Aller au contenu principal

Irak : les forces spéciales britanniques ont reçu une liste de ressortissants à « tuer ou capturer »

Des responsables de haut rang du ministère britannique de la Défense ont averti que s’ils n’étaient pas arrêtés, les membres britanniques de l'EI pourraient constituer une menace majeure pour le Royaume-Uni
Des Irakiens attendent pour embarquer dans un camion militaire à un poste de contrôle des forces spéciales irakiennes à Kokjali (Reuters)
Par MEE

Les forces spéciales britanniques en Irak ont ​​reçu une liste de 200 citoyens britanniques ayant rejoint le groupe État islamique (EI) en Irak à « tuer ou capturer ».

Des sources auraient confié au Sunday Times que le Special Air Service (SAS) a reçu l'ordre de cibler les citoyens britanniques à l'aide d’informations fournies par les services de renseignements britanniques.

Ceux qui ne sont pas tués doivent être remis aux services de sécurité irakiens, suite à quoi ils risquent d’écoper de la peine de mort pour leur participation aux activités de l'EI – ce qui est susceptible de susciter la controverse dans la mesure où la peine capitale est illégale au Royaume-Uni.

« Une liste de personnes à tuer a été établie, elle contient les noms de centaines de très mauvaises personnes », a déclaré une source haut placée de la Défense au Sunday Times.

« Beaucoup d'entre eux viennent du Royaume-Uni. La chasse aux islamistes britanniques dont on ne peut effectivement retrouver la trace est maintenant ouverte. »

« Il s'agit d'une opération multinationale de forces spéciales. Les SAS ont leur propre rôle dans ce plan et pourchassent les ressortissants britanniques. Il s'agit d'une mission visant à tuer ou capturer, et elle a déjà commencé. »

La source a déclaré que la Défense ne disposait pas de chiffres exacts concernant le nombre de citoyens britanniques en Irak et que le ministère ne pouvait pas confirmer l'identité des personnes impliquées.

« C'est le défi auquel nous sommes confrontés. Une grande coopération internationale est en place parce que cela est considéré comme un problème mondial. »

Les services de renseignement britanniques ont évoqué la crainte qu’avec la chute imminente de Mossoul et de la « capitale » de l’EI en Syrie, Raqqa, les membres britanniques de l’organisation pourraient fuir ces bastions et retourner au Royaume-Uni, où ils pourraient créer des cellules militantes.

Des sources haut placées ont averti que les militants de l'EI ayant survécu aux opérations contre Mossoul et Raqqa seraient des « combattants endurcis et fortement radicalisés » et constitueraient potentiellement la plus grande « menace terroriste urbaine au Royaume-Uni ».

Le ministère britannique de la Défense a refusé de commenter le rapport.

Le mois dernier, il avait annoncé avoir tué plus de 1 700 militants de l'EI en Irak et en Syrie lors de frappes aériennes qui n’auraient fait aucune victime civile.

« Daech est en train d’être battu », avait déclaré le secrétaire à la Défense du Royaume-Uni, Michael Fallon.

« Il est repoussé, il occupe maintenant moins de 10 % du territoire irakien. »

Toutefois, selon Chris Woods, directeur du groupe de surveillance Airwars, un scénario dans lequel aucun civil n'aurait été tué dans les frappes aériennes britanniques serait « sans précédent ».

« Ce qui nous inquiète le plus avec les déclarations du ministère de la Défense c’est qu’il affirme, de façon agressive à certains moments, n'avoir tué aucun civil dans la guerre en Irak et en Syrie en dépit de plus de 1 000 frappes aériennes », a-t-il déclaré, d’après le Mail Online.

« Ce serait sans précédent dans l'histoire de la guerre. »

Airwars affirme que des centaines de civils ont été tués par les forces menées par les États-Unis en Irak, bien que Washington prétende que le chiffre soit beaucoup plus faible, indiquant en juillet dernier que seuls 55 civils auraient perdu la vie au cours des deux premières années de la campagne anti-EI.

Selon un rapport d'Amnesty International publié à la fin du mois dernier, plus de 300 civils ont été tués en Syrie par des frappes aériennes de la coalition dirigée par les États-Unis. Le Royaume-Uni a rejoint les opérations ciblant les forces de l’EI en Syrie en décembre 2015.

En septembre dernier, le Royaume-Uni a été impliqué dans des frappes contre l'armée syrienne qui ont tué plus de 60 soldats lors d'une bataille contre l'État islamique à Deir Ez-Zor, malgré le fait que le Royaume-Uni et ses alliés affirment ne cibler que les forces alignées avec al-Qaïda en Syrie.

Traduit de l’anglais (original).

Middle East Eye propose une couverture et une analyse indépendantes et incomparables du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et d’autres régions du monde. Pour en savoir plus sur la reprise de ce contenu et les frais qui s’appliquent, veuillez remplir ce formulaire [en anglais]. Pour en savoir plus sur MEE, cliquez ici [en anglais].