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Algérie : les imams veulent aussi profiter de la rente pétrolière

Les imams algériens exigent l’amélioration de leur pouvoir d’achat dans un contexte économique de plus en plus tendu
Des fidèles devant Djamaâ Djeddid (la nouvelle mosquée) à Alger, Ramadan 2015 (AFP)
By MEE

« L’imam a honte devant l’épicier, devant le vendeur de légumes ! L’État doit donner à l’imam de quoi suffire à ses besoins » : Ali Ayya, imam de la Grande mosquée d’Alger, s’est emporté sur un plateau de télévision, mardi 16 mai, pour revendiquer l’augmentation des salaires et une meilleure prise en charge sociale des fonctionnaires religieux. Les salaires des imams, qui ont le statut de fonctionnaires, oscillent entre 30 000 [218 euros] et 40 000 dinars algériens [290 euros].

« Je propose pour tout imam un salaire minimum de 80 000 dinars par mois [environ 580 euros]. C’est un minimum. L'imam doit également pouvoir bénéficier d'un logement social, et pourquoi pas d'une villa construite sur un terrain qu'on lui accorde. Il faut qu'on lui donne une voiture… de ces belles voitures avec des vitres teintées dans lesquelles circulent les ministres », a déclaré Ali Ayya, imam célèbre pour avoir été kidnappé par un groupe armé islamiste en 1994 avant d’en échapper in extremis. 

« Puisque le pétrole vient d’atteindre les 80 dollars [le baril], il n’y a plus aucun prétexte, alors occupez-vous des imams… et de tout le monde ! », lance l’imam devant le journaliste de la télévision privée Ennahar. 

En début de semaine, la Fédération nationale des imams a organisé un sit-in à Alger - après celui organisé à Blida, ville au sud de la capitale - dans l’enceinte de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA, ex-syndicat unique) pour appeler le président Abdelaziz Bouteflika à intervenir dans le bras de fer social avec le ministère des Affaires religieuses. 

« La révision du statut de l’imam, la revalorisation salariale à travers la révision des primes, la dépénalisation du métier de l'imam, l'ouverture d'une formation continue dans les universités et l'application du principe d'égalité des chances », sont, selon le secrétaire général de cette fédération, Djelloul Hadjimi, imam algérois, les principales revendications. L’imam a même menacé de recourir à une « démonstration de force » à la fin de ce mois de Ramadan. 

À LIRE : INTERVIEW – Nacer Djabi : « Le système algérien craint les conséquences politiques des grèves »

De son côté, le ministère des Affaires religieuses a interpellé Abdelmadjid Sidi Saïd, patron de l’UGTA, organisation qui chapeaute le syndicat des imams, pour « lui rappeler que les imams sont tenus au respect de la particularité de leur statut et de leur profession ».

Dans la foulée, le ministère du Travail a déclaré ce syndicat n'était pas représentatif, la même démarche a été menée contre des syndicats indépendants qui ont lancé plusieurs grèves et protestations depuis le début de l’année.     

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