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« Traîtres, mercenaires, homosexuels et efféminés » : les propos d’un ministre algérien contre l’opposition choquent le pays 

À moins de dix jours d’une présidentielle rejetée par le mouvement populaire, ce dérapage a créé une onde de choc dans la population
Salah Eddine Dahmoune, ministre algérien de l’Intérieur (Facebook)

Le ministre algérien de l’Intérieur, Salah Eddine Dahmoune, s’en est pris violemment, mardi, aux opposants à la présidentielle contestée du 12 décembre en Algérie, qu’il a traités de « traîtres, mercenaires, homosexuels et efféminés », inféodés aux « colonialistes ».

https://www.facebook.com/elbilad/videos/456721688380466/

Diffusés par des chaînes de télévision privées, les propos du ministre, qui s’exprimait devant le Conseil de la nation, la chambre haute du Parlement, ont été immédiatement relayés sur les réseaux sociaux, où ils suscitent des réactions très majoritairement scandalisées.

https://www.facebook.com/abed.charef/posts/10157206980279425
https://www.facebook.com/semiane.sidahmed/posts/10221132639772224

Salah Eddine Dahmoune, qui a été nommé par le président déchu Abdelaziz Bouteflika, comme l’ensemble de l’actuel gouvernement Bedoui, a été convoqué à la présidence algérienne mardi en fin de journée, selon des médias. 

« Aujourd’hui, il subsiste une pensée colonialiste qui utilise une partie des Algériens ou plutôt pseudo-Algériens, des traîtres, des mercenaires, des homosexuels. Nous les connaissons. Ces derniers se sont rangés derrière ces gens-là. Ils ne sont pas avec nous et nous ne sommes pas avec eux », a déclaré le ministre, sans nommer explicitement ceux qu’il vise.

Il a ensuite cité des écrits de Cheikh Bouamama et Abdelhamid Ibn Badis, nationalistes algériens des XIXe et XXe siècles, appelant à combattre la France coloniale, et a ajouté : « Nous devons être unis et donner une leçon, le 12 décembre, pour démontrer l’unité du peuple algérien et protéger notre indépendance ».

https://www.facebook.com/hamdi.sellami/posts/10156747398737717

La présidentielle du 12 décembre doit élire un successeur à Abdelaziz Bouteflika, contraint à la démission en avril par un mouvement populaire de contestation inédit, qui revendique désormais le démantèlement total du « système » au pouvoir depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962.

Le hirak et une très large partie de la population s’opposent à la tenue de la présidentielle, perçue comme organisée pour assurer la survie du « système », dont sont issus les cinq candidats.

https://www.facebook.com/kahina.awress/posts/2497859530486767

Plusieurs sites d’information en ligne, traditionnellement favorables au hirak, dénoncent un « grave dérapage du ministre », des « propos surréalistes » ou « indignes ».

https://www.facebook.com/salah.badis.3/posts/2595727087175211

Traduction : « L’amour finit toujours par triompher »

Sur sa page Facebook, le ministre de l’Intérieur s’est défendu en indiquant que « ses propos [avaient] été sortis de leur contexte » et qu’il « ne visait qu’une minorité d’Algériens ». 

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