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Le président palestinien veut poursuivre le Royaume-Uni pour la déclaration Balfour

Mahmoud Abbas envisage de porter plainte contre le Royaume-Uni pour avoir, dans la déclaration Balfour de 1917, fourni un soutien déterminant à la création d’Israël
Abbas, ici avec l’ancien ministre britannique des Affaires étrangères Philip Hammond, n’a pas personnellement annoncé son projet (AFP)
Par MEE

Le président palestinien Mahmoud Abbas entend poursuivre le Royaume-Uni pour avoir contribué, dans la déclaration Balfour de 1917, à la création de l’État d’Israël en Palestine en 1948.

Son ministre des Affaires étrangères, Riyad al-Malki, l’a officiellement annoncé lors de l’ouverture du sommet de la Ligue arabe qui s’est tenu le 25 juillet dans la capitale de la Mauritanie, Nouakchott. Al-Malki s’est exprimé au nom de Mahmoud Abbas, absent en raison du décès de son frère la semaine dernière.

Le ministre palestinien a déclaré que la déclaration Balfour « a donné à des gens qui ne sont pas à leur place ici [dans ce qui était à l’époque la Palestine] quelque chose qui ne leur appartenait pas ».

Le document en question a été signé le 23 novembre 1917 par le ministre britannique des Affaires étrangères de l’époque, Arthur Balfour. Sa lettre à Walter Rothschild, un membre influent de la communauté juive britannique, mentionne que le Royaume-Uni envisage « favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif et emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif ».

La déclaration de Balfour est considérée comme ayant permis de poser la première pierre de l’État d’Israël en 1948, à la fin du mandat britannique sur la Palestine et dans le sillage de l’Holocauste au cours duquel l’Allemagne nazie a assassiné plus de six millions de juifs.

Bien que la déclaration énonce que « rien ne sera fait qui puisse porter préjudice aux droits civils et religieux des communautés non juives existantes en Palestine », le soutien apporté par le Royaume-Uni à la création d’Israël a longtemps été une source de doléances pour les Palestiniens.

De Balfour à la Nakba

Prenant la parole lors du sommet de la Ligue arabe, Riyad al-Malki a estimé que la déclaration Balfour avait « abouti à la Nakba » (terme arabe signifiant « catastrophe » qui est utilisé par les Palestiniens pour décrire le déplacement forcé et le meurtre de nombreux Palestiniens aux mains des forces juives pendant la guerre établissant Israël en tant qu’État en 1948).

Al-Malki a précisé que l’action en justice contre la Grande-Bretagne serait intentée devant un tribunal international, sans toutefois fournir de détails supplémentaires sur la procédure.

Le ministre de la Sécurité publique d’Israël, Gilad Erdan, a réagi au discours d’al-Malki en le qualifiant d’« étrange ».

« Voilà un certain temps que les dirigeants palestiniens ne sont plus intéressés par la paix », a-t-il déclaré selon Haaretz, un des principaux quotidiens israéliens.

« Le seul but est de délégitimer Israël. Ne soyez pas surpris si la prochaine étape est une extension de la poursuite palestinienne contre le Royaume-Uni à la France, car ils ont négocié ensemble l’accord Sykes-Picot qui a partagé le contrôle dans notre région. »

Les Britanniques n’ont pas réagi au projet de poursuites de Mahmoud Abbas.

Mise en garde contre les pays arabes

À Nouakchott, Riyad al-Malki a également mis en garde les pays arabes contre toute coopération avec Israël. Selon lui, un tel comportement reviendrait à la normalisation des relations avec Israël alors que les dirigeants palestiniens n’ont pas encore atteint leur objectif de fonder un État indépendant.

Son avertissement survient après qu’un général saoudien à la retraite s’est rendu à Jérusalem et a rencontré des politiques israéliens, une visite inhabituelle indiquant des priorités politiques de plus en plus alignées entre Riyad et Tel Aviv.

Bien que l’Arabie saoudite et Israël n’aient pas de relations officielles, les deux pays ont tacitement collaboré l’année dernière pour faire pression sur les États-Unis afin qu’ils ne signent pas l’accord mettant fin aux sanctions contre l’Iran, en contrepartie de l’importante réduction du programme nucléaire iranien.

Cette déclaration fait suite également à l’envoi par Israël de son premier représentant diplomatique aux Émirats arabes unis en décembre dernier. Un responsable israélien avait alors été envoyé à Abu Dhabi pour officier en tant que représentant d’Israël auprès de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables.

Traduit de l'anglais (original).

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