Algérie : le meurtre d’un étudiant en médecine choque l’opinion
L’Algérie est encore sous le choc de l’assassinat d’un étudiant algérien, Assil Betala, tué dimanche 10 février dans sa chambre à la cité universitaire de Ben Aknoun, sur les hauteurs d’Alger.
Originaire de l’est algérien, ce jeune étudiant en troisième année de médecine a été retrouvé gisant dans son sang, qui avait par ailleurs servi à écrire sur les murs « He is gay » (il est gay), ont rapporté certains médias.
Selon le quotidien Liberté, qui cite le directeur de la cité universitaire, il s’agirait d’une affaire « entre deux camarades de la faculté de médecine ».
« Une bagarre a éclaté et a causé la mort de l’un d’eux. Les agents de la sécurité ont vu le camarade de la victime sortir en vitesse de la résidence au volant de la voiture de Assil. Ils l’ont arrêté et lui ont retiré les documents de la voiture avant qu’il ne prenne la fuite », témoigne le même responsable sur une télévision privée.
Le lendemain, lundi, des centaines d’étudiants ont organisé un sit-in à la faculté de médecine de Ben Aknoun. Choqués par le meurtre, ils ont aussi dénoncé l’insécurité dans les résidences universitaires.
Ces critiques, nombreuses aussi sur les réseaux sociaux ont fait réagir le directeur de la cité universitaire : « La cité n’est pas une caserne militaire pour fouiller les étudiants », s’est-il défendu. Il a par ailleurs précisé que « le suspect est un camarade de la victime et non pas un étranger ».
Le père de la victime a aussitôt répondu : « La sécurité n’est pas assurée à la cité universitaire comme me l’ont confirmé certaines personnes. La cité est même devenue même un lieu d’hébergement pour des personnes étrangères ».
L’association Rassemblement action jeunesse (RAJ) a, dans un communiqué, condamné l’assassinat et la violence dans le milieu universitaire. « Quelques jours seulement après l’assassinat de l’étudiant originaire du Zimbabwe à la sortie d’une cité universitaire à Annaba, voilà que la communauté universitaire est plongée encore dans le deuil. Décidément on n’en finit pas avec la violence au milieu universitaire ».
Le 6 février, Prosper Nduszo, étudiant zimbabwéen en électrotechnique était assassiné à Annaba (est) à la sortie de la cité universitaire. Selon les médias, l’agresseur aurait voulu lui voler son téléphone portable.
Pour sa part, l’association algérienne de défense des droits des LBGT, Alouen (couleurs) rappelle que « cet acte ignoble et nourri de sentiments homophobes se produit deux semaines après les déclarations du président du syndicat des magistrats algériens, M. Laïdouni, qui a déclaré que les associations des droits humains et les ONG qui demandent la décriminalisation de l’homosexualité en Algérie et la lutte contre l’homophobie, sont en train de ‘’piétiner les valeurs et fondements du peuple algérien’’ ».
La même ONG rappelle que « le Premier ministre Ouyahia, interrogé par une journaliste allemande sur les droits des homosexuels et la lutte contre l’homophobie en Algérie, a affiché son refus de traiter de cette question, car selon lui, ‘’l’Algérie est une société qui a ses traditions’’ et que ‘’nous ne sommes pas pris dans un courant universel d’évolution’’ ».
« Cette homophobie institutionnelle et étatique se banalise. Et l’incitation à la haine contre les minorités sexuelles en Algérie devient une monnaie courante pour faire le buzz et verser dans le populisme », soutient Alouen.
Middle East Eye propose une couverture et une analyse indépendantes et incomparables du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et d’autres régions du monde. Pour en savoir plus sur la reprise de ce contenu et les frais qui s’appliquent, veuillez remplir ce formulaire [en anglais]. Pour en savoir plus sur MEE, cliquez ici [en anglais].