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Les enfants de la crise des réfugiés s’expriment

Les enfants sont les victimes les plus vulnérables de la crise actuelle, or, bien qu’on nous montre souvent leurs visages, on n’entend que rarement leurs voix
Middle East Eye a pu s’entretenir avec quelques-uns des enfants arrivés sur l’île de Lesbos après avoir survécu aux horreurs de la guerre et au dangereux périple maritime (MEE/Andrea Dicenzo)

LESBOS, Grèce – Alors que 3 000 réfugiés continuent chaque jour d’entreprendre la dangereuse traversée en bateau entre la Turquie et Lesbos, cette île grecque est en première ligne de la crise européenne des réfugiés. Dans les canots pneumatiques qui transportent les réfugiés, on trouve parfois plus de 50 personnes entassées, et les moteurs lâchent souvent en cours de trajet, laissant l’embarcation dériver dangereusement sur la mer Égée.

Middle East Eye a pu s’entretenir avec quelques-uns des enfants arrivés sur l’île de Lesbos après avoir survécu aux horreurs de la guerre et au dangereux périple maritime. Ils évoquent leurs espoirs d’avenir, l’Europe et leur pays natal.

Jala, 10 ans, Syrie

Que sais-tu de l’Europe ?

« La première fois que mon père a dit que nous irions là-bas, je pensais que l’Europe n’était qu’un seul pays. Mais ensuite, il m’a dit qu’on irait en Allemagne, alors maintenant je sais que l’Europe est un ensemble de pays. »

Quelle est la première chose que tu feras, quand tu arriveras en Allemagne ?

« J’adore dessiner, et je sais dessiner les maisons et les fleurs. Ma sœur Rinda m’a appris à dessiner les roses. Donc la première chose que je ferai, ce sera de dessiner les fleurs et les maisons d’Allemagne. »

Jala, 10 ans : « La première chose que je ferai en Allemagne, ce sera de dessiner les fleurs et les maisons de là-bas » (MEE/Andrea Dicenzo)

Rose, 5 ans, Syrie

Bien qu’elle n’ait que cinq ans, Rose est capable de reconnaître le son des différentes armes à feu. « Tous les enfants connaissent ces sons-là, explique sa mère Iman, ni elle ni les autres enfants n’avaient d’avenir là-bas. »

Que penses-tu de la Syrie ?

« La Syrie, c’est vraiment nul. Ce n’est pas bien, là-bas. »

Que sais-tu de l’Europe ?

« En Europe, il n’y a pas de guerre, et là-bas je pourrai aller à l’école. »

Rose, 5 ans : « En Europe, il n’y a pas de guerre, et là-bas je pourrai aller à l’école » (MEE/Andrea Dicenzo)

Ali, 8 ans, Afghanistan

Ali n’a jamais lâché la main de sa petite sœur pendant la traversée en bateau – il avait peur, et il savait que sa sœur aussi. Après avoir fui les violences en Afghanistan et survécu aux dangers de la mer Égée, sa famille espère maintenant pouvoir refonder un foyer en Suisse.

Que t’évoque le projet d’aller en Suisse ?

« Je suis très content à l’idée d’aller dans un pays où il ne fait ni trop chaud, ni trop froid ! »

Qu’est-ce que tu as le plus hâte de faire lorsque tu arriveras enfin en Suisse ?

« Je vais simplement être heureux, je vais tout faire et aller partout. »

Ali, 8 ans : « Je suis très content à l’idée d’être dans un pays où il ne fait ni trop chaud, ni trop froid »

Lucelle, 5 ans, Syrie

À cinq ans, Lucelle a passé presque toute sa vie sous le feu de la terrible guerre civile syrienne. En tant que benjamine de la famille, elle ne garde de son pays natal aucun souvenir à part celui des bombes.

Qu’est-ce que c’est, la Syrie ?

« La Syrie, c’est la guerre et les bombes tous les jours. »

Que penses-tu de l’Europe ?

« C’est une nouvelle vie, et là-bas je pourrai aller à l’école. »

Lucelle, 5 ans : « La Syrie, c’est la guerre et les bombes tous les jours » (MEE/Andrea Dicenzo)

Jawar, 14 ans, Syrie

Le bateau de Jawar a dérivé pendant cinq heures après que le moteur a lâché, puis a accosté enfin. Bouleversés et trempés jusqu’aux os, beaucoup des réfugiés ont éclaté en sanglots lorsqu’ils ont réalisé qu’ils allaient survivre. Pour Jawar, poser le pied sur la route littorale grecque et débuter sa longue marche vers la Belgique – la destination de sa famille – signifiait qu’elle pouvait recommencer à rêver de son avenir.

Qu’est-ce que tu veux faire plus tard ?

Je veux devenir pharmacienne, je pense que c’est un bon métier. En Syrie, il y avait des bombes et des fusillades tous les jours, et j’avais peur tous les jours. Mais maintenant que je suis ici, je n’ai plus à avoir peur.

Jawar, 14 ans : « Je veux devenir pharmacienne, je pense que c’est un bon métier » (MEE/Andrea Dicenzo)

Jenan, 6 ans, Syrie

Après la mort du père de Jenan sous les balles en Syrie, sa mère et sa grand-mère ont pris la décision de fuir le pays. L’oncle de Jenan l’a tenue fermement tout au long de la houleuse traversée maritime, puis il l’a portée hors du bateau et l’a finalement déposée sur le littoral grec.

Que penses-tu de la Syrie ?

On a beaucoup déménagé à cause de la guerre, on essayait de se mettre en sécurité. En Syrie, j’avais peur tous les jours.

Jenan, 6 : « En Syrie, j’avais peur tous les jours » (MEE/Andrea Dicenzo)

Ahmad, 7 ans, Syrie

Ahmad, le frère de Jenan, est descendu du bateau trempé et tremblant de froid car les vagues avaient violemment heurté le canot pneumatique pendant tout le voyage. Après avoir perdu son père en Syrie et passé la moitié de sa vie sous la guerre, il est impatient de retourner à l’école.

Que représente l’Europe pour toi ?

Pour moi, l’Europe, ça veut dire que je vais pouvoir apprendre à nouveau, aller à l’école, et apprendre une nouvelle langue.

Ahmad, 7 ans : « Pour moi, l’Europe, ça veut dire que je vais pouvoir à nouveau, aller à l’école, et apprendre une nouvelle langue » (MEE/Andrea Dicenzo)

Traduction de l’anglais (original) par Mathieu Vigouroux.

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