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Cinq commentateurs légendaires du football arabe

Ils sont connus pour leurs envolées enthousiastes et parfois poétiques pendant les matchs : Middle East Eye s’intéresse aux voix du football arabe
Le commentateur omanais Khalil al-Balushi suit un match de Qatar Stars League entre Al-Gharafa et Al-Ahli (AFP)
Le commentateur omanais Khalil al-Balushi suit un match de Qatar Stars League entre Al-Gharafa et Al-Ahli (AFP)

Le football est le sport le plus populaire dans le monde arabe, une région où les commentateurs donnent autant de vie aux débats que les joueurs sur le terrain.

Loin des commentaires souvent sobres et impartiaux auxquels sont habitués certains publics ailleurs dans le monde, ceux qui comprennent l’arabe vivent une expérience où le commentateur transmet toute sa passion, notamment à travers des exclamations de colère ou des hurlements de joie lorsque les choses se passent comme il le souhaite.

Même pour quelqu’un qui regarde un match avec des commentaires en arabe sans connaître la langue, le sentiment d’excitation est palpable. Un commentateur qui scande à plusieurs reprises le nom de Mohamed Salah après un but de l’attaquant égyptien de Liverpool communique évidemment une joie que tout un chacun peut apprécier.

Il suffit de rechercher « commentateur arabe » sur YouTube pour constater une profonde fascination, à travers des dizaines de compilations montrant le commentateur arabe dans son élément.

Middle East Eye se penche sur cinq commentateurs arabes particulièrement célèbres : 

1. Mahmoud Bakr (Égypte)

Ce commentateur égyptien est décédé en 2016, mais sa mémoire est entretenue par des apparitions régulières sur les réseaux sociaux de ses commentaires footballistiques au style unique, marqué par des critiques parfois acerbes à l’encontre des joueurs après des erreurs.

Dans un match, il parle d’un joueur qui « vient enfin chercher le ballon, après être resté au balcon à fumer une cigarette ». Dans une autre rencontre, il évoque un joueur avec une « chaussure électronique » pour parler d’un joueur habile balle au pied, tout en se montrant condescendant envers ses adversaires plus lents qui ne parviennent pas à l’arrêter, les appelant « katkout » – « poussins » en dialecte égyptien.

Sa compréhension du jeu émane de sa propre carrière de footballeur : Mahmoud Bakr a joué pour l’Olympic Club d’Alexandrie, avec lequel il a remporté le championnat d’Égypte en 1966. Sélectionné dans l’équipe nationale égyptienne, il a été membre de la Fédération d’Égypte de football. 

Fort de plus de dix ans d’expérience sur les terrains, il a ensuite rejoint le réseau de télévision national égyptien et des chaînes satellites privées, devenant un commentateur recherché pour son esprit et son expertise footballistique.

Intouchable malgré les critiques, Mahmoud Bakr cultivait un style anticonformiste qui a souvent été jugé inapproprié et insultant et pouvait même franchir la limite entre la critique et l’offense.

Il a par exemple qualifié de « fallahi » un joueur qui commettait des fautes : ce terme arabe signifiant « paysan » est utilisé de manière péjorative pour décrire une personne simple d’esprit ou arriérée. 

2.  Khaled al-Ghoul (Jordanie)

La voix de Khaled al-Ghoul respire l’exubérance – parfois au détriment du sens –, ce qui plonge ceux qui n’ont pas l’habitude des commentaires en arabe dans un mélange fascinant de perplexité et d’excitation.

La vidéo ci-dessous, dans laquelle il s’époumone pour souhaiter un joyeux anniversaire à Wayne Rooney après un but pour Manchester United, en est la parfaite illustration. Ce n’était pourtant pas l’anniversaire du buteur anglais, ce qui était le moindre des problèmes pour le commentateur.

Après avoir commencé sa carrière en tant que rédacteur pour le journal jordanien Al-Dustour, il est devenu producteur, puis présentateur pour Jordan TV. 

Il a ensuite couvert des matches dans toute l’Europe, notamment pour la Serie A italienne, avant de retourner au Moyen-Orient pour rejoindre Al Jazeera Sport et OSN Sports. 

3. Issam Chaouali (Tunisie) 

Sans doute l’un des commentateurs les plus célèbres de la région, Issam Chaouali est connu pour ses intonations tapageuses et longues, indubitablement capables de rendre un match déjà tendu encore plus spectaculaire.

Issam Chaouali a débuté sa carrière au sein de Radio Jeunes Tunisie avant de rejoindre le réseau beIN Sports. Ses commentaires sont rythmés et passionnés. Lors d’un match entre le Real Madrid et Manchester City, on a ainsi pu l’entendre crier et même hurler après un but de la star algérienne Riyad Mahrez

Issam Chaouali a été classé parmi les 100 personnalités arabes les plus influentes par Arabian Business en 2009 et 2010. 

Il a également remporté plus d’une cinquantaine de prix et distinctions au cours de sa carrière. Son phrasé rapide et aigu, truffé de traits d’humour, fait aussi les gros titres. Ses commentaires apparaissent par ailleurs dans de nombreuses vidéos sur TikTok.

Au fil des ans, ses commentaires ont souvent fait le tour des réseaux sociaux et ont même été intégrés dans des compilations YouTube où ils sont traduits en anglais.

4. Fahad al-Otaibi (Arabie saoudite)

Si vous avez déjà regardé un match de football sur une chaîne moyen-orientale, il y a de fortes chances que vous ayez déjà entendu le « Goooooooooooal ! » emblématique de Fahad al-Otaibi.

Commentateur des plus grandes compétitions de football depuis 2002, il a commencé sa carrière au sein de la chaîne saoudienne KSA Sports avant de rejoindre les chaînes qataries beIN Sports et Al-Kass après leur lancement. 

Sa voix a tendance à trahir ses préférences en matière d’équipes et de joueurs. On peut ainsi l’entendre hurler d’euphorie en plein match après des buts, comme dans cette compilation, ou prendre un air abattu après une occasion manquée.

Ce commentateur renommé a couvert des compétitions nationales et internationales dans le monde entier, notamment la Premier League anglaise, la Ligue des champions et la Coupe du monde. 

Connu dans la région comme la « voix du football », il délivre des commentaires débordant d’émotion, donnant parfois l’impression qu’il est presque en larmes

Aujourd’hui, Fahad al-Otaibi ne commente plus le football : il a quitté ses fonctions au Qatar avec plusieurs collègues pendant le blocus de 2017 après avoir été prié de retourner en Arabie saoudite. Il propose désormais des analyses passionnées de compétitions de golf.

Ceux qui regrettent l’intensité de ses envolées footballistiques peuvent encore entendre sa voix dans des mèmes en ligne et sur le jeu vidéo PES 2018

5. Raouf Ben Khelif (Tunisie) 

Célèbre pour ses commentaires tapageurs et enthousiastes, Raouf Ben Khelif est connu pour son interaction avec les supporters sur son compte Instagram, qui compte plus de 360 000 abonnés.

Ce commentateur a commencé sa carrière en France, en tant que correspondant pour plusieurs journaux français, avant de passer derrière l’écran en rejoignant une chaîne satellite tunisienne.

Sa carrière l’a ensuite amené à couvrir le championnat italien pour Al Jazeera, avant de devenir le commentateur vedette de beIN Sports. 

Si ses exclamations énergiques font parfois le tour de Twitter, de YouTube et des autres réseaux sociaux, il est surtout célèbre pour ses réactions aux buts marqués par le génie argentin Lionel Messi.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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