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Enlèvement d’expatriés en Libye : soupçons sur AQMI

Selon des sources sécuritaires libyennes et algériennes, les trois ressortissants italiens et canadien enlevés lundi pourraient être aux mains d’AQMI

Combat à l'aéroport de Ghat où travaillent les trois ressortissants enlevés lundi (AFP)

« Depuis un mois, nous avions averti tous les ressortissants étrangers travaillant dans le sud libyen d’un risque beaucoup plus élevé d’enlèvement ou d’attaque dans la région », se désole une source sécuritaire libyenne sous couvert d’anonymat à Middle East Eye, après l’enlèvement de trois expatriés.

Lundi matin, entre 7 h et 8 h, deux Italiens, Bruno Cacace, 56 ans, et Danilo Calonego, 68 ans, et un Canadien prénommé Frank ont été kidnappés sous la menace des armes entre les oasis sahariennes de Ghat et Taharat dans le Fezzan, au sud-ouest du pays, près de la frontière algérienne.

Selon The Libya Observer, tous les trois sont ingénieurs pour la société italienne Contratti lnternazionali Costruzioni (CON.I.COS.) à l’aéroport de Ghat.

Le ministère des Affaires étrangères italien a confirmé le rapt de ses deux ressortissants, mais le Canada parle « d’informations troublantes mais non confirmées » concernant son expatrié.

Si le chef du conseil municipal de Ghat, Koumani Mohammed Saleh, a assuré à Associated Press qu’al-Qaïda n’était pas derrière cet enlèvement, mené par un petit groupe de bandits, des sources sécuritaires libyenne et algérienne contactées par MEE ont un tout autre avis.

Niger ou Mali

« Cette zone est connue pour être fréquentée par les hommes d’al-Qaïda au Maghreb islamique [AQMI], en particulier ceux de Mokhtar Belmokhtar [l’auteur de la prise d’otages de la base pétro-gazière de Tiguentourine en janvier 2013 en Algérie] », explique-t-on du côté algérien où plusieurs bases militaires proches de la frontière ont été mises en état d’alerte.

Preuve qu’il s’agit d’une zone sensible, différentes enquêtes des services de sécurité ont montré que si l’attaque de Tiguentourine avait été organisée au nord du Mali, les assaillants étaient partis de Libye, à quelque 100 kilomètres de là. 

« La piste d’AQMI n’est en tout cas pas à écarter trop vite, poursuit un officier libyen. D’autant que si le rapt avait été organisé par des bandits comme ceux qui volent les 4x4 et les camions, une rançon aurait été rapidement demandée, et au bout de deux ou trois jours, les otages auraient été relâchés. Or, aucune revendication n’a encore été faite trois jours après le kidnapping. Ce qui nous amène à penser que même si des bandits ont procédé à l’enlèvement, ils sont en lien avec AQMI. Dans ce cas, ils ont peut-être déjà été emmenés au nord du Niger ou au nord du Mali. »

Toujours selon des sources sécuritaires dans la région, les autorités italiennes auraient demandé de l’aide aux Algériens. Un cadre de la sécurité italienne est arrivé mardi à Alger.

À la faveur de la chute de Mouammar Kadhafi et de nouvelles alliances avec les milices du nord, des combats entre Touaregs et Tobous (nomades du Sahara oriental) ont entraîné de graves pénuries en produits de première nécessité qu'Alger cherche à soulager par l’envoi d’aides humanitaires à destination de Ghat et d’Ubari, une autre ville du Fezzan.

C'est sur les relations étroites entre les tribus de la région et les Algériens que Rome compte pour retrouver la trace de ses ressortissants.

Les Algériens auraient déjà contacté la tribu des Idnane. « Nous leur avons demandé trois choses, souligne une source sécuritaire à MEE. Est-ce que les otages sont toujours dans le sud-ouest libyen, est-ce qu'il existait un projet d'enlèvement préparé par AQMI ou le groupe État islamique [EI] de Libye ou du Mali, et est-ce qu'il est possible de récupérer les otages contre une rançon ? »

Les autorités algériennes auraient aussi demandé à la katiba El Ténéré, une milice touareg proche de l'Armée nationale libyenne (ANL), proche du gouvernement de l'Est, de mener des ratissages dans trois zones suspectes, dans la région montagneuse au sud-est et au nord de Ghat.

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