Réseaux sociaux et ONG se mobilisent pour un caricaturiste jordanien

Les autorités jordaniennes ont arrêté le dessinateur Emad Hajjaj après la publication d’une caricature dénonçant l’accord de normalisation entre Israël et les Émirats arabes unis (EAU).
Emad Hajjaj a été renvoyé devant la Cour de sûreté de l’État jeudi. Des appels à sa libération n’ont pas tardé à se multiplier sur les réseaux sociaux.
La caricature qui lui est reprochée représente le prince héritier d’Abou Dabi, Mohammed ben Zayed al-Nahyane – souvent désigné comme le dirigeant de facto des EAU –, tenant une colombe floquée du drapeau israélien. Cette colombe vient de lui cracher au visage et une légende en arabe mentionne l’opposition d’Israël à la vente d’avions de chasse américains, des F-35, aux EAU.
Traduction : « Liberté pour @EmadHajjaj. Il a juste dessiné les faits. »
Nidal Mansour, PDG du Centre jordanien pour la protection et la liberté des journalistes, explique que Hajjaj a été arrêté en vertu de la loi jordanienne sur la cybercriminalité, laquelle sanctionne la publication de contenu susceptible d’être jugé insultant envers un autre pays arabe.
Dans un tweet, Nidal Mansour demande sa libération immédiate.
Traduction : « J’ai appris l’arrestation de mon collègue Emad Hajjaj (...) J’ai contacté le ministère de l’Intérieur et le ministère d’État pour les Affaires médiatiques et j’ai découvert qu’elle était liée aux lois jordaniennes sur la cybercriminalité. Nous demandons sa libération immédiate car sa détention équivaut à le punir prématurément. »
Des photos circulant sur les réseaux sociaux montrent Emad Hajjaj saluant ses soutiens tandis qu’il est emmené par les autorités.
Traduction : « #LibertépourEmadHajjaj, après son renvoi devant la Cour de sûreté de l’État. Les lois sur la cybercriminalité ne suffisaient-elles pas ? Les lois sur la sécurité nationale sont appliquées lorsque les gens expriment leurs idées de manière créative, comme l’artiste Emad Hajjaj. »
Human Rights Watch (HRW) a égalemment appelé vendredi la Jordanie à libérer le caricaturiste.
Ce dessin, qui fait référence à la normalisation entre Israël et les Émirats arabes unis, a été publié sur le site d’informations arabe Al-Araby al-Jadeed.
La caricature publiée mercredi était intitulée « Israël demande aux États-Unis de ne pas vendre de F-35 aux EAU ».
Traduction : « Le caricaturiste jordanien @EmadHajjaj arrêté pour un dessin ‘’offensant’’ critiquant l’accord EAU-Israël. »
La semaine dernière, les Émirats arabes unis ont annulé une rencontre avec des responsables israéliens et américains pour officialiser la normalisation, en raison de l’opposition du Premier ministre Benyamin Netanyahou à la vente par les États-Unis d’avions de chasse F-35 de Lockheed Martin à Abou Dabi, a rapporté Axios.
Abou Dabi désirait acheter les avions de pointe américains mais la politique américaine stipule qu’Israël doit conserver sa supériorité militaire dans la région.
Emad Hajjaj est suivi par un large public sur les réseaux sociaux grâce à ses caricatures politique : il compte plus de 130 000 followers sur Twitter.
Israël et les Émirats arabes unis ont annoncé l’accord de normalisation de leurs relations le 13 août. Celui-ci est dénoncé par les Palestiniens et leurs dirigeants.
Traduction : « Libérez @EmadHajjaj ! »
Selon l’accord négocié par les États-Unis, Israël devait accepter de suspendre l’annexion prévue de certaines régions de la Cisjordanie occupée. Mais quelques heures plus tard, Netanyahou affirmait son « engagement » à annexer des régions de la Cisjordanie, bien que cette initiative soit largement jugée illégale au regard du droit international.
L’Autorité palestinienne a dénoncé cet accord dans un communiqué, le qualifiant de « trahison de Jérusalem, d’al-Aqsa et de la cause palestinienne » et réclamant son retrait.
Cette semaine, Washington a également annoncé que les États-Unis prévoyaient un sommet pour la paix au Moyen-Orient dans les semaines à venir.
Le tribunal militaire, en charge des affaires de terrorisme, a décidé le maintien en détention pendant quatorze jours du caricaturiste en attendant la fin de l’enquête, sur décision du procureur. Emad Hajjaj encourt jusqu’à cinq ans de prison.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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