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Un parti islamiste radical défie la justice tunisienne

Le parti islamiste radical Hizb Ut-Tahrir dénonce la décision de la justice tunisienne de suspendre une nouvelle fois les activités du parti
Manifestations de sympathisants du parti Hizb Ut-Tahrir pour protester contre le projet de Constitution en janvier 2014 (AFP)

TUNIS – Alors que mardi, la justice tunisienne a décidé de suspendre pour une durée d’un mois les activités du parti islamiste radical Hizb Ut-Tahrir (parti de la libération), ce dernier a déclaré ce mercredi ne pas reconnaître la décision du parquet de suspendre ses activités pour un mois pour « incitation à la haine ».

Imad Haddouq, membre du bureau politique du parti, joint par Middle East Eye, qualifie cette décision d’« illégale ». Dans un communiqué, le parti ajoute qu’elle « cache l’échec de l’État à résoudre les problèmes socio-économiques du pays ». Imad Haddouq estime également que la décision de suspendre les activités de son parti a été émise « par une instance non-compétente ». « Le parquet a pris cette décision alors que nous n'avons été ni convoqués, ni entendus », souligne-t-il à MEE.

Selon lui, cela s’explique par « l’absence de coordination entre les différents corps de l’État et à une confusion dans l’application de la loi ».

« Le parti prône des idéaux contraires à notre Constitution et à l’État civil »

-Sofiene Sliti, porte-parole du parquet

Suite à la demande du chargé du contentieux de l’État, les activités du parti ont été suspendues pour une période d’un mois à compter du 6 Juin.

Le porte-parole du parquet, Sofiene Sliti, s’en explique à MEE : « Il a été observé plusieurs dépassements du parti Hizb Ut-Tahrir dont incitation à la haine et appel à l’instauration d’un califat » en Tunisie. « La justice a pris cette décision parce que le parti est en contravention avec le décret de septembre 2011 régissant les activités des partis politiques », a-t-il fait savoir. Selon notre interlocuteur, « le parti prône des idéaux contraires à notre Constitution et à l’État civil ».

Le parti n'en est pas à sa première suspension. En août 2016, les autorités avaient déjà suspendu ses activités avant que la justice n'annule cette décision pour vice de forme.

« L’histoire du califat n’est qu’un argument sans fondement »

Il y a deux mois, les autorités tunisiennes avaient adressé un premier avertissement au parti. « Nous avons répondu à cet avertissement en lançant un défi à l'État pour qu'il vienne se justifier », affirme Imad Haddouq, avant d’ajouter qu’un second avertissement leur a été adressé il y a dizaine de jours. « L'histoire du califat n'est qu'un argument sans fondement », se défend le cadre du parti, ajoutant que « les autorités ont réagi de la sorte pour cacher leur échec face à ce qui s’est passé dernièrement, notamment avec les protestations sociales dans le sud du pays. »

Agréé en Juillet 2012, cette formation politique prône l'instauration d'un califat en Tunisie, et dit ne pas reconnaître les idéaux et les lois de la République.

« Depuis juillet 2012, l'État sait que nous appelons à l'instauration d'un califat. Pourquoi s’en prennent-ils maintenant prennent à notre parti en évoquant cela comme motivation ? », s'interroge Imad Haddouq.

Il existe actuellement 205 partis politiques en Tunisie. Hizb Ut-Tahrir est le seul parti à être suspendu, confirme le porte-parole du parquet.

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