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Jérusalem : des Israéliens d’extrême-droite promettent de changer le statu quo dans les lieux saints

Beaucoup d’entre eux voient la volteface du gouvernement israélien sur la question des détecteurs de métaux dans la vieille ville de Jérusalem comme une capitulation
Un homme juif dort à proximité de son arme près du Mur occidental lors des célébrations de la fête juive de Tisha bé Av dans la vieille ville de Jérusalem, le 1er août 2017 (Reuters)

JÉRUSALEM – Alors que seulement quelques jours auparavant, des milliers de Palestiniens priaient dans les rues entourant la vieille ville de Jérusalem lors de manifestations visant à « défendre » al-Aqsa, lundi dernier, des drapeaux israéliens flottaient un peu partout tandis que le vice-ministre de la Défense d'Israël prononçait un discours demandant à Israël d'imposer sa « pleine autorité » sur le mont du Temple afin que celui-ci puisse être reconstruit.

Près de 300 personnes ont défilé dans Jérusalem-Est lundi soir – la police avait fermé la route aux Palestiniens – lors d’une marche organisée par Women in Green, une organisation de colons. Cette manifestation a lieu chaque année depuis 23 ans à la veille de la fête juive de Tisha bé Av, durant laquelle les juifs commémorent la destruction des deux temples.

« Ce n'est que lorsque le temple sera construit que les juifs pourront prier chaque heure et chaque jour. Aucune puissance au monde ne peut arrêter le peuple juif, et nous devons nous efforcer d’accomplir cette vision »

- Eli Ben Dahan, vice-ministre de la Défense d’Israël

« Cette année, la marche revêt une signification toute particulière car au cours des dernières semaines, l’ennemi nous a malheureusement fait subir une grande humiliation », a déclaré Nadia Matar, coprésidente de Women in Green, à Middle East Eye.

« Toute cette saga des détecteurs de métaux a donné à l'ennemi un horrible sentiment de victoire contre notre propre gouvernement, et nous sommes très déçus », a-t-elle ajouté.

La colère de la droite religieuse israélienne après les événements des dernières semaines était palpable.

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« Cette année, nous avons reçu un rappel, après les choses terribles qui ont eu lieu avec les Arabes, que tout n'est pas encore à nous... tout à coup, nous avons compris combien il est important de défiler aujourd’hui », a déclaré Nadia Matar aux manifestants.

À LIRE : Les Palestiniens seuls dans la bataille d’al-Aqsa

« Chaque endroit où nous marchons est à nous. Nous marchons, et nous allons sauver Jérusalem. »

Le gouvernement israélien avait installé des détecteurs de métaux à l'entrée du site religieux le plus sensible de Jérusalem après le meurtre sur place de deux policiers israéliens par trois Palestiniens d’Israël le 14 juillet dernier.

Les nouvelles mesures de sécurité israéliennes avaient été perçues comme une violation du statu quo par les Palestiniens de la ville, et deux semaines de manifestations avaient suivi. Les détecteurs de métaux ont été retirés le 27 juillet.

Le retrait des détecteurs de métaux vu comme une « capitulation »

Un sondage effectué par la chaîne de télévision Channel 2 et diffusé le 25 juillet dernier montre que 77 % des Israéliens considèrent le retrait des détecteurs de métaux comme une « capitulation ».

Ce point de vue a été exprimé lundi soir par Yehuda Glick, homme politique du Likoud et important défenseur du temple, dans un discours appelant le gouvernement à respecter les « valeurs du peuple ».

« La guerre contre nous est derrière ces murs », a déclaré Glick en se référant à la vieille ville de Jérusalem. « L'établissement de l'État d'Israël et la capture de la Judée et de la Samarie ont été menés à bien par des personnes qui avaient décidé de lutter contre la logique et les considérations politiques. Maintenant, nous devons faire de notre contrôle du mont du Temple un fait. »

Des Israéliens et des étrangers d'extrême-droite se réunissent pour écouter des discours à la porte des Lions de la vieille ville de Jérusalem lundi soir (Lubna Masarwa/MEE)

Eli Ben Dahan, vice-ministre de la Défense présent lors de la marche, a demandé à ce que le temple soit reconstruit. Citant un passage de la Torah qui parle du renouvellement du peuple juif, il a déclaré : « Cela ne se fera que si nous avons un plein pouvoir sur le mont du Temple ».

« Ce n'est que lorsque le temple sera construit que les juifs pourront prier chaque heure et chaque jour. Aucune puissance au monde ne peut arrêter le peuple juif, et nous devons nous efforcer d’accomplir cette vision. »

« Avoir la souveraineté sur le papier ne suffit pas, nous demandons à notre gouvernement d’appliquer sa souveraineté et de montrer qui est le patron », a ajouté Nadia Matar.

« En ce qui me concerne, le peuple palestinien est un mythe »

- Ari Gold, juif canadien

« Les détecteurs de métaux n'étaient qu'une excuse pour provoquer des troubles, les Palestiniens auraient dû les traverser comme moi quand je vais au Kotel », a déclaré à Middle East Eye Yechiel Goldstein, un participant à la marche, en se référant au Mur occidental.

« Si les Palestiniens jouent le jeu, ils sont les bienvenus. Sinon, ils devraient partir. »

« En ce qui me concerne, le peuple palestinien est un mythe », a déclaré un autre participant, Ari Gold, Canadien. « Ils sont très bons en relations publiques, et ils ont fait toute une histoire pour ces détecteurs de métaux, mais c’est du n’importe quoi. »

Le statu quo

Selon lui, c’est le statu quo qui est responsable des troubles. « Le statu quo leur a permis d'apporter un pistolet et de tuer deux personnes. Pourquoi se plaignent-ils des détecteurs de métaux, parce qu'ils veulent faire entrer plus d'armes là-bas ? »

Le statu quo est l'accord délicat qui régit le lieu saint depuis l'époque ottomane et qui a été confirmé après la capture de Jérusalem-Est par Israël à la Jordanie en 1967.

Le député de droite Yehuda Glick (à gauche) et le vice-ministre de la Défense Eli Ben-Dahan (Lubna Masarwa/MEE)

Alors qu'Israël conserve le contrôle de l'accès au site, le site lui-même est sous le contrôle du Waqf, une fiducie religieuse jordanienne.

Les craintes des Palestiniens selon lesquelles Israël essaie de changer le statu quo sur le site ont provoqué des violences par le passé, telles que des émeutes en 2014 et les troubles qui se sont transformés en une série d'attaques généralisées contre des Israéliens en 2015.

De même, la deuxième Intifada avait commencé en 2000 lorsque le leader de l'opposition, Ariel Sharon, s’était rendu sur le site.

« Dieu nous a menés vers la terre d'Israël, nous sommes forts et nous allons surmonter toutes les difficultés sur notre chemin »

- Yehuda Glick, député du Likoud

Ces peurs se sont accrues récemment avec la popularité croissante de l'activisme du temple chez certains juifs. L'orthodoxie traditionnelle estime que les juifs n’ont pas le droit de se rendre sur le mont du Temple, mais un nombre croissant d’entre eux s’y sont rendus ces dernières années.

Ne serait-ce que mardi matin, 1 042 juifs se sont rendus sur le mont du Temple/Haram al-Sharif, un record, selon le Jerusalem Post.

Les chiffres sont passés de 14 000 visiteurs juifs au cours de la dernière année hébraïque à plus de 17 500 cette année, qui s’achève dans six semaines, toujours selon le Jerusalem Post.

Ainsi, alors que la crise sur le site le plus sensible de Jérusalem semble à présent terminée, la dynamique qui l'a produite est toujours là et prend de l’amplitude.

« Les locaux ont un sentiment de victoire », a déclaré Glick, le député du Likoud, en se référant aux Palestiniens. « Mais c'est temporaire. Dieu nous a menés vers la terre d'Israël, nous sommes forts et nous allons surmonter toutes les difficultés sur notre chemin. »

Traduit de l’anglais (original).

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