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Barzani : pas de conflit avec Bagdad, mais pas de retour en arrière de la part des Kurdes

Avant le vote pour l’indépendance, le président du Kurdistan irakien a prévenu : le « partenariat a échoué » avec « l’État théocratique » qu’est devenu l’Irak et les Kurdes ne le reprendront pas
Le président du Kurdistan irakien Massoud Barzani, le 22 septembre à Erbil, appelle les gens à voter pour le référendum sur l'indépendance qui se tiendra lundi (AFP)

ERBIL, Irak – Le président du Kurdistan irakien Massoud Barzani a déclaré ce dimanche qu’il n’attendait pas de conflit avec Bagdad après le référendum qui marquerait plutôt le début d’un « long processus » de négociations.

Lors d’une conférence de presse qui s’est tenue à Erbil, le président du Gouvernement régional du Kurdistan, Massoud Barzani, a affirmé qu’en dépit des propos très durs tenus par le Premier ministre irakien Haïder al-Abadi, il n’y avait aucun risque de violence.

« Nous ne prévoyons aucune sorte de conflit militaire avec l’Irak », a-t-il déclaré aux journalistes.

« Ce genre de pensée ne nous traverse même pas l’esprit. »

« Nous ne prévoyons aucune sorte de conflit militaire avec l’Irak »

-Massoud Barzani, président du Kurdistan irakien

Massoud Barzani a mis l’accent sur le fait que le référendum n’imposerait aucun fait accompli sur le terrain mais serait une plateforme de discussions avec le gouvernement à Bagdad.

« Le référendum est une première étape pour que le peuple du Kurdistan décide de ce qu’il souhaite pour le futur et comment ils veulent vivre », a-t-il expliqué. « Après cela, nous entamerons un très long processus. »

« Ce référendum ne servira pas à tracer la frontière du Kurdistan – ce référendum ne servira pas à imposer un quelconque statu quo sur une quelconque région, et après le vote, nous sommes prêts à entamer un long processus de dialogue avec Bagdad. »

À LIRE : Les Peshmergas « sûrs à 100 % » que Bagdad va combattre l’indépendance

Toutefois, il a également insisté sur le fait que les Kurdes « ne reviendraient pas vers Bagdad pour renégocier un partenariat qui a échoué. »

À plusieurs reprises, la communauté internationale a appelé Erbil à annuler le référendum du 25 septembre, décidé par Barzani en juin, par crainte que cela mène à une plus grande instabilité dans la région.

L’Iran et la Turquie ont exprimé vivement leur opposition à ce référendum, préoccupés par les troubles que cela pourrait déclencher au sein de leur propre population kurde.

Le gouvernement turc, par ailleurs un allié proche du Gouvernement régional du Kurdistan, a menacé de fermer sa frontière avec la région pendant le scrutin, ce qui a provoqué la colère des nationalistes qui craignent que cela conduise les Kurdes de Turquie à exprimer des demandes similaires.

Les partisans du référendum se rassemblent à Kirkouk, l’une des nombreuses régions contestées sous contrôle du GRK (Reuters)

Les Nations unies, les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Union européenne (UE) ont également appelé au report de l’élection et demandé à Erbil de relancer les négociations avec Bagdad.

Une controverse a aussi éclaté au sujet de l’extension de la mission du référendum, qui inclut un certain nombre de régions contestées comme Sinjar ou Kirkouk.

Kirkouk est contrôlée par les forces kurdes depuis que les affrontements ont éclaté avec l’EI en 2014. Les Kurdes revendiquent la ville multi-ethnique – qui comprend des Kurdes, des Arabes et des Turkmènes – comme leur capitale culturelle, et des groupes armés ont prévenu qu’ils ne permettraient pas à la ville de revenir sous le contrôle de Bagdad sans se battre.

Abadi a aussi prévenu de son côté que l’Irak « interviendrait » militairement si les Irakiens était menacés de violences après le référendum.

« Droit inaliénable à l’autodétermination »

Barzani a blâmé l’Irak pour être devenu « un État théocratique et confessionnel » et affirmé que les autorités avaient rejeté les tentatives pour restaurer les relations.

« Nous avons essayé du mieux que nous pouvions de trouver une solution à ces problèmes en Irak avec Bagdad, avec la communauté internationale, et vraiment, Bagdad ne nous a pas acceptés et nous a obligés à prendre des mesures que nous avons déjà prises. »

Dans un dossier distribué lors de la conférence, Barzani a souligné les arguments juridiques en faveur de l’indépendance du Kurdistan, en défendant l’idée que les gouvernements irakiens successifs ont violé les droits des Kurdes en tant que peuple.

À LIRE : Le référendum pour l'indépendance kurde, un moyen pour l'élite du GRK d'accaparer le pouvoir

« Le droit inaliénable à l’autodétermination du Kurdistan ne dépend pas de ce que feront les Irakiens dans le futur », peut-on lire dans le dossier, dont Barzani affirme qu’il a été approuvé par le comité du référendum.

« Toutefois, le passé de l’Irak, depuis sa formation par l’empire britannique, est un catalogue de violations des droits du peuple kurde en tant que nation, en tant que peuple avec un langage distinct, une appartenance ethnique, une culture qui lui est propre, qui a culminé lors d’épisodes d’assimilation forcée, d’expulsions ethniques et de génocides. »

Lors de la campagne d’Anfal (génocide kurde ordonné par Saddam Hussein en 1988), plus de 180 000 Kurdes ont été tués, en particulier lors du massacre de Halabja, au cours duquel plus de 5 000 personnes ont été tuées par des armes chimiques.

« À l’époque, lors de la campagne d’Anfal et du bombardement de notre peuple à l’arme chimique, nous n’avions pas demandé de référendum », a rappelé Barzani aux journalistes. « Seul un référendum pourra sécuriser notre futur et nous ne laisserons pas les atrocités du passé se reproduire. »

Traduit partiellement de l’anglais (original).

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