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Des milices sunnites irakiennes « recrutent des enfants réfugiés pour se battre contre l’EI »

Selon Human Rights Watch, au moins deux groupes soutenus par le gouvernement ont recruté des enfants âgés d’à peine 15 ans dans le camp de Debaga près d’Erbil

Des miliciens ont révélé à Human Rights Watch qu’ils s’étaient battus aux côtés de l’armée irakienne et qu’ils avaient été payés par Bagdad (Reuters)

Selon un rapport de Human Rights Watch (HRW), des milices sunnites irakiennes ont recruté des enfants réfugiés, âgés d’à peine 15 ans, pour se battre contre le groupe État islamique (EI).

Human Rights Watch a rapporté que deux milices tribales avaient recruté au moins 7 enfants dans le camp de Debaga et les avaient conduits dans une ville près de Mossoul, où les forces de sécurité irakiennes préparaient une offensive pour chasser l’EI de la ville. 

Le camp de Debaga, qui se trouve à 40 km au sud d’Erbil, abrite plus de 35 000 réfugiés qui ont été contraints de quitter leur foyer en raison des combats opposant les forces gouvernementales à l’EI. 

Les habitants de Debaga ont informé HRW que deux milices, sous le commandement de Nishwan al-Jabouri et de Maghdad al-Sabawy, fils du chef récemment décédé Fares al-Sabawy, recrutaient des réfugiés dans le camp depuis des mois. 

Deux habitants de Debaga ont également relaté à HRW que deux gros camions étaient venus le soir du 14 août et avaient emmené 250 nouvelles recrues, dont sept avaient moins de 18 ans, pour les enrôler dans les forces d’al-Jabouri.

Un résident d’un camp a confié à HRW que dix de ses fils, dont l’un avait 15 ou 16 ans, avaient rejoint des milices ayant recruté plus de 350 soldats.

Un salaire mensuel de 336 euros

Cet habitant de Khabata a expliqué à HRW que l’un de ses fils s’était présenté pour être recruté au sein des milices. « Mais elles l’ont trouvé trop jeune et l’ont renvoyé à la maison. »

Bill Van Esveld, chercheur senior sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord auprès de la division Droits des enfants de HRW, a déclaré : « Le recrutement d’enfants soldats en vue de participer à l’offensive de Mossoul devrait alerter le gouvernement irakien. » 

« Si le gouvernement et ses alliés n’agissent pas dès maintenant, on risque de voir des enfants des deux camps s’affronter à Mossoul. »

Le groupe Hashd al-Asari, constitué de combattants sunnites de la région, devrait jouer un rôle déterminant dans les opérations militaires de Mossoul, alors que le gouvernement pourrait ordonner aux milices principalement chiites des Forces de mobilisation populaire de rester en dehors des combats. 

Un combattant de 20 ans a indiqué à HRW que les groupes accusés de recruter des enfants se battaient aux côtés des forces armées irakiennes pour un salaire mensuel de 336 euros, payé par Bagdad.

« Après une semaine, on a droit à une pause de sept jours chez nous, puis nous repartons au combat et ainsi de suite. Nous nous battons aux côtés de l’armée et nos salaires sont payés par Bagdad. En gros, nous faisons partie de l’armée irakienne », a précisé le jeune soldat à HRW. 

Le protocole facultatif des Nations unies concernant l’implication des enfants dans les conflits armés, que le gouvernement irakien a ratifié en 2008, interdit aux armées nationales et aux groupes armés non gouvernementaux de recruter des enfants de moins de 18 ans dans leurs rangs. 

L’EI et différentes milices basées en Irak ont été vivement critiqués pour avoir envoyé au front des enfants soldats. 

Plus tôt dans l’année, HRW avait déjà prouvé que des milices chiites irakiennes et l’EI, qui luttent tous deux pour le pouvoir en Irak, avaient envoyé des enfants se battre pour eux en première ligne. 

Traduit de l’anglais (original) par Julie Ghibaudo.

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