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Pourquoi neige-t-il au Sahara ?

Aussi surprenant soit-il, ce phénomène hivernal correspond aux spécificités météorologiques et géologiques du grand désert du Sahara
 Les chutes de neiges dans le Sahara ne sont pas aussi rares qu’on le pense (Facebook)
Les chutes de neiges dans le Sahara ne sont pas aussi rares qu’on le pense (Facebook)
Par MEE

Chaque hiver, ces dernières années, les images de chutes de neige dans le Sahara envahissent les réseaux sociaux, offrant des paysages inédits des étendues désertiques un moment recouvertes de la couche blanche gelée.

Est-ce un phénomène nouveau ? Le manque de données scientifiques empêche d’inscrire une étude exhaustive dans la durée et replonger vers le passé pour quantifier la fréquence de cet étonnant événement météorologique.

Le chercheur Jasper Knight, de l’Université de Witwatersrand, explique dans le site The Conversation que « les schémas de circulation de l’air en hiver attirent de l’air frais et humide vers le nord du Sahara depuis l’Atlantique et la Méditerranée. Cela se traduit par des précipitations hivernales plus élevées le long de la frange saharienne en cette saison ».

Sur les hauteurs, notamment les monts de l’Atlas en Algérie et au Maroc, « l’air ascendant peut se refroidir, se condenser et, si l’air est suffisamment froid, son humidité peut geler pour former des cristaux de neige, puis, éventuellement, une couverture de neige. Si la surface terrestre est également froide, la neige peut persister et ne pas fondre immédiatement ».

De plus, et bien que le Sahara connaisse couramment des températures très élevées – plus de 50 °C –, des températures basses sont également enregistrées, en particulier la nuit, en raison de la surface terrestre nue et du ciel sans nuages. Un froid maximum de -14 °C a été enregistré en Algérie en janvier 2005 pendant l’hiver de l’hémisphère nord.

Les montagnes de l’Atlas, en particulier, « agissent comme un piège à neige en raison de leur proximité avec l’Atlantique et de leur altitude ». La ville algérienne d’Aïn Séfra, dans le sud-ouest, avait connu des chutes de neige lors des hivers de 1979, 2016, 2017, 2018, 2021 et 2022.

Si ce dernier événement n’a été qu’un léger saupoudrage, transformant les dunes de sable d’un fin manteau blanc, on note qu’en 2018 par exemple, on a enregistré jusqu’à 30 cm de neige dans les zones à plus haute altitude.

L’impact du changement climatique

Si le centre du Sahara est hyperaride, recevant moins de 100 mm de précipitations par an, il possède également plusieurs plans d’eau. L’air humide pénètre dans la région depuis l’océan Atlantique, la mer Méditerranée et l’océan Indien, par des cyclones à basse pression dans le nord du Sahara en hiver et des pluies de mousson dans le sud du Sahara en été.

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« Les périphéries du désert sont donc plus humides que son centre. Cela signifie que la neige est plus susceptible de se former à la périphérie du désert », conclut Jasper Knight.

Pour le chercheur, « les épisodes de neige continueront probablement – et pourraient devenir plus variables pour ce qui est du calendrier et de la quantité – si les conditions plus froides sur les montagnes persistent ».

Le changement climatique entraînant des conditions météorologiques de plus en plus imprévisibles, le Sahara peut connaître « une variabilité accrue des précipitations le long de sa frange sahélienne plus humide et le long des côtes atlantique et méditerranéenne, y compris dans les montagnes de l’Atlas ».

Mais au-delà du phénomène en soi des chutes de neige en plein désert, le chercheur s’inquiète face aux défis climatiques qui touchent la région, notamment le réchauffement du centre du Sahara, la pollution des nappes aquifères et le pompage sans limites des eaux souterraines nécessaires en raison de la croissance démographique, l’agriculture et l’agrandissement des villes et villages de la région.

« Au cours des dernières décennies, le Sahara lui-même s’est également agrandi en raison de l’assèchement du sud du Sahel et de sa transformation en désert, et cela devrait continuer dans les décennies à venir », prévient le chercheur.

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