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Doucement mais sûrement, l’économie iranienne est sur une pente ascendante

Tandis que les bénéfices de l’accord sur le nucléaire ne se sont pas fait sentir aussi vite que prévu, de nombreux signes indiquent que l’économie iranienne se rétablit

Un an après l’entrée en vigueur de l’accord sur le nucléaire irakien, certaines questions se posent quant à son impact sur l’économie de l’Iran.

Depuis la signature avec les puissances mondiales du plan d’action global conjoint (JPCOA), titre officiel de l’accord, un débat animé se tient entre factions rivales au sujet des attentes économiques de la population vis-à-vis de cette entente alors que l’Iran se prépare pour l’élection présidentielle de 2017.

D’un côté, les responsables gouvernementaux qui ont finalisé les négociations tentent de présenter la situation économique actuelle sous un jour favorable afin de défendre le JPCOA comme une réussite.

L’autre camp pense qu’en signant l’accord sur le nucléaire, l’Iran a dit adieu à ses « succès nucléaires » tandis que l’amélioration attendue de la situation économique n’a rien eu d’un succès.

En réalité, en levant la plupart des sanctions imposées à l’Iran en raison de sa politique nucléaire, le JPCOA a permis à l’économie iranienne de revenir à une « situation naturelle », et au niveau où elle se trouvait pendant les trente années qui ont précédé les sanctions.

Le gouvernement projette d’unifier les taux de change afin d’envoyer un message clair aux investisseurs étrangers. Il a préparé de nouveaux contrats afin de stimuler l’investissement dans l’industrie pétrolière, et les premiers d’entre eux seront bien signés.

Dans le secteur de l’équipement, l’Iran a signé un contrat pour l’acquisition de 118 nouveaux avions de ligne auprès d’Airbus ainsi que 100 appareils chez Boeing, ce qui donnera un nouveau souffle à l’aviation civile iranienne.

Le fait que des investisseurs étrangers et de prestigieuses entreprises obtiennent l’autorisation du Trésor américain a suscité des espoirs quant à la poursuite de la mise en œuvre du JPCOA.

Des signes positifs : pétrole, inflation et investissement étranger

La levée des sanctions a permis au ministère du Pétrole de faire revenir la production pétrolière du pays au niveau d’avant les sanctions. Selon les derniers chiffres, l’Iran produit maintenant 3,8 millions de barils de pétrole par jour (bpj) et en exporte 2 millions.

Les acheteurs habituels du pétrole iranien sont revenus, et de nouveaux clients sont arrivés. L’Iran a retrouvé sa place dans l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). L’opposition de l’Iran au plafonnement de la production pétrolière lors de trois réunions de l’OPEP (deux fois à Doha et une fois à Vienne) avait eu pour conséquence son exclusion de l’agenda des négociations.

Mohsen Ghamsari, directeur des affaires internationales auprès de la Société nationale iranienne du pétrole (NIOC), affirme que le maintien ferme de cette position face à l’OPEP s’est traduit par une victoire avec la récupération de 80 % des parts de marchés que l’Iran détenait en 2012, avant l’arrivée des sanctions.

Par le biais de sa politique fiscale et de sa discipline monétaire, l’Iran voit maintenant son inflation à son plus bas niveau depuis vingt-cinq ans. Le taux d’inflation iranien est tombé à des valeurs à un chiffre en juin, concrétisant ainsi l’un des engagements de la Banque centrale iranienne et du président Hassan Rohani.

À son arrivée au pouvoir en 2013, l’inflation s’élevait à 40,4 %, en particulier dans le secteur de l’alimentation, ayant ainsi un impact important sur la vie de la population. Mais, en juin dernier, elle est retombée à une valeur à un chiffre – 9,7 % – pour la première fois depuis vingt-cinq ans et, en août, elle est encore descendue pour atteindre les 8 %.

L’investissement étranger est un indicateur en lien direct avec la stabilité économique, et il reflète les dynamiques d’une économie internationalisée. En Iran, l’investissement direct étranger a été pour le moins fluctuant au cours des vingt dernières années, selon les statistiques de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement et de la Banque mondiale.

Un rapport du Financial Times a révélé qu’après la levée des sanctions, l’Iran a constaté une importante augmentation de l’investissement direct étranger, de sorte qu’au cours des premiers mois de l’année 2016, juste après l’entrée en vigueur du JCPOA, le montant des investissements directs étrangers a atteint 4,5 milliards de dollars.

La bourse en hausse, des visiteurs venus de l’étranger

Après l’annonce de la signature de contrats d’investissement bénéfiques aux industriels du pays, comme Iran Khodro et Saipa, l’indice principal de la Bourse de Téhéran a grimpé en flèche et a suscité l’enthousiasme des actionnaires au mois de mars, lorsque cet indice a culminé à 90 000 points par rapport à sa valeur d’avant le JCPOA, soit 60 000 points.

Suite à l’accord, un nombre important de délégations commerciales se sont mises à venir de l’étranger pour visiter l’Iran, tantôt seules et tantôt accompagnées de personnalités politiques de haut vol. Après une rencontre avec les autorités iraniennes venait le rituel des négociations avec le secteur privé. Suite à la signature du JCPOA, ce sont près de 150 importantes délégations économiques qui sont arrivées de différents pays.

Aujourd’hui, le secteur privé a retrouvé sa place, lui qui s’était progressivement réduit au cours des huit dernières années en raison de l’expansion du secteur public.

En 2013, au début de la mandature du président Rohani, l’économie a connu un taux de croissance négative de 6,8 %. En raison d’une importante récession dans différents secteurs économiques, la production et l’exportation ont connu des baisses significatives dans divers secteurs.

Trois ans plus tard, en conséquence des politiques gouvernementales et de l’ouverture économique qui a accompagné la signature du JCPOA, la croissance économique s’est hissée à 4,4 % au printemps dernier.

De la récession au boom économique ?

Certains secteurs économiques ont commencé à sortir de la récession, et notamment des secteurs clefs comme le logement et l’industrie. Selon les statistiques de la Banque centrale, les transactions immobilières à Téhéran ont grimpé de 30 % en août par rapport la même période l’an dernier. Comme l’a déclaré le directeur de l’Union des agents immobiliers, c’est le début de la première étape vers la sortie de ce ralentissement pour le secteur immobilier.

On a également constaté une augmentation de 8 % de la production industrielle et des exports au cours des derniers mois, en particulier suite à l’ouverture économique suscitée par le JCPOA. Le gouvernement a mis de côté quelque 16 milliards de dollars pour financer 7 500 petites et moyennes entreprises afin d’accélérer la sortie de la récession économique.

Malgré des déceptions quant au fait que les bénéfices du JCPOA ne se sont pas fait sentir aussi vite que prévu, et face à une situation économique encore difficile pour de nombreux Iraniens, il est clair que l’économie du pays est sur la bonne voie.

- Saheb Sadeghi, éditorialiste et analyste politique, est actuellement directeur général du magazine iranien Diplomat, mensuel spécialisé dans les questions de politique étrangère.

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.

Photo : des Iraniens réagissent à la vue du tableau d’affichage des cours de la Bourse de Téhéran en juin 2015 (AFP).

Traduit de l’anglais (original) par Mathieu Vigouroux.

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