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Des jeunes Palestiniens révolutionnent le don de sang avec une nouvelle application

L’application a sauvé de nombreuses vies et changé la mentalité des citoyens qui pensaient que le don de sang était un processus long et fastidieux
L’application, lancée en juillet 2017, a été créée par quatre anciens étudiants de Gaza (MEE/Ali Dola

GAZA – Même dans la bande de Gaza, où un siège imposé par Israël et l’Égypte fait de la vie quotidienne une mission quasi impossible depuis plus d’une décennie, la technologie est devenue un élément essentiel du quotidien.

De plus en plus de Gazaouis utilisent les avancées de la technologie pour servir leurs communautés et permettre de meilleures conditions de vie, et les applications mobiles font partie des dernières innovations en date employées en ce sens.

« J’étais désespéré. J’avais abandonné tout espoir parce que je savais que mon groupe sanguin est rare »

– Mohammed Abu Seedo

Le besoin de dons de sang pour les plus vulnérables est depuis longtemps un problème, en particulier à Gaza, où les ressources sanitaires limitées peuvent créer un écart important entre les personnes ayant besoin de sang et celles qui sont disposées à donner.

Tenant compte de ce fait, un groupe de quatre hommes et femmes palestiniens a récemment lancé une nouvelle application appelée « Banque de sang palestinienne ». En appuyant simplement sur une icône sur leur smartphone, les donneurs de sang peuvent maintenant se connecter à ceux qui ont besoin de sang en urgence.

Le mois dernier, Mohammed Abu Seedo, 29 ans, a été victime d’un accident de la route. Alors qu’il rentrait chez lui à pied, il a été happé par une voiture et gravement blessé à la tête, subissant de lourdes pertes de sang. Il a été transféré à l’hôpital al-Shifa, à l’ouest de la ville de Gaza, et au départ, les médecins ne trouvaient pas de sang correspondant à son groupe sanguin, AB+.

Avec l’application « Banque de sang palestinienne », les hôpitaux peuvent contacter les donneurs du même groupe sanguin que les patients dans le besoin (MEE/Ali Dola)

À l’aide de l’application « Banque de sang palestinienne », l’hôpital a pu contacter un donneur du même groupe sanguin. Tout a été résolu en peu de temps lorsque le donneur est venu à l’hôpital pour donner son sang. L’opération chirurgicale d’Abu Seedo s’est bien passée et il est maintenant dans un état stable.

« J’étais désespéré. J’avais abandonné tout espoir parce que je savais que mon groupe sanguin est rare. Mais ce qui s’est passé, le fait d’avoir fini par trouver un donneur, nous prouve qu’il faut toujours garder espoir », a-t-il déclaré à Middle East Eye.

Les parents de Mohammed Abu Seedo ont fait tout ce qui était en leur pouvoir et ont commencé par diffuser plusieurs publications sur les réseaux sociaux pour appeler les personnes de son groupe sanguin à faire un don, sans succès, avant que l’hôpital ne trouve un donateur via l’application.

« Cette application fait la promotion de la culture du don de sang »

– Dr Hussam Qwaider, directeur des laboratoires de l’hôpital al-Shifa

Ashraf Rizq, 24 ans, n’avait jamais donné son sang avant de se rendre à l’hôpital al-Shifa ce jour-là pour donner du sang à Abu Seedo. Auparavant, il pensait que ce processus était compliqué et prenait beaucoup de temps. Mais il avait décidé de s’inscrire sur l’application car cela ne prenait que quelques minutes.

Trois jours plus tard, un médecin de l’hôpital al-Shifa l’a contacté : l’établissement avait besoin en urgence d’un donneur du groupe sanguin AB+ pour Mohammed Abu Seedo. Rizq a été ravi de l’expérience, qui n’a pas duré longtemps. Il a affirmé sans hésiter qu’il recommencerait chaque fois que cela serait nécessaire.

« Cette expérience a été très spéciale pour moi et je pense que le recours à cette technologie est un bien meilleur moyen que les anciennes méthodes utilisées pour encourager les gens à donner du sang, car cela permet d’économiser du temps et des efforts », a-t-il déclaré à MEE.

L’application « Banque de sang palestinienne »

Deux jeunes hommes et deux jeunes femmes issus d’universités de Gaza ont consacré deux mois à la création de l’application, qui a été lancée en juillet 2017. Certains membres de l’équipe ont travaillé sur le design, d’autres sur le volet marketing. L’application est téléchargeable gratuitement sur smartphone, ce qui la rend accessible et facile à utiliser.

Salam Daghmish, développeuse de l’application, l’utilise sur son smartphone (MEE/Ali Dola)

« L’application est gratuite et nous avons décidé de mettre en œuvre cette idée parce qu’elle sert une bonne cause et parce qu’elle peut aider de nombreuses personnes au sein de la communauté, en particulier les patients qui ont besoin d’un certain groupe sanguin qu’ils ne peuvent trouver dans les banques de sang des environs » a affirmé Salam Doghmish, 22 ans, membre de l’équipe de développeurs.

Diplômée du département des technologies de l’information de l’Université islamique de Gaza, Salam Doghmish a expliqué que ceux qui avaient besoin de dons de sang publiaient auparavant des messages sur les réseaux sociaux et dans les radios locales pour demander aux gens de donner du sang en urgence, mais que l’application avait rendu les choses beaucoup plus rapides et simples.

« L’application est gratuite et nous avons décidé de mettre en œuvre cette idée parce qu’elle sert une bonne cause »

– Salam Daghmish, développeuse de l’application

D’après Doghmish, l’équipe s’est rendue dans la plupart des hôpitaux et centres de Gaza pour leur fournir l’application. La bande de Gaza compte 13 hôpitaux et 54 centres médicaux, qui manquent de fonds et de ressources.

Le Dr Hussam Qwaider, directeur des laboratoires de l’hôpital al-Shifa, a affirmé que l’application avait sauvé de nombreuses vies et changé la mentalité des citoyens, qui pensaient que donner son sang était un processus long et fastidieux. « Cette application fait la promotion de la culture du don de sang », a-t-il soutenu.

Le Dr Qwaider a expliqué que son établissement avait à plusieurs occasions reçu des patients dont le groupe sanguin était rare, rendant difficile toute transfusion sanguine. 

« En utilisant [l’application], nous pouvons trouver des personnes avec un groupe sanguin rare et les contacter à tout moment pour qu’elles donnent leur sang », a-t-il indiqué.

Le fonctionnement de l’application

Tous les donneurs de sang doivent saisir des informations personnelles pour compléter leur profil, dont leur nom complet, leur adresse et leur groupe sanguin. Les informations entrées par le donneur sont enregistrées et les donneurs d’un certain groupe sanguin reçoivent une notification par SMS lorsque leur groupe sanguin est demandé. S’ils sont disponibles, ils peuvent accepter la demande et cliquer sur le bouton de don.

Page principale de l’application « Banque de sang palestinienne ». « Nouveau donneur » apparaît en bas à droite, tandis que « Demande de don » est inscrit en bas à gauche (MEE/Ali Dola)

« Une notification est envoyée à tous les donneurs qui utilisent l’application, qui ont le même groupe sanguin et qui vivent dans la même région et dans le même gouvernorat. Toute personne qui reçoit la notification et souhaite faire un don peut appuyer sur le bouton de don : une notification indiquant la disponibilité d’un donneur de sang est alors envoyée à la personne qui a besoin de sang », a expliqué Salam Doghmish.

« Lorsque le processus de don de sang est terminé, le donneur appuie sur le bouton "Terminé" et une notification est envoyée pour indiquer que le don de sang a été effectué », a-t-elle ajouté.

« [L’application] sauve des vies, ce que ne permettent pas les messages sur Facebook et les appels aléatoires »

– Dr Hussam Qwaider, directeur des laboratoires de l’hôpital al-Shifa

Les dons doivent être effectués via des hôpitaux et des centres de santé afin que d’éventuelles maladies puissent être détectées dans le sang. Ces établissements reçoivent les informations de contact du donneur de sang par SMS, ce qui permet de faciliter le processus.

Selon Salam Doghmish, les administrateurs de l’application sont les seuls à gérer les informations sur les donneurs ; ils s’engagent à préserver la confidentialité des informations et garantissent que celles-ci ne seront pas exploitées ou vendues à des organisations ou à des tiers.

« En plus d’organiser des dons de sang en recueillant des informations comme le gouvernorat, le [groupe sanguin] et le nom, [l’application] sauve des vies, ce que ne permettent pas les messages sur Facebook et les appels aléatoires », a soutenu le Dr Qwaider.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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