Les Iraniennes ont un nouvel outil pour lutter contre la surveillance des femmes : les serviettes hygiéniques

Après que les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des voyageurs dans une station de métro de Téhéran, les Iraniennes ont réagi avec un nouvel outil pour empêcher les autorités de les surveiller et d’appliquer le code vestimentaire imposé aux femmes : les protections hygiéniques.
Plusieurs images circulent sur les réseaux sociaux montrant des serviettes hygiéniques collées sur les caméras de surveillance dans les stations de métro et dans les rames, obstruant leur champ.
Les internautes saluent ce moyen d’expression contre la surveillance et le contrôle des femmes, qui sont à l’avant-garde de la série de manifestations qui secouent le pays depuis septembre, après la mort de Mahsa Amini en garde à vue.
Cette jeune Kurde de 22 ans avait été arrêtée à Téhéran parce qu’elle aurait mal porté son hijab et, selon sa famille, elle est décédée après avoir été frappée par la police.
À côté de certaines caméras de sécurité recouvertes sont écrits les noms de dissidents politiques iraniens qui ont été emprisonnés ou tués lors des manifestations.
Dans l’un des tweets, le nom de « Hossein Ronaghi » est écrit en persan à côté d’une caméra obstruée.
Il s’agit d’un célèbre activiste arrêté en septembre après s’être exprimé contre la répression des manifestants protestant contre la mort de Mahsa Amini. L’activiste emprisonné est actuellement en grève de la faim.
Traduction : « Les gens couvrent les caméras de surveillance dans les transports publics iraniens avec des serviettes hygiéniques. Y a-t-il une meilleure déclaration en matière de genre, de surveillance et de résistance ? #حسین_رونقی à côté est un rappel que la résistance existe également dans les cyberespaces malgré la cybersurveillance. »
Les Iraniens saluent l’utilisation des produits hygiéniques pour s’opposer aux autorités, y voyant un moyen approprié pour les manifestants de réclamer l’abrogation de la loi sur le hijab et de la « police des mœurs » qui impose aux femmes des règles strictes en matière de tenue vestimentaire. Le cycle menstruel des femmes est souvent jugé tabou en Iran.
Traduction : « J’ai caché à tous mon cycle menstruel pendant des mois parce que c’était tabou en #Iran. Imaginez acheter des serviettes ! On doit les mettre dans un plastique noir. C’est réconfortant de voir que les #femmes les utilisent pour recouvrir les caméras de sécurité du régime. »
Répression dans le métro
Iran Human Rights, organisation basée à Oslo, a annoncé mercredi que les forces de sécurité avaient tué au moins 342 personnes, dont 43 enfants et 26 femmes, depuis le début du mouvement de protestation.
Mercredi, des images d’agents de sécurité ouvrant le feu sur une foule sur un quai du métro a circulé sur les réseaux sociaux. Ces vidéos, vérifiées par l’AFP, montrent des passagers fuir vers les sorties, trébuchant les uns sur les autres dans la bousculade.
Traduction : « Les forces de sécurité iraniennes ont ouvert le feu à plusieurs reprises sur une foule de manifestants dans une station du métro de Téhéran aujourd’hui. Les habitants de Téhéran scandent fréquemment des slogans contre le régime dans les stations de métro de la ville lors des manifestations. »
D’autres vidéos publiées sur les réseaux sociaux semblent montrer des Iraniens manifester sur un quai, avec des femmes qui brûlent leurs foulards et scandent des slogans tels que : « Vous êtes immoraux ! Vous êtes indignes ! Je suis la femme libre ! » et « Mort au dictateur ! »
Traduction : « Les manifestants dans le métro de Téhéran mettent le feu à un foulard et scandent que le Guide suprême de l’Iran “sera renversé” cette année alors que les manifestations nationales contre le régime entrent dans leur 9e semaine. »
Traduction : « 15 novembre. Téhéran, station de métro Théâtre municipal. ‘’Vous êtes immoraux ! Vous êtes indignes ! Je suis la femme libre !’’. »
Certaines vidéos montrent des policiers battre hommes et femmes sur le quai du métro, ainsi que dans les rames.
Traduction : « Inhumain ! Des forces de sécurité ainsi que des policiers en civil ont fait irruption dans une rame à Téhéran et ont violemment agressé les gens. Ces gens ne constituent pas une menace. Mais le régime a recours à la force excessive pour créer la peur et terroriser la population, en vain. »
Traduction : « Aujourd’hui, 16 novembre 2022. Station de métro Théâtre municipal à Téhéran. Des agents de sécurité ont violemment agressé les manifestants. Attaquant une personne dans un groupe à la fois. En outre, une policière (qui porte un tchador) attrape une jeune femme pour l’emmener. »
Middle East Eye n’a pas pu procéder à une vérification indépendante de ces images.
Mardi, les Iraniens se sont rassemblés dans les grandes villes du pays, dont Téhéran, Tabriz, Ispahan et Machhad, pour commémorer le 3e anniversaire du « novembre sanglant », durant lequel des centaines de personnes avaient été tuées lors de manifestations après une flambée du prix de l’essence.
De nombreux travailleurs, y compris les sidérurgistes d’Ispahan, ont rejoint les manifestations en faisant grève.
Les manifestations à l’occasion de l’anniversaire de la répression de 2019 sont les plus importantes et généralisées depuis le début du mouvement de contestation qui a débuté le 16 septembre après la mort de Mahsa Amini.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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