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États-Unis : un « espion » aurait avoué avoir travaillé pour un groupe antimusulman lié à Israël

Selon le Council on American-Islamic Relations, l’individu non identifié recevait 3 000 dollars par mois afin d’espionner des responsables musulmans pour le compte d’un groupe dont l’objectif présumé était de « protéger le gouvernement israélien »
Même si les musulmans américains savent qu’ils font l’objet d’une surveillance depuis deux décennies, la nouvelle a été un choc (AFP)
Même si les musulmans américains savent qu’ils font l’objet d’une surveillance depuis deux décennies, la nouvelle a été un choc (AFP)
Par MEE à WASHINGTON, États-Unis d’Amérique

Un individu a avoué avoir espionné aux États-Unis pour le compte d’un groupe antimusulman, dont l’objectif présumé était de « protéger le gouvernement israélien » en portant atteinte à des activistes musulmans, selon le Council on American-Islamic Relations (CAIR).

Cet individu, dont l’identité n’a pas encore été révélée, a noué d’autres liens faisant état d’une campagne pro-israélienne visant à espionner les communautés et organisations musulmanes à travers les États-Unis, a indiqué le CAIR mardi. 

D’après le groupe de défense des droits civiques, le fondateur de l’Investigative Project on Terrorism (IPT), Steven Emerson, a versé à l’« espion » 3 000 dollars par mois, soit au total plus de 100 000 dollars sur plus de quatre ans, afin d’espionner une mosquée aux États-Unis et « d’enregistrer des responsables musulmans de premier plan ».

« L’un des objectifs d’Emerson, nous a-t-on confié, était de protéger le gouvernement israélien en portant atteinte à des musulmans engagés dans l’activisme politique et la défense des droits de l’homme », a indiqué le CAIR.

Lors d’une conférence de presse la semaine dernière, le groupe de défense des droits civiques des musulmans a dévoilé une série d’e-mails entre des responsables israéliens et l’IPT. Dans l’un d’entre eux, un responsable demandait à l’IPT s’il disposait d’informations relatives à Students for Justice in Palestine, un groupe de défense des étudiants disposant de sections dans des universités de tout le pays.

L’ambassade d’Israël à Washington n’a pas répondu à la demande de commentaires formulée par Middle East Eye.

D’après le groupe de défense des droits de l’homme, l’individu s’est présenté, a avoué ses actes et a accepté de coopérer avec les responsables de la mosquée. Le CAIR a précisé qu’il fournirait de plus amples informations et identifierait publiquement l’individu dès qu’il aurait obtenu des informations supplémentaires.

L’IPT n’a pas répondu à la demande de commentaires formulée par MEE, mais a déclaré précédemment qu’il « n’[avait] jamais surveillé et ne surveiller[ait] jamais la communauté musulmane américaine au sens large ». Il a toutefois ajouté qu’il n’hésiterait pas à signaler les groupes qu’il soupçonnerait de mener « des activités islamistes radicales ».

« Nous pensons avoir identifié trois taupes »

Cette nouvelle intervient alors que le CAIR a révélé la semaine dernière que le directeur exécutif d’une de ses sections d’État dans l’Ohio, Romin Iqbal, travaillait secrètement depuis des années avec l’IPT pour lui transmettre des renseignements, notamment des enregistrements audio, et lui communiquer des informations confidentielles.

Cette annonce faisait suite à une enquête menée par un expert légiste tiers engagé par CAIR National.

Même si les musulmans savent qu’ils font l’objet d’une surveillance sous de multiples formes depuis deux décennies, la nouvelle a été un choc pour la communauté à travers le pays.

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Edward Ahmed Mitchell, directeur adjoint de CAIR National, a déclaré aux journalistes la semaine dernière que d’après l’enquête, au moins une douzaine d’organisations avaient été visées par cette campagne d’espionnage.

« Nous ne pouvons pas connaître tous les agissements de l’IPT, mais sur la base des preuves dont nous disposons, je dirais qu’au moins une douzaine d’organisations musulmanes ou de mosquées étaient visées », a-t-il affirmé.

« Nous pensons avoir identifié trois taupes. »

Fondé par Steven Emerson, l’IPT se décrit comme un groupe de recherche qui rend compte « des groupes terroristes islamiques radicaux ». Il est toutefois considéré comme un groupe antimusulman par l’Islamophobia Network, un projet du Center for American Progress qui recense les groupes et donateurs antimusulmans.

Selon le réseau, l’IPT emploie « des menaces sans fondement qui dépeignent les musulmans comme des individus dangereux pour accumuler des fonds » et Steven Emerson a la réputation « de fabriquer des preuves pour étayer ses délires sur l’extrémisme musulman ».

Selon la Bridge Initiative de l’université de Georgetown, Steven Emerson a lui-même « l’habitude de promouvoir des informations falsifiées et des théories du complot sur l’islam et les musulmans ».

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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