’ancien Premier ministre irakien Nouri al-Maliki avait accusé le gouvernement syrien d’abriter des « terroristes » qui planifient et mènent des attaques contre l’Irak – une accusation niée par Assad.

« 90 % des terroristes arabes de différentes nationalités ont infiltré l’Irak en passant par le territoire syrien », avait déclaré Maliki à l’époque, demandant à ce que « les Syriens lui remettent les principaux responsables de ce crime » et « expulsent les terroristes, baasistes et takfiri qui se servent de la Syrie comme d’une base pour mener des activités criminelles en Irak ».

Cependant, après le soulèvement syrien, Maliki a apporté son soutien à Assad.

Dans une autre séquence du documentaire d’Al Jazeera, Rubaie s’attaque également aux forces d’occupation américaines pour avoir libéré des dizaines de milliers de prisonniers irakiens avant le retrait de leurs troupes d’Irak fin 2011.

« Je ne dis pas que les prisons irakiennes étaient des prisons idéales. D’accord, il y avait certains actes inhumains commis dans ces prisons. Il est vrai que nous sommes dans un état de guerre – un état de guerre continu », a déclaré Rubaie

Toutefois, il affirme que la libération de prisonniers irakiens du Camp Bucca, la prison gérée par les États-Unis, fut « une véritable catastrophe ». Les Américains souffrent de « court-termisme chronique récidivant », a accusé Rubaie.

Traduction de l’anglais (original) par VECTranslation.

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