Skip to main content

Libye : le général Haftar sommé de livrer son « chef des exécutions »

Alors que le général libyen est reçu à l’Élysée, l'ONU demande une enquête sur le commandant de ses forces spéciales, Mahmoud al-Warfalli, alors qu’une nouvelle vidéo semble montrer ses hommes commettre une exécution sommaire de prisonniers
Des prisonniers sont agenouillés par des soldats de l’Armée nationale libyenne du général Haftar puis apparemment exécutés (capture d’écran)

La pression monte sur le général rebelle libyen Khalifa Haftar afin qu’il remette à la justice son commandant des forces spéciales suite à l’apparition de vidéos semblant montrer lui et ses hommes exécuter sommairement des dizaines de prisonniers.

L’ONU a demandé à Haftar, qui est soutenu par l'Égypte et les Émirats arabes unis, de livrer Mahmoud al-Warfalli la semaine dernière, quelques jours avant la parution sur les réseaux sociaux d’une vidéo montrant apparemment ses hommes exécuter dix-huit personnes.

Dans cette vidéo, on peut voir les soldats de l'Armée nationale libyenne (ANL) de Haftar tirer presque à bout portant dans la tête de dix-huit prisonniers, ligotés et agenouillés, qui s’effondrent ensuite.

MEE n’a pas pu vérifier indépendamment la vidéo (attention, son contenu peut choquer).

https://twitter.com/_/status/889199412421021696

Cette vidéo est la dernière d'une série d'incidents impliquant Warfalli, qui est officiellement le commandant de terrain des forces spéciales de Haftar, lequel dit combattre l'État islamique (EI) et d'autres groupes qu'il considère comme « terroristes », tout en s'opposant au gouvernement d'unité soutenu par l'ONU à Tripoli.

Le 22 mars, Human Rights Watch (HRW) avait demandé une enquête suite à des accusations de crimes de guerre commis par l’ANL dans la bataille finale pour la ville longtemps assiégée de Ganfouda.

« Les forces de l'Armée nationale libyenne (ANL) ont peut-être commis des crimes de guerre, y compris tué et frappé des civils, exécuté des combattants de l'opposition et profané leurs corps dans la ville orientale de Benghazi le, et autour du, 18 mars 2017 », a déclaré HRW dans un rapport nommant spécifiquement Warfalli comme étant le tireur qui apparaît dans une autre vidéo.

Mahmoud al-Warfalli est devenu célèbre en raison de vidéos mettant en scène des exécutions et des actes de torture infligés aux prisonniers.

Traduction : « Le tristement célèbre Werfalli de l’ANL, nommé dans ce rapport de l'ONU, a récemment été promu malgré les promesses antérieures de l’ANL d'enquêter sur ses exactions. »

La vidéo en question, largement diffusée sur les réseaux sociaux en mars, semblait montrer Warfalli exécuter trois hommes en leur tirant « derrière la tête avec une mitrailleuse alors qu'ils étaient agenouillés face à un mur avec les mains attachées derrière le dos », décrit Human Rights Watch dans son rapport.

Traduction : « De nombreuses vidéos montrent Werfalli de l’ANL superviser/commettre des exécutions sommaires, mais cette dernière a suscité de nombreux commentaires en #Libye en raison du nombre/des images. »

Le porte-parole des forces spéciales de l’ANL a publié une déclaration le 21 mars dernier justifiant les actions de Warfalli pour avoir eu lieu « sur le champ de bataille ».

Human Rights Watch a répondu qu'en justifiant publiquement ces « actes barbares », la direction de l’ANL se mettait en cause dans ‘’ce qui semble être un crime de guerre’’ ».

« Les journalistes locaux ont déclaré à Human Rights Watch que les exécutions avaient eu lieu à Benghazi lors de la bataille finale pour Ganfouda vers le 18 mars 2017 », indique le rapport.

Le général Haftar doit rencontrer pour la première fois depuis plus d'un an le chef du gouvernement d’union nationale soutenu par l'ONU, Fayez el-Sarraj, ce mardi en France.

Traduction : « Macron a donc l'intention de déployer le tapis rouge pour Haftar à Paris. Pendant ce temps, voici ce que font ses criminels de guerre. »

Cette dernière vidéo est apparue dimanche tantdis que les combats entre les forces de Haftar et les groupes rivaux ont repris dans la deuxième plus grande ville du pays, Benghazi.

Il y a deux semaines, Haftar avait annoncé la « libération » de Benghazi après trois ans de combats, mais ceux-ci continuent alors que ses forces sont confrontées à une forte résistance dans la ville.

À LIRE : Les « trois politiques » de la France en Libye

L’ANL a également effectué des frappes aériennes sur la ville de Derna, qu’elle assiège.

Hamza al-Dernawy a décrit à Middle East Eye une ville isolée par les forces fidèles à Haftar, avec des magasins en pénurie de nourriture et de médicaments.

« Derna est assiégé par les milices de Haftar », a déclaré Dernawy. « Ceux qui tentent de partir sont soit kidnappés, soit humiliés par les soldats. »

« On constate des dommages matériels massifs aux infrastructures, aux maisons et aux écoles. Une femme a subi une fausse couche à cause des bombardements. Mais, heureusement, aucun civil n'a été tué. »

De nombreux utilisateurs des réseaux sociaux ont comparé l’exécution présentée dans la vidéo à celles commises par l’EI.

Traduction : « Ces images, qu'elles soient authentiques ou non, sont tellement similaires aux exécutions de l’#EI. »

En mars, des fuites de conversations téléphoniques avaient suggéré qu’Haftar avait permis aux combattants de l’EI de s'échapper de l'est de la Libye et d'atteindre Syrte, qui est restée leur bastion dans le pays pendant plusieurs mois.

D'autres internautes ont mis en doute la véracité de cette dernière vidéo, affirmant qu’il pouvait s’agir d’une ruse de l’ANL.

Traduction : « Je suis très méfiant vis-à-vis de cette vidéo, elle devrait être examinée par des experts pour déterminer si les tirs/l'exécution sont authentiques. Il pourrait s'agir d'une fausse exécution visant à susciter une réaction des organisations internationales et des ONG pour ensuite publier une vidéo montrant que c'était un faux. »

Traduit de l’anglais (original).

Stay informed with MEE's newsletters

Sign up to get the latest alerts, insights and analysis, starting with Turkey Unpacked

 
Middle East Eye delivers independent and unrivalled coverage and analysis of the Middle East, North Africa and beyond. To learn more about republishing this content and the associated fees, please fill out this form. More about MEE can be found here.