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Des avions de combat russes frappent Idleb tandis que les rebelles se préparent à l’assaut

Des frappes aériennes russes le long de la frontière entre les provinces de Lattaquié et d’Idleb ont suivi une attaque rebelle sur une position gouvernementale qui a tué trois combattants
Des combattants du Front national de libération se reposent dans une maison dans le village d’Abou Dali, sur le front (AFP)

La Russie a repris mardi ses frappes aériennes dans le nord-ouest de la Syrie avant l’attaque prévue par les forces progouvernementales sur la province d’Idleb, contrôlée par les rebelles.

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), organisme de surveillance en faveur de l’opposition basé au Royaume-Uni, les avions de combat russes ont effectué une trentaine de raids ciblant seize zones de la région frontalière entre les provinces d’Idleb et de Lattaquié.

Les raids faisaient suite à des attaques de rebelles syriens sur des positions pro gouvernementales à Lattaquié, lesquelles ont tué trois combattants, a précisé l’Observatoire.

L’agence de presse Reuters a également signalé des frappes aériennes près de la ville de Jisr al-Choghour, dans l’ouest d’Idleb, citant une source rebelle.

Ces raids sont les premiers menés par la Russie depuis la mi-août, bien que les forces progouvernementales aient continué à bombarder les positions des rebelles, a indiqué l’Observatoire.

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Idleb est le dernier bastion d’un groupe d’environ 70 000 rebelles qui ont été rassemblés dans la province à mesure que le gouvernement syrien a progressivement repris le territoire revendiqué par les groupes d’opposition depuis le début du soulèvement contre le président syrien Bachar al-Assad en 2011.

Parmi eux figurent divers groupes alignés sous la bannière d’Hayat Tahrir al-Sham, dirigé par l’ancienne branche syrienne d’al-Qaïda, le Front national de libération nouvellement formé – une alliance turque réunissant Ahrar al-Sham, Noureddine al-Zinki et quatre autres factions rebelles – et l’armée nationale formée par les Turcs, estimée à 35 000 combattants de divers groupes rebelles.

L’armée turque a également établi une série de postes d’observation le long de la frontière entre Idleb et le territoire contrôlé par le gouvernement syrien.

La province est aussi un refuge pour des centaines de milliers de Syriens déplacés qui ont fui les combats ailleurs dans le pays ou qui ont été évacués de zones autrefois contrôlées par les rebelles, notamment Alep et la Ghouta orientale.

Le gouvernement syrien et ses alliés se sont juré d’« éliminer les groupes terroristes » dans la province.

Un porte-parole du Kremlin a qualifié mardi Idleb de « poche de terrorisme » et déclaré que les forces syriennes « se prépar[aient] à résoudre ce problème ».

Cependant, la Turquie, l’ONU et les États-Unis ont tous prévenu qu’une attaque conduirait à une nouvelle crise humanitaire en Syrie, l’envoyé de l’ONU en Syrie, Staffan de Mistura, déclarant qu’une « véritable tempête » se profilait dans la province.

Lundi, le président américain Donald Trump a appelé Assad à ne pas « attaquer imprudemment » Idleb, écrivant sur Twitter que « des centaines de milliers de personnes pourraient être tuées ».

Traduction : « Le président syrien Bachar al-Assad ne doit pas attaquer imprudemment la province d’Idleb. Les Russes et les Iraniens commettraient une grave erreur humanitaire en participant à cette potentielle tragédie humaine. Des centaines de milliers de personnes pourraient être tuées. Ne laissez pas cela se produire ! » – Donald J. Trump (@realDonaldTrump)

Le président russe Vladimir Poutine, le président iranien Hassan Rohani et le président turc Recep Tayyip Erdoğan doivent se rencontrer à Téhéran vendredi pour discuter de la situation à Idleb, où la Turquie soutient les efforts de Coalition nationale syrienne (CNS), une alliance d’opposition basée à Istanbul, visant à isoler Hayat Tahrir al-Cham des autres groupes rebelles.

Le chef de la CNS, Abdulrahman Mustafa, a déclaré ce lundi à Middle East Eyeque des groupes d’opposition tentaient d’inciter les combattants à s’éloigner d’Hayat Tahrir al-Cham.

« Nous essayons de faire en sorte que tous les groupes d’Hayat Tahrir al-Cham passent du côté du Front national de libération et de dissoudre Hayat Tahrir al-Cham. Nous verrons ce qui se passera ensuite », a-t-il déclaré.

Néanmoins, selon Mustafa, les combattants de l'opposition se tiennent prêts à résister à un assaut des forces progouvernementales et sont disposés à combattre aux côtés d’Hayat Tahrir al-Cham si nécessaire.

« Nous sommes contre tous les groupes terroristes, mais lorsque nous sommes tous menacés, comment pouvons-nous combattre un autre groupe ? » a-t-il précisé.

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« La Russie affirme attendre que les groupes d’opposition se séparent d’Hayat Tahrir al-Cham, mais nous savons ce que cela signifie. Elle a fait la même chose dans la Ghouta orientale et à Alep, où au final, elle a forcé des millions de personnes à quitter leur foyer.

« Le véritable objectif n'est pas d’effectuer cette séparation, mais de façonner le pays selon ses propres termes. Mais cela n’apportera pas la stabilité et la paix en Syrie », a-t-il ajouté.

Les combattants d’Hayat Tahrir al-Cham, dont beaucoup appartenaient au Front al-Nosra, la branche dissoute d’al-Qaïda en Syrie, ont combattu aux côtés d’autres groupes rebelles syriens tout au long de la guerre civile syrienne, malgré des périodes de conflits internes.

Abu Mohammed al-Jolani, le chef d’Hayat Tahrir al-Cham, a publiquement mis en garde les groupes rebelles contre l’idée de s’appuyer sur une médiation turque.

Dans une vidéo publiée sur Facebook le 21 août, il a déclaré que « les armes de la révolution et du djihad […] form[aient] une ligne rouge pour laquelle des concessions [étaient] inacceptables et ne ser[aient] jamais mises sur la table des négociations », tout en invitant les rebelles d’Idleb à « ne pas s’appuyer sur les postes de surveillance turcs, puisque les positions politiques [pourraient] changer à tout moment ».

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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