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Le Hamas et Israël ne sont pas en pourparlers pour une trêve, selon une source

Certaines sources insistent sur le fait que le Hamas demeure dévoué à l’objectif de la réconciliation avec le Fatah malgré une série d’obstacles et l’interférence d’Abbas
La bande de Gaza a été dévastée par la guerre avec Israël de l’été dernier et la reconstruction est toujours au point mort (AA)

Le Hamas n’est pas en pourparlers avec Israël pour une houdna, ou trêve, de longue durée, ni directement ni indirectement, a indiqué à MEE une source palestinienne de haut niveau.

Les allégations concernant la tenue de négociations avaient été faites à l’origine par Ahmed Yousef, un conseiller politique d’Ismaïl Haniyeh, le chef du Hamas à Gaza, qui avait déclaré que des « conversations » indirectes avaient lieu avec Israël par le biais de médiateurs européens concernant une houdna de longue durée.

Le mois dernier, Yousef avait déclaré à l’agence de presse palestinienne Maan News : « Nous attendons la formation d’un gouvernement israélien afin que les choses puissent devenir plus sérieuses. Des diplomates et des activistes de la société civile européens viennent constamment dans la bande de Gaza et présentent les points de vue israéliens, puis transmettent la réaction du mouvement lors de conversations non officielles ».

La source palestinienne de MEE a en revanche affirmé qu’« il n’y a pas de ‘‘conversations’’ avec Israël », ajoutant : « Certains acteurs internationaux sont de plus en plus convaincus qu’il faille trouver une solution pour Gaza et il semble que même Israël puisse avoir un intérêt à désamorcer cette bombe à retardement. Dans une telle atmosphère, des pensées circulent entre les acteurs européens, mais il n’y a pas de ‘‘conversations’’ ».

Les efforts visant à mettre en œuvre un accord conclu entre le Hamas et le Fatah l’année dernière pour la mise en place d’un gouvernement d’unité sont également infructueux. Cependant, la source a fait valoir que l’unité palestinienne demeurait la pièce centrale de la stratégie politique du Hamas.

L’ancien Président américain Jimmy Carter s’est rendu en Arabie saoudite en mars dernier pour inciter Ryad à tenter de relancer les discussions entre le Président palestinien Mahmoud Abbas et le Hamas. Avant que l’Arabie saoudite ne débute cette médiation, elle a demandé une lettre d’engagement de la part tant du Hamas que du Fatah pour la tenue de négociations. MEE a toutefois appris qu’alors que le Hamas a envoyé sa lettre, celle d’Abbas n’a pas encore été reçue.

Malgré cela, la source de MEE pense que le Hamas reste optimiste sur le fait que les dynamiques de la confrontation au sujet de Gaza sont sur le point de changer.

« Trois facteurs ouvrent une fenêtre qui pourrait permettre une avancée positive. Ils incluraient la participation du [Président égyptien Abdel Fattah al] Sissi et d’autres dans l’effort de réconciliation », a affirmé l’officiel palestinien.

« En premier lieu, le Hamas est puissant sur le terrain. Ni Abbas, ni même Israël, ne peuvent le briser ni le court-circuiter. Deuxièmement, laisser Gaza dans l’état actuel est une épée à double tranchant. Stopper le Hamas signifie aussi créer une bombe à retardement à Gaza qui finira par exploser, et c’est la raison pour laquelle nous voyons que des efforts sont fournis pour résoudre le problème. Troisièmement, un changement profond est en train de se produire en Arabie saoudite et cela est en train de modifier les règles du jeu. Peut-être que l’Arabie saoudite peut servir de médiateur. Il semble que les Saoudiens soient en train de restaurer leur leadership à travers le monde arabe après [avoir lancé la campagne militaire au Yémen] Tempête décisive. [Riyad] pourrait être en mesure de jouer un rôle de meneur sur certaines questions, y compris la question palestinienne, sans toutefois pousser l’Egypte hors du jeu. »

Néanmoins, tous les efforts visant à garder les critiques du Président palestinien hors du domaine public ont été abandonnés et il est maintenant identifié comme un « problème à lui tout seul » en vue d’un accord de réconciliation. 

Abbas a publiquement critiqué le Hamas pour avoir entraîné Gaza dans une guerre avec Israël et – selon l’officiel palestinien – a tout fait, depuis la fin de la guerre l’été dernier, pour garder en place l’ensemble des mesures qui nuisent à Gaza, dont notamment le gel des paiements des fonctionnaires, le maintien du blocus et l’arrêt de la reconstruction.  

Les salaires des employés du gouvernement du Hamas à Gaza n’ont pas été payés depuis juin 2014. En octobre de cette année, le ministère des Affaires sociales du gouvernement d’unité avait autorisé un don du Qatar permettant le versement de 1 200 dollars par personne à 24 000 employés du Hamas. Depuis, personne n’a été payé et les autorités à Ramallah ont été accusées de refuser de laisser d’autres dons du Qatar parvenir à Gaza.

« Il [Abbas] voulait que le Hamas soit affaibli et que la population de Gaza se retourne contre le Hamas », a indiqué l’officiel palestinien. « Jour après jour, Abbas devient un problème, un problème à lui tout seul. Sissi ne veut pas non plus de réconciliation. Il ne veut pas que le Hamas gagne une nouvelle légitimité. Il veut par contre une réconciliation avec [Mohamed] Dahlan. »

Selon la source, le Hamas est déterminé à rester fidèle à sa politique de réconciliation, même si, à ses yeux, il n’y a pas d’interlocuteur avec qui négocier.

Supportant un blocus depuis au moins neuf ans (certains pensent que le siège a débuté en 2001 quand Israël a annulé les permis de sortie permettant à la plupart des Palestiniens de se déplacer librement en Israël et dans les territoires palestiniens occupés), le Hamas pense que Gaza peut résister encore dix ans de plus sans plier.  

La source de MEE a également déclaré : « Il n’y a aucune solution à la question palestinienne sans le Hamas, et personne ne peut exclure le Hamas de la construction d’un nouveau système politique. Notre solution, et la seule solution pour résoudre le problème interne, est le bulletin de vote. Notre système palestinien, avec l’Autorité palestinienne et l’OLP, devrait être débloqué avec des élections à chaque niveau, c’est la seule solution à tous nos problèmes, à n’importe quel niveau, Autorité palestinienne, Conseil national palestinien. C’est la solution à la situation politique interne, la seule solution qui mettra fin au conflit, à la crise en Palestine, et la seule manière de se débarrasser de l’occupation. Il n’ya pas de solution à ce dilemme si ce n’est résoudre le problème de Gaza et lever le blocus ».

Les tentatives visant à rétablir une relation fonctionnelle avec le Fatah sont encore davantage compliquées par la réémergence de l’ancien assistant, et désormais rival, d’Abbas, Mohamed Dahlan, aujourd’hui en exile.

Dahlan, qui dirigeait les Services de sécurité préventive de Gaza dans les années 90, a été contraint de quitter Gaza en 2008 pour la Cisjordanie, mais a entretenu depuis lors une relation tumultueuse avec Ramallah. Il a été contraint à l’exile en 2010 en raison de sa participation présumée dans un complot visant à renverser Mahmoud Abbas. Il a ensuite refait surface en tant que convoyeur de fonds illimités en provenance des Émirats arabes unis, finançant récemment des mariages de masse à Gaza et en Cisjordanie.

Abbas et Dahlan se sont accusés mutuellement de corruption par le passé, et la décision d’un tribunal de Ramallah la semaine dernière d’abandonner les charges à l’encontre de ce dernier en raison de son immunité en tant que membre du Conseil législatif palestinien aurait, selon les dires, « considérablement affecté » le président palestinien.

Toujours est-il que certaines personnes affirment que le Fatah et Mohamed Dahlan travailleraient main dans la main pour évincer le Hamas de Gaza.

« Dahlan veut rétablir son image nationale en aidant la population de Gaza. Il voit cela comme une compensation, une récompense pour être revenu dans le camp du Fatah », a affirmé l’officiel à MEE.
 

Traduction de l’anglais (original).

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