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JO de Tokyo : la médaille d’une soldate israélienne entraîne un vif débat sur le boycott

La médaille de bronze remportée par Avishag Semberg a suscité des critiques de la part d’activistes propalestiniens et ravivé le débat sur le boycott des athlètes israéliens aux JO
La taekwondoïste israélienne Avishag Semberg célèbre sa victoire après avoir remporté la médaille olympique de bronze à Tokyo, le 24 juillet 2021 (AFP)

La taekwondoïste israélienne qui a gagné une médaille olympique plus tôt cette semaine a repris son service militaire, ravivant les discussions sur internet quant à savoir si les athlètes devraient refuser d’affronter Israël ou non. 

Avishag Semberg a remporté la médaille de bronze dans la catégorie des femmes de moins de 49 kilos, première Israélienne à remporter une médaille olympique en taekwondo et plus jeune médaillée israélienne. 

Mercredi, Semberg (19 ans) a repris son service actif sur la base militaire du Commandement du front intérieur, où elle a été accueillie par le chef d’état-major Aviv Kochavi. 

« C’est la première soldate de l’armée israélienne à remporter une médaille olympique », a tweeté l’armée israélienne, avec une vidéo de l’athlète visitant le siège de l’armée à Alon, une colonie illégale israélienne en Cisjordanie occupée.

« Le chef d’état-major l’a remerciée pour ses réalisations impressionnantes aux Jeux olympiques et l’a félicitée pour sa victoire. Avishag, l’armée israélienne est fière de toi ! »

Traduction : « Athlète, soldate de l’armée israélienne et maintenant médaillée olympique – y a-t-il quelque chose qu’elle ne peut pas faire ?
Soldate du Commandement du front intérieur, Cpl. Avishag est entrée dans l’histoire en remportant la première médaille israélienne de taekwondo aux JO. »

Cette interaction a suscité une vive réaction des activistes propalestiniens.

« J’attends avec impatience le jour où Israël sera interdit de Jeux olympiques précisément pour cette affreuse réalité », écrit un Palestinien. 

« Ses collègues de l’armée viennent de tirer sur un Palestinien de 12 ans et de le tuer », indique la journaliste Yunna Patel, en référence à l’enfant abattu par les forces israéliennes au nord-ouest de Hébron mercredi. 

« La cause palestinienne, plus importante que le sport »

Plusieurs internautes estiment que ce développement montre pourquoi certains athlètes choisissent de se retirer de la compétition olympique afin d’éviter d’affronter les Israéliens. 

« Elle est de retour à sa base pour reprendre les JO de l’oppression raciste des Palestiniens », commente l’activiste Abier Khatib.

« Vous voyez, c’est la raison pour laquelle les athlètes soudanais et algériens se sont retirés des Jeux olympiques. Ils refusent de donner une légitimité aux agresseurs, pas [parce qu’]ils sont antisémites. »

Traduction : « Voilà pourquoi nous louons les athlètes qui boycottent l’occupation d’apartheid aux Jeux olympiques. Ils refusent de normaliser les crimes de guerre et le génocide. Soutenez la Palestine. BDS [Boycott, désinvestissement, sanctions]. »

La semaine dernière, le judoka algérien Fethi Nourine s’est retiré de Tokyo 2020 pour éviter un affrontement potentiel avec l’Israélien Tohar Butbul dans la catégorie des hommes de -73 kilos. 

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« Nous avons travaillé dur pour nous qualifier pour les Jeux, mais la cause palestinienne est plus importante que ça », a déclaré Nourine. 

« Ma position à l’égard du problème palestinien est cohérente et je rejette la normalisation et, si ça me coûte cette absence aux Jeux olympiques, Dieu le compensera. » 

L’athlète et son coach ont depuis été suspendus par la Fédération internationale de judo et feront l’objet d’actions disciplinaires. 

Un second judoka, le Soudanais Mohammed Abdalrasool, a lui aussi abandonné la compétition. Les responsables soudanais n’ont pas commenté immédiatement la raison de son retrait. 

Le Soudan est l’un des pays arabes à avoir normalisé ses relations avec Israël l’année dernière. 

Une athlète saoudienne exhortée à affronter une Israélienne

Dans le même temps, les commentateurs saoudiens ont encouragé la judoka Tahani al-Qahtani avant sa rencontre avec son opposante israélienne Raz Hershko ce vendredi, exhortant leur athlète à ne pas se retirer.

« J’espère que notre héroïne saoudienne ne va pas se retirer de la compétition sportive contre l’athlète israélienne », a déclaré le célèbre intellectuel saoudien Turki al-Hamad.

« Après tout, ce n’est qu’un sport et Israël ne cessera pas d’exister à cause d’un tel retrait. Quant aux mauvaises langues, elles resteront dans le bourbier du mal, qu’elle se retire ou qu’elle combatte. »

Les hashtag « Tahani al-Qahtani » et « Nous sommes tous Tahani al-Qahtani » sont devenus tendance en Arabie saoudite avant la compétition, les internautes lui offrant leur soutien. 

Traduction : « Nous sommes avec Tahani et sa décision d’affronter quiconque !! Notre patrie est une priorité et ses intérêts priment sur tout, et tous les problèmes de ce monde sont à des années-lumière de nos priorités ! »

https://twitter.com/Najat_AlSaeed/status/1419276962938331139?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E14192769629383

Traduction : « Bonne chance #تهاني_القحطاني On te soutient tous. Ne te retire pas. Sois ferme et résolue. Tu entres dans l’histoire que tu l’emportes ou que tu perdes »

Plusieurs commentateurs saoudiens ont rapidement fait valoir que la taekwondoïste turque Rukiye Yıldırım avait affronté l’Israélienne Semberg lors de la petite finale sans susciter autant de réactions sur les réseaux sociaux.

« Il est possible pour les Turcs d’affronter les Israéliens, mais c’est interdit à l’Arabie saoudite », a ironiquement déclaré le journaliste Abdul Aziz al-Khames.  

L’Arabie saoudite n’a pas encore normalisé ses relations avec Israël. Cependant, les deux pays ont forgé de forts liens secrets ces dernières années. La Turquie reconnaît quant à elle ouvertement Israël depuis 1949, bien que leurs relations se soient tendues ces dernières années.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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