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Syrie : le cousin de Bachar al-Assad repéré à Los Angeles avec un mannequin israélien

Ali Makhlouf, fils d’un magnat syrien faisant l’objet de sanctions, a été repéré sur les réseaux sociaux au volant d’une Ferrari à 300 000 dollars à Beverly Hills
Ali Makhlouf publie régulièrement des photos sur les réseaux sociaux, posant souvent torse nu, faisant la fête à Dubaï ou conduisant de luxueuses voitures de sport (Instagram)
Par MEE

Un cousin du président syrien Bachar al-Assad, dont le père figure sur de multiples listes de sanctions américaines, a été repéré au volant d’une Ferrari à 300 000 dollars à Los Angeles aux côtés d’une femme qui ressemble à un mannequin israélien, signale Vice News.

Ali Makhlouf, fils de l’homme d’affaires syrien Rami Makhlouf, a été filmé dans le quartier huppé de Beverly Hills par Daniel Mac, qui anime des émissions sur YouTube, TikTtok et Instagram, dans lesquelles il demande à de riches conducteurs ce qu’ils font dans la vie.

Makhlouf et sa passagère à lunettes de soleil semblent être pris par surprise lorsqu’il les interroge et qu’ils réalisent qu’ils sont filmés. MEE n’a pas pu confirmer de manière indépendante l’identité de cette femme, bien qu’elle ressemble à un mannequin de Tel Aviv.

« Je travaille », indique le jeune Syrien. Devant l’insistance du vidéaste, Makhlouf ajoute en souriant : « Je fais un stage. »

La jeune femme ricane presque tout au long de la vidéo, assise au côté de Makhlouf.

Certaines réponses à la vidéo postée sur YouTube sont véhémentes. « Le visa de mon frère pour étudier dans une université américaine a été refusé, mon ami a été invité par le MIT [Massachusetts Institute of Technology] mais a vu son visa refusé, mais ce criminel de guerre peut pénétrer aux États-Unis avec tout l’argent que son père a volé au peuple syrien et profiter de la vie là-bas ?! C’est quoi ce bordel ?! », commente un internaute.

Le gouvernement de Bachar al-Assad considère Israël comme un pays hostile et a autorisé des groupes tels que le Hezbollah et les Gardiens de la révolution iranienne à établir une présence en Syrie. Israël mène fréquemment des frappes aériennes contre ces groupes armés.

Grâce à ses relations étroites avec le gouvernement, le père d’Ali, Rami Makhlouf, contrôlait un réseau de sociétés dans les secteurs du pétrole, du bâtiment, de la banque, de l’aérien et des télécommunications, qui lui ont fait gagner une fortune estimée à plusieurs milliards de dollars.

En tant qu’allié d’Assad, Makhlouf a garanti la circulation de dollars et d’importations essentielles telles que le carburant vers Damas au pic de la guerre, aidant le pays à échapper aux sanctions.

En outre, il s’est servi de sa position au sein du cercle intime d’Assad pour se créer une base de pouvoir personnelle, finançant des milices et un réseau d’organisations venant en aide à d’anciens combattants pro-gouvernementaux et leur famille.

« C’est une location »

Ces dix dernières années, la famille Makhlouf a amassé des millions de dollars, alors que le taux de pauvreté dans le pays s’est envolé à 80 %.

Le Bureau central syrien des statistiques a signalé un taux d’inflation moyen de 200 % l’année dernière et la hausse des prix a rendu inaccessibles des produits de base pour de nombreux Syriens ordinaires. L’ONU a prévenu en début d’année que 60 % de la population n’avait pas accès à suffisamment de nourriture. 

Makhlouf a connu un revers de fortune l’année dernière lorsqu’il a été assigné à résidence à Damas dans le cadre d’un racket organisé par le gouvernement à court de liquidités contre de riches hommes d’affaires.

Par ailleurs, des spéculations ont été faites à propos de l’arrestation de Makhlouf, qui serait le résultat d’une querelle intestine au sein de la famille Assad. On dit aussi qu’il serait dans le viseur de l’épouse du président syrien, Asma al-Assad.

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Dans une rare manifestation de dissension, l’homme d’affaires a protesté sur Facebook en mai 2020 contre la saisie de ces sociétés et a nié les accusations d’évasion fiscale et de manipulation le concernant.

L’apparence fatiguée et débraillée de Makhlouf dans ces vidéos contrastaient énormément avec les images que ses jeunes fils sont prompts à exposer à leurs milliers d’abonnés sur les réseaux sociaux.

Ses fils Ali et Mohamed ont tous deux déménagé aux Émirats arabes unis au début du conflit syrien, et publient régulièrement sur les réseaux sociaux, posant souvent torse nu, faisant la fête à Dubaï ou conduisant de luxueuses voitures de sport.

Rami Makhlouf a été sanctionné par les États-Unis en 2008 pour s’être servi de ses relations étroites avec le gouvernement Assad pour promouvoir ses intérêts commerciaux et intimider d’autres entreprises.

On ne sait pas exactement comment Ali Makhlouf a pu se rendre aux États-Unis et comment il a accédé à ces fonds. Avant d’être chassé du conseil d’administration de sa société de télécommunications Syriatel, Rami Makhlouf avait désigné Ali comme directeur général délégué du groupe.

Interrogé sur la provenance de l’argent qui a servi à acheter la Ferrari aux États-Unis, Ali Makhlouf a répondu : « C’est une location. »

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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