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Emmanuel Macron peu susceptible de se rendre en Turquie tant que les tensions persistent

Selon des sources françaises, les désaccords sur des questions telles que la Méditerranée orientale doivent être aplanis avant que Macron n’accepte l’invitation d’Erdoğan
Poignée de main entre le président turc Recep Tayyip Erdoğan et son homologue français Emmanuel Macron à l’occasion du sommet des dirigeants du G20 à Bali, le 15 novembre (Reuters)
Par Ragip Soylu à PARIS, France

Le président français Emmanuel Macron ne devrait pas se rendre en Turquie en dépit de l’invitation ouverte adressée cette année par le président turc Recep Tayyip Erdoğan, signe que les divergences entre les deux pays sont encore trop importantes pour être surmontées.

La Turquie et la France entretiennent des relations délicates depuis quelques années, notamment au sujet de la Méditerranée orientale et de la Syrie. Les deux dirigeants ont même échangé des invectives : Erdoğan a ainsi déclaré que Macron se trouvait en état de « mort cérébrale ». Mais cette période de non-engagement a pris fin l’année dernière avec un échange de lettres visant à réparer les liens.

En octobre, Recep Tayyip Erdoğan a déclaré avoir rencontré son homologue français en marge du sommet de la Communauté politique européenne dirigé par la France et l’avoir invité à une visite. « Il m’a demandé s’il pouvait venir après le sommet du G-20 en Indonésie [en novembre] et je lui ai dit de venir avec son épouse, qui s’entend bien avec la mienne », avait alors déclaré le dirigeant turc.

Interrogées par un groupe de journalistes, des sources françaises au fait des discussions indiquent que la visite d’Emmanuel Macron à Ankara est peu probable. D’après les sources, les deux pays sont toujours en négociations pour résoudre divers désaccords, faute de quoi cette visite ne serait d’aucune utilité.

« Cher Tayyip » : échange de lettres entre Erdoğan et Macron pour réparer les liens
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Les prochaines élections présidentielles turques, prévues en juin, constituent un autre facteur. Les sources interrogées souhaiteraient éviter qu’une visite présidentielle officielle ait lieu à un moment trop proche des élections, ce qui pourrait avoir un impact sur la politique intérieure turque.

En Méditerranée orientale et en mer Égée, la Turquie et la France sont en désaccord au sujet des frontières maritimes et des tensions entre Ankara, la Grèce et Chypre.

D’après les sources, la Turquie menace la souveraineté de la Grèce et de Chypre, ce qui attise les tensions et éloigne Ankara de l’Union européenne.

Les sources, qui soutiennent qu’une solution à deux États à Chypre est contraire aux paramètres fixés par les Nations unies, affirment que l’appel d’Erdoğan en vue d’une conférence sur la Méditerranée orientale est toujours sur la table. Par ailleurs, ajoutent-elles, la France serait prête à faire tout ce qui est nécessaire pour poursuivre des intérêts communs.

Les sources soulignent également que la proposition de la Turquie en faveur d’une conférence et d’un dialogue est conforme aux objectifs français, tant que les tensions ne sont pas amenées à la table.

La France ne dispose pas d’un programme distinct sur ces questions et souhaite une solution conforme aux paramètres fixés par l’ONU, précisent les sources.

Au début du mois, Emmanuel Macron a également proposé l’organisation « avant la fin de l’année » d’un sommet régional consacré aux opérations militaires turques et iraniennes contre les groupes kurdes en Syrie et en Irak. D’après les sources, cette rencontre est toujours en cours de planification et ne devrait pas avoir lieu avant la fin de l’année.

La France considère les partenariats économiques et commerciaux comme deux des principaux piliers de sa relation avec la Turquie.

L’exemple le plus récent de cette coopération est la signature le 30 novembre à Paris du protocole de la 7e réunion de la Commission mixte Turquie-France pour l’économie et le commerce (JETCO), qui vise à accroître le commerce et les investissements bilatéraux.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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