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La Palestine cherche à faire arrêter Mohammed Dahlan par Interpol

Le rival exilé de Mahmoud Abbas, reconnu coupable de corruption en 2016, sera « au sommet de la liste » des noms de fugitifs recherchés par l’Autorité palestinienne à travers Interpol, ont déclaré des responsables de l’AP à Middle East Eye
Mohammed Dahlan vit en exil aux Émirats arabes unis depuis 2010 (AFP)
Par MEE

Le politicien palestinien exilé Mohammed Dahlan et deux de ses associés seront en tête d’une longue liste de fugitifs que l’Autorité palestinienne (AP) demandera à Interpol de poursuivre après être devenue membre de l’organisme policier international plus tôt cette semaine, ont déclaré des responsables de l’AP à Middle East Eye.

« Mohammed Dahlan, Mohammed Rashid et Walid Najab vont être au sommet de la liste », a déclaré un conseiller du président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.

Ce responsable, qui a préféré conserver l’anonymat parce qu’il n’était pas autorisé à aborder cette question, a ajouté : « L’objectif principal de l’adhésion à Interpol était de faire partie de cette organisation internationale très importante et de poursuivre des dizaines de criminels qui ont échappé à la justice et s’en sont remis à d’autres pays, en particulier ceux qui ont volé des fonds publics, et Dahlan et son groupe ne font pas exception. »

Dahlan, chef de la sécurité de l’AP à Gaza avant que le Hamas ne prenne le contrôle de la bande côtière en 2007, est en exil à Dubaï depuis 2010 et a été suspendu par le Fatah en raison de son implication présumée dans un complot visant à renverser Abbas. Dahlan nie ces accusations.

Il a ensuite été reconnu coupable par contumace par un tribunal anticorruption à Ramallah en décembre 2016 d’avoir volé des fonds publics avec Mohammed Rashid, ancien conseiller économique du défunt président palestinien Yasser Arafat, et Walid Najab.

Dahlan a été condamné à trois ans de prison et à une amende de 16 millions de dollars, mais a déclaré que le procès était politique et une conséquence de sa rivalité avec Abbas.

« Le procès était une tentative du président Abbas de se débarrasser de ses ennemis politiques », avait-il déclaré à l’époque.

La condamnation est survenue deux jours après qu’Abbas a levé l’immunité de cinq membres du parlement palestinien, dont Dahlan, rendant possibles des poursuites judiciaires.

La levée de l’immunité parlementaire avait été condamnée à l’époque par une coalition d’organisations palestiniennes de défense des droits de l’homme qui avaient qualifié cette décision d’« acte d’agression contre la volonté populaire ».

Depuis son exil, Dahlan a établi des liens étroits avec les dirigeants des Émirats arabes unis ainsi que le gouvernement du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi.

Il aurait également conservé une importante influence politique à Gaza. En juillet, il a affirmé être en train de négocier un accord de partage du pouvoir avec le Hamas – les Émirats arabes unis injecteraient jusqu’à 15 millions de dollars par mois dans l’enclave assiégée pour soutenir ses efforts.

La Palestine a été élue membre d’Interpol plus tôt cette semaine suite à un processus de candidature de deux ans au cours duquel l’organisation policière internationale a examiné attentivement son appareil judiciaire et son appareil judiciaire.

Un délégué palestinien reçoit un drapeau Interpol de Meng Hongwei (à droite), l’actuel président de l’instance policière (Interpol)

Israël s’est vivement opposé aux efforts de l’Autorité palestinienne pour rejoindre l’organisation, mais l’adhésion de l’AP a été approuvée par la majorité requise des deux tiers lors de l’assemblée générale d’Interpol à Beijing mercredi.

L’appartenance à Interpol marque une autre étape vers une reconnaissance internationale plus large de la Palestine, qui a le statut d’État non membre à l’Assemblée générale des Nations unies depuis 2012 et est également membre d’autres organisations, notamment la Cour pénale internationale.

Rafiq Bathseh, le chef de l’Organisation palestinienne de lutte contre la corruption, a déclaré à MEE : « Tous les condamnés dans un tribunal palestinien et actuellement en liberté seront poursuivis par Interpol. »

« Des dizaines de criminels condamnés ont fui le pays, et tous seront poursuivis, sans exception. »

Bathseh a déclaré que l’AP exigerait le retour de millions de dollars volés par ces personnes, dont beaucoup sont d’anciens responsables gouvernementaux.

Les efforts de l’Autorité palestinienne pour extrader Dahlan via Interpol pourraient créer des problèmes politiques avec les Émirats arabes unis, qui sont également membres de l’organisation.

« Les Émirats arabes unis n’auront d’autre choix que d’extrader Dahlan ou de le mettre en prison, sinon il peut aller [dans un pays] qui n’est pas membre d’Interpol », a déclaré le responsable. 

Le système de mandats d’arrêts, dénommés « notices rouges » d’Interpol, permet aux membres de demander à d’autres États de localiser et d’arrêter provisoirement un individu recherché en attendant son extradition.

Cependant, aucune contrainte n’oblige les États membres à agir lorsqu’une notice rouge a été émise, et un législateur américain a déjà suggéré que les notices rouges émises par la Palestine pourraient ne pas être largement reconnues.

« Interpol ne peut contraindre aucun pays membre à arrêter une personne qui fait l’objet d’une notice rouge. Chaque pays membre décide de la valeur juridique à accorder à une notice rouge au sein de ses frontières », précise l’organisation sur son site web.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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