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Des températures élevées rendront invivables le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord

Toute activité en plein air sera pratiquement impossible au Moyen-Orient pendant une grande partie de l’année d’ici 2050, selon une étude récente

Les pays du Moyen-Orient dédaignent généralement l’idée de changement climatique. Les États du Golfe producteurs de pétrole – Arabie saoudite en tête – ont plus particulièrement cherché à ralentir toute progression vers un accord mondial sur la réduction des émissions de carbone.

Aujourd’hui, des chercheurs de l’Institut Max Planck en Allemagne, lequel est considéré comme l’un des centres mondiaux de premier plan en matière d’analyse du climat, expliquent que ce sont ces pays qui souffriront le plus du réchauffement de la planète en raison d’une envolée des températures estivales associée à l’augmentation de l’humidité et à des tempêtes de poussière prolongées au cours des prochaines années, ce qui les rendra pratiquement inhabitables.

« Les changements climatiques aggraveront de manière significative les conditions de vie au Moyen-Orient et en Afrique du Nord », explique le professeur Jos Lelieveld, l’un des principaux auteurs de l’étude.

« À l’avenir, le climat d’une grande partie du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord pourrait changer d’une manière telle que l’existence même de ses habitants est menacée. »

L’étude menée notamment par Lelieveld donne une image édifiante d’une région semblable à un four, envahie par la poussière où toute activité en plein air sera pratiquement impossible pendant une grande partie de l’année d’ici 2050.

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Pour beaucoup, la migration – vers l’Europe du Nord ou les États-Unis – sera la seule option.

Lors de la dernière conférence internationale sur le changement climatique à Paris l’année dernière, les nations du monde ont convenu d’essayer de limiter l’augmentation des températures moyennes mondiales à 2 °C au-dessus des niveaux préindustriels d’ici 2050, afin de parer à un changement climatique catastrophique.

Même si cet objectif est atteint – et c’est un très gros « si » étant donné les niveaux actuels d’émissions et les projections mondiales de température –, les vagues de chaleur dans toute la région se prolongeront certainement de façon significative.

Les jours où la température atteindra 46 °C seront multipliés par cinq par rapport au début de ce siècle. En 2050, le nombre de jours d’été avec des températures record – peut-être jusqu’à 50°C – vont doubler pour atteindre environ 80 jours par an. Dans le même temps, il est peu probable que le baromètre descende en dessous de 30 °C la nuit.

Les jours où la température sera supérieure à 40 °C deviendront la norme plutôt que l’exception.

« Si l’humanité continue à libérer le dioxyde de carbone au même rythme qu’aujourd’hui, les gens qui vivent au Moyen-Orient et en Afrique du Nord devront s’attendre à environ 200 jours inhabituellement chauds [par an] selon les projections des modèles », explique Panos Hadjinicolau, qui a également participé à l’étude.

D’autres études ont montré que les niveaux d’humidité et la fréquence des tempêtes de poussière dans la région devraient augmenter, ce qui rend toute activité de plein air encore plus dangereuse pour la santé.

Un projet de recherche entrepris par l’Institut Max Planck a constaté qu’en raison de sécheresses prolongées et de l’assèchement des sols, les émissions de poussières ont augmenté jusqu’à 70 % en Arabie saoudite, Irak et Syrie au cours de ce siècle.

Dans une étude distincte, les chercheurs du Massachusetts Institute of Technology et de l’Université Loyola Marymount à Los Angeles ont examiné l’impact de l’augmentation de l’humidité sur l’activité humaine dans les années à venir.

Les régions où les activités extérieures seront probablement plus dangereuses à l’avenir comprennent les plaines côtières le long des deux côtés du Golfe, les villes d’Abu Dhabi, Dubaï, Doha et Bandar Abbas ainsi que la côte yéménite de la mer Rouge.

Dans ces endroits, les gens contraints de travailler à l’extérieur – pour maintenir des systèmes de climatisation ou d’eau ou superviser les services d’ambulance ou d’incendie – seraient fortement menacés.

L’augmentation de la température et de l’humidité, alliée à une mauvaise qualité de l’air due à des tempêtes de poussière plus fréquentes, devrait également avoir un impact significatif sur le pèlerinage annuel du hadj, les personnes âgées et fragiles étant particulièrement menacées.

« Ce rituel extérieur musulman obligatoire pourrait devenir dangereux pour la santé humaine, en particulier pour les nombreux pèlerins âgés lorsque le hadj se produit pendant l’été boréal », selon les chercheurs.

Un investissement accru dans les systèmes de climatisation et les usines de dessalement serait un moyen de faire face aux futures vagues de chaleur : le problème est que ces systèmes sont de gros consommateurs d’énergie et, en émettant plus d’émissions dans l’atmosphère, aggravent le réchauffement climatique dans son ensemble.

C’est le sombre tableau d’un avenir pas si lointain : ceux qui peuvent se le permettre pourraient continuer à vivre dans leurs demeures climatisées. Cependant, toute excursion dehors, en particulier durant les mois d’été, serait probablement pleine de dangers.

Le temps est compté pour faire face à ce qui deviendra vraisemblablement des questions de vie ou de mort.

- Kieran Cooke est un ancien correspondant à l’étranger pour la BBC et le Financial Times. Il continue de contribuer à la BBC ainsi qu’à un large éventail de journaux internationaux et de radios.

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.

Photo : un garçon rafraîchit un cheval à l’eau douce dans la ville antique de Petra en Jordanie, le 25 mars 2015 (AFP).

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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