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Après le départ de Benkirane, le Maroc dans l'attente d'un nouveau Premier ministre

Pris au piège de négociations partisanes, Abdelilah Benkirane n'a pas réussi à former un gouvernement. Pour trouver une solution au blocage politique dans lequel se trouve le pays, Mohammed VI a décidé de choisir un nouveau Premier ministre
Abdelilah Benkirane remercié, le PJD devra préserver son influence avec une autre personnalité du parti (AFP)

CASABLANCA, Maroc - Le chef du Parti islamiste de la justice et du développement (PJD) et Premier ministre du Maroc depuis cinq ans n’aura finalement pas réussi sa mission. Mercredi 15 mars, le palais royal a indiqué dans un communiqué qu’Abdelilah Benkirane ne serait plus chargé de former un gouvernement.

« Sa Majesté le Roi avait exhorté, à plusieurs reprises, le chef du gouvernement désigné, d’accélérer la formation du nouveau gouvernement », indique le communiqué du cabinet royal, qui précise qu’une autre personnalité du PJD sera choisie. La Constitution de 2011 impose en effet de choisir un Premier ministre au sein du parti arrivé en tête des élections législatives. Le communiqué rend néanmoins hommage à Abdelilah Benkirane, évoquant notamment son « haut sens des responsabilités ».

Réuni ce jeudi 16 mars avec les dirigeants du parti, Abdelilah Benkirane a affirmé accueillir « favorablement » la décision royale. Un conseil national exceptionnel du PJD se réunira samedi pour tirer les conclusions de cette nouvelle situation, sans précédent au Maroc. Le royaume n’était en effet jamais resté aussi longtemps sans gouvernement.

Déclaration de Benkirane après la réunion du PJD ce jeudi

« J'ai demandé ce matin à ce que le PJD interagisse positivement avec la décision royale. Qu’il accepte la perspective d’un nouveau chef de gouvernement. Et je suis satisfait, car c'est ce qui s'est passé », a déclaré Nabil Benabdellah, secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme (PPS, ex-parti communiste) à Middle East Eye. 

Former une coalition pour atteindre la majorité absolue au parlement

Premier ministre depuis 2011 et populaire auprès d’une grande partie des Marocains, Abdelilah Benkirane avait été logiquement nommé après les élections d’octobre. Le scrutin avait été nettement remporté par le PJD même si le taux de participation avait été assez faible (43 %). Avec 125 sièges pour le PJD sur 395, l’enjeu était de former une coalition pour atteindre la majorité absolue au parlement.

Allié aux ex-communistes du Parti du progrès et du socialisme (PPS) et bénéficiant du soutien du parti historique de l’Istiqlal (nationalistes de droite), Abdelilah Benkirane devait convaincre plusieurs petits partis de notables de rejoindre sa majorité.

Son rival, le Parti authenticité et modernité (PAM), arrivé second aux élections, excluait de son côté de participer à un gouvernement dirigé par le PJD.

Trois noms évoqués

Les négociations ont surtout eu lieu avec Aziz Akhannouch, ministre de l’Agriculture sortant et nouveau chef du Rassemblement national des indépendants (RNI). Ce milliardaire, qui s’affiche régulièrement aux côtés du roi, posait notamment comme condition que ses alliés rejoignent le gouvernement avec lui, ce qu’Abdelilah Benkirane n’a jamais accepté.

Aziz Akhannouch et Abdelilah Bekirane n'ont pas grand-chose en commun à part le goût du pouvoir (capture d'écran)

« Abdelilah Benkirane ne veut pas de l’Union socialiste des forces populaires (USFP) au gouvernement car il considère qu’il n’a pas été un partenaire fiable pendant les négociations », analyse pour MEE Abdellah Tourabi, spécialiste de l’islam politique et bon connaisseur du PJD. « Aussi, accepter l’USFP aurait permis à Aziz Akhannouch de prendre l’ascendant et d’être le faiseur et défaiseur de coalitions ».

L’enjeu, pour le futur chef de gouvernement, sera de trouver une issue à ces difficiles négociations tout en préservant l’influence du PJD. Trois noms sont évoqués dans la presse marocaine pour succéder à Abdelilah Benkirane. Saâdeddine el-Othmani, ancien ministre des Affaires étrangères, numéro deux du PJD à la réputation plutôt consensuelle. Mustapha Ramid, ministre de la Justice sortant, plus conservateur. Et enfin Aziz Rebbah, ministre sortant de l’Équipement, des Transports et de la Logistique, dont la jeunesse par rapport à Ramid et Othmani pourrait poser problème.

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