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Contre la politique antimigration du gouvernement, les Belges se mobilisent

En Belgique, la Plateforme citoyenne de soutien aux réfugiés est devenue un acteur incontournable de la question migratoire. Ce mouvement solidaire et indépendant est né de l’indignation contre une politique gouvernementale jugée discriminatoire
Chaîne humaine organisée à Bruxelles contre les opérations de police pour interpeller les migrants (Facebook/Plateforme citoyenne de soutien aux réfugiés Bruxelles/Julien Bauwens)

La Plateforme citoyenne vient de remporter le prix du Bruxellois de l’année 2017, toutes catégories confondues, remis par les principaux médias belges (la chaîne de télévision BX1 avec le soutien de la RTBF, Le Soir et Vlan).

La Plateforme citoyenne est une initiative de soutien aux réfugiés née entre 2015 et 2017 dans le parc Maximilien. Ce parc, situé à proximité des gares et de l’Office des étrangers à Bruxelles, est le point de rendez-vous des primo-arrivants en attente de régularisation mais aussi des collectifs de citoyens qui souhaitent apporter de l’aide aux réfugiés.

La page Facebook  de ce mouvement solidaire et indépendant compte plus de 45 000 abonnés et son groupe Facebook « Hébergement plateforme citoyenne », 39 000 membres. Soit autant de volontaires potentiels qui s’organisent pour fournir de l’aide aux réfugiés et planifier leur hébergement.

Les témoignages des « hébergeurs » du groupe se multiplient, encourageant ainsi les autres membres à rejoindre le mouvement, ou simplement partager l’émotion de recevoir un réfugié chez soi.

C’est le cas de Jeno Pido, qui témoigne de son expérience : « On ne peut pas aller contre nos sentiments. Je crois que l’on peut dire que nous l’aimons très fort. On ne rencontre jamais les gens par hasard, cette rencontre est formidable. »

(Capture d’écran/Facebook Hébergement Plateforme citoyenne)

C’est un simple tweet de Théo Francken, le secrétaire d'État à l'Asile et à la Migration, le 14 septembre 2017, qui a été à l’origine de l’engouement pour la Plateforme citoyenne. Il s’y félicitait de façon brutale des arrestations de tous les migrants fréquentant le parc Maximilien en employant le mot flamand opkuizen, qui signifie « nettoyer ».

Traduction : « Ce matin, quatorze personnes arrêtées au parc Maximilien, neuf à la gare du Nord, trois déclarées mineures. Selon la police, il n'y a quasi plus personne dans le parc. #nettoyer »

Ce vocabulaire hygiéniste a choqué l’opinion publique jusqu’à provoquer des remous dans la sphère politique belge. Catherine Fonck, députée fédérale, a notamment vivement réagi.

Pour Mehdi Kassou, porte-parole de la Plateforme citoyenne, « plus la politique migratoire de Théo Francken s’endurcit, plus la solidarité citoyenne s’amplifie », explique à Middle East Eye cet ancien entrepreneur, qui a tout abandonné pour s’occuper de la plateforme.

Il se réjouit que cette dernière « remette la question migratoire au cœur du débat politique et donne au citoyen la possibilité de faire bouger les lignes », et que « la mobilisation citoyenne permette d'obtenir des avancées aux différents niveaux de pouvoir en Belgique ».

Malgré cette mobilisation citoyenne, le secrétaire d'État à l'Asile et la Migration a annoncé un projet autorisant les visites chez les particuliers en vue d'arrêter les personnes en séjour irrégulier sur le territoire belge.

« Le principal objectif de Théo Francken est de casser l’élan de solidarité », commente Mehdi Kassou. « Des citoyens à travers toute la Belgique interpellent leurs autorités locales pour se mobiliser contre ce projet de loi. La mobilisation citoyenne continuera », assure-t-il.

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