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« Nous sommes tous orphelins » : la mort du chanteur Idir, légende de la musique kabyle, bouleverse les Algériens

Depuis l’annonce du décès du chanteur algérien, samedi soir, les témoignages se multiplient pour saluer un « immense » artiste, « humaniste » et « engagé »
Idir en concert à Rabat, le 26 mai 2011 (AFP)
Par MEE

« Nous sommes tous orphelins ». « C’est un peu de notre histoire qui s’en va ». « Il aura bercé nos vies ». « Quel immense chagrin ». C’est une pluie d’hommages qui est tombée toute la nuit sur les réseaux sociaux après l’annonce du décès, samedi soir à Paris, du chanteur algérien Idir, à l’âge de 70 ans. 

Il était l’un des principaux ambassadeurs de la chanson algérienne et kabyle à travers le monde et l’interprète du célèbre « A Vava Inouva ».

« J’ai appris avec une immense tristesse la nouvelle du décès » d’Idir, « une icône de l’art algérien », a salué dans un tweet le président algérien Abdelmadjid Tebboune. « Avec sa disparition, l’Algérie perd un de ses monuments ». Sur les réseaux sociaux, les Algériens sont nombreux à demander réclamer un hommage national. 

https://www.facebook.com/malek.bensmail.7/posts/10157671035942600
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« Idir est un nom à inscrire en lettres d’or dans l’histoire culturelle de l’Algérie », affirme le journaliste Fayçal Métaoui. « J’ai assisté à ses répétitions au siège de la Radio nationale, à Alger, jusqu’à tard dans la nuit. J’ai attendu plus de trois heures en écoutant Idir, avec son calme légendaire, préparer le programme intense de son concert, organisé sous le signe des retrouvailles, quarante ans après. Il a interrompu son dîner pour répondre à des questions en s’excusant. J’ai assisté au concert à la Coupole du 5-Juillet. Une coupole archicomble. Un monde fou. Idir était d’une incroyable générosité sur scène. »

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De son vrai nom Hamid Cheriet, Idir était né le 25 octobre 1949 à Aït Lahcène, près de Tizi-Ouzou, capitale de la Grande-Kabylie.

Alors qu’il se destinait à être géologue, un passage en 1973 sur Radio Alger change le cours de sa vie : il remplace au pied levé la chanteuse Nouara, et sa chanson en langue berbère « A Vava Inouva », qui évoque les veillées dans les villages kabyles, fait le tour du monde à son insu pendant qu’il fait son service militaire. 

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« Je suis arrivé au moment où il fallait, avec les chansons qu’il fallait », racontait en 2013 à l’AFP Idir, imprégné dès son enfance par les chants qui rythmaient tous les moments de la vie quotidienne.

Il rejoint Paris en 1975 pour produire son premier album, également intitulé « A Vava Inouva », puis disparaît de la scène pendant dix ans, de 1981 à 1991, mais sa carrière est ensuite relancée.

À l’automne 1999, profitant de l’élan donné par ses compatriotes Cheb Mami et Khaled, il signe son retour discographique avec l’album « Identités », où il propose un mélange de chaâbi, la musique algéroise, et de rythmes empruntés aux genres occidentaux.

À l’image de son désir du mélange des cultures, il y chante avec des musiciens de différents horizons culturels, musicaux ou géographiques, comme Manu Chao, Dan Ar Braz, Zebda, Maxime Le Forestier ou Gnawa Diffusion, Gilles Servat, Geoffrey Oryema et l’Orchestre national de Barbès.

https://www.facebook.com/safy.boutella/posts/10218562503468086
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« Merci pour toutes les merveilles que tu as composées ; merci d'avoir contribué à l’enrichissement de notre musique et de notre culture ; merci d’avoir chanté l’identité sans jamais la dissocier de l’ouverture et de la tolérance », témoigne l’écrivaine Lynda Chouiten. 

En 2007, il avait publié l’album « La France des couleurs », en pleine campagne pour l’élection présidentielle française marquée par des débats sur l’immigration et l’identité.

En janvier 2018, le chanteur, qui militait pour la reconnaissance de l’identité culturelle de la Kabylie, était revenu chanter à Alger pour le nouvel an berbère Yennayer après une absence de 38 ans. 

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Dans une interview au Journal du dimanche, en avril 2019, il évoquait les manifestations populaires en Algérie et le départ d’Abdelaziz Bouteflika.

« J’ai tout aimé de ces manifestations : l’intelligence de cette jeunesse, son humour, sa détermination à rester pacifique. J’avoue avoir vécu ces instants de grâce depuis le 22 février comme des bouffées d’oxygène. Atteint d’une fibrose pulmonaire, je sais de quoi je parle », disait-il. « De toute façon, nous sommes condamnés à réussir. Continuons donc à réfléchir en termes de nation algérienne vers le progrès. Si nous restons unis, rien ni personne ne pourra nous défaire ».

https://www.facebook.com/soufiane.djilali.9/posts/3186018021416428

Idir, qui avait été hospitalisé vendredi à Paris, a succombé à une maladie pulmonaire et devrait être enterré en région parisienne, selon son entourage proche.

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