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Élections municipales en Tunisie : Ennahdha donné en tête

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Élections municipales en Tunisie : Ennahdha donné en tête
Selon un premier sondage, le parti islamiste Ennahdha arriverait en tête avec 25 % des voix. Mais la participation, de 33,7 %, fait de ces premières élections municipales libres un revers pour la classe politique

Mises à jour du direct

La victoire de l'abstention, « un signe négatif » selon Youssef Chahed
5 années ago

par Kaouther Larbi et Aymen Jamli à Tunis

Pour le Premier ministre tunisien Youssef Chahed, cette abstention est « un message fort pour les responsables politiques » (AFP)

Les premières municipales libres de Tunisie ont été marquées par une forte abstention, les Tunisiens se disant démobilisés par les difficultés économiques et politiques, lors d'un vote jugé crucial pour enraciner la démocratie dans l'unique pays rescapé du Printemps arabe.

Le taux de participation à ce scrutin proportionnel à un tour, qui s'est déroulé sans incident majeur, n'a atteint que 33,7 % au niveau national, et seulement 26 % à Tunis, selon l'instance en charge des élections, l'ISIE.

« Le plus important pour nous, c'est que les élections municipales ont eu lieu, c'est un moment historique pour la Tunisie » a déclaré à l'AFP Mohamed Tlili Mansri, président de l'ISIE. Pour l'abstention, « nous ferons mieux la prochaine fois ».

« Ce haut taux d'abstention signifie que les partis sont faibles », estimait pour sa part l'analyste politique Youssef Cherif. « Ces dernières années, ils se sont livrés à des combines entre politiciens sans programme d'envergure, et cela n'intéresse pas les citoyens ». 

Un institut de sondage a donné le parti islamiste Ennahdha légèrement en tête (25 %) talonné par le parti présidentiel Nidaa Tounès (22 %), loin devant les autres formations. Mais l'ISIE, qui ne donnera ses résultats que dans les jours à venir, ne confirme pas ces chiffres. 

Un responsable de Nidaa Tounès a reconnu que son parti était deuxième, et selon un député d'Ennahdha, les premières tendances confirment que son parti était en tête, notamment pour la mairie de Tunis.

« C'est une victoire pour Ennahdha et Nidaa ainsi que pour l'équilibre démocratique », a estimé le porte-parole Imed Khemiri, se réjouissant de la poursuite des alliances forgées entre eux au niveau national, tout en invitant à « étudier les raisons de l'abstention ». 

Un rejet des « arrangements » entre partis

Dans la capitale, la candidate Ennahdha, Souad Abderrahim, une pharmacienne de 53 ans, ancienne député constituante et vitrine du parti, pourrait devenir la première femme maire de Tunis, selon les sondages.

Sept ans après la révolution, qui avait suscité de nombreux espoirs, beaucoup de Tunisiens se disent déçus en raison d'une situation économique difficile, avec une inflation proche des 8 % et un chômage persistant au-dessus des 15 %. Ils rejettent aussi les « arrangements » entre partis, aux premiers rangs desquels l'alliance entre Nidaa Tounes et Ennahdha.

Le Premier ministre Youssef Chahed a pris acte de cette abstention, estimant que c'était « un signe négatif, un message fort pour les responsables politiques ».

À LIRE ► La démocratie à l’épreuve de la décentralisation

Dans la foulée de la chute du régime de Zine Al Abidine Ben Ali en 2011, les municipalités avaient été dissoutes et remplacées par de simples « délégations spéciales », dont la gestion a été jugée défaillante au fil du temps.

Ces municipales marquent en outre le premier pas tangible de la décentralisation, inscrite dans la Constitution de 2014 et l'une des revendications de la révolution. Sous la dictature, les municipalités n'avaient que peu de pouvoir de décision, étant soumises au bon vouloir d'une administration centrale souvent clientéliste.

Traduction : « Selon les résultats des élections, #Ennahdha & #Nidaa sont toujours les leaders de la scène politique tunisienne. Une politique consensuelle est toujours nécessaire pour gouverner la #Tunisie. Félicitations aux gagnants et bonne chance aux autres partis et listes indépendantes »

Mais le pays est désormais doté d'un Code des collectivités locales, voté in extremis fin avril, qui en fait pour la première fois des entités administrées librement et fortes d'un début d'autonomie.

Ce scrutin sera suivi de législatives et d'une présidentielle en 2019.

Une participation de 33,7 %, un revers pour la classe politique
5 années ago

Ouverture des urnes dans un bureau de vote en Tunisie dimanche 6 mai 2018 (AFP)

Le taux de participation aux premières élections municipales de l'après révolution en Tunisie dimanche n'a atteint que 33,7 %, a indiqué l'Instance en charge des élections (ISIE), un revers pour la classe politique.

L'ISIE a indiqué qu'1,7 million de Tunisiens avaient voté, sur les plus de 5,3 millions d'électeurs inscrits dans un pays de 11,4 millions d'habitants.

Un institut de sondage a donné le parti islamiste Ennahdha légèrement en tête (25 %) devant le parti présidentiel Nidaa Tounes (22 %), loin devant les autres formations. Un responsable de Nidaa Tounes a reconnu que son parti était second, et selon un député d'Ennahdha les premières tendances confirment que son parti était en tête, notamment pour la mairie de Tunis.

Incidents dans des bureaux de votes à Gafsa
5 années ago

Urne cassée dans un bureau du gouvernorat de Gafsa (Mourakinoun)

Selon la radio tunisienne Mosaïque FM, le vote a été interrompu dans cinq bureaux de vote à M’dhila dans le gouvernorat de Gafsa, suite à une erreur dans la distribution des bulletins de vote. « Les bulletins de vote réservés aux électeurs ont été envoyés par erreur aux bureaux de vote de Gafsa-ville, ce qui a provoqué la colère des citoyens, dont certains se sont introduits dans les salles et ont cassé les urnes », explique le journaliste de la radio sur place.

Toujours selon la radio, les neuf listes électorales en lice ont annoncé qu'elles allaient poursuivre en justice l'Instance régionale indépendante pour les élections. 

L'ISIE a annoncé le report des élections à M'dhila.

À Ennour, une liste de jeunes se rêve en Podemos
5 années ago

par Mathieu Galtier à Kasserine

Shady Rabhi, 27 ans, tête de liste du parti Ila Alaman (En avant) à Ennour (Facebook)

La liste Ila Alaman (En avant) est composée exclusivement de jeunes. À sa tête : Shady Rabhi, 27 ans, licencié en biologie médicale mais surtout figure de proue de la société civile d'Ennour, ancien quartier de Kasserine (à 300 kilomètres au sud-ouest de Tunis), devenu commune par la grâce du nouveau maillage territorial. 

« Pour nous, se présenter est une continuation logique de la révolution », explique le fils de Samir Rabhi, un syndicaliste très impliqué en 2011 dans cette région du sud-est, proche de la frontière algérienne. « Nous ne sommes pas contre les partis, c'est seulement qu'ils sont nuls », affirme-t-il. 

Troisième sur la liste, Wael Garachi, architecte de 30 ans, illustre ce constat : « Si vous interrogez les candidats des partis politiques, ils vont vous parler des jardins publics, de la collecte des ordures, de l’éclairage public... mais ce n'est pas un programme ça, c'est le travail de base d'un conseil municipal ! » 

Leur programme se décline trois points : compétence (avec l'informatisation et la formation des agents publics), culture (via la création de festivals, de jumelages et d'une maison de la culture), et transparence (grâce à un site internet où tous les citoyens d'Ennour pourront poser leurs questions, visualiser le cadastre de la ville, vérifier le budget, etc.) 

Si les politiques en herbe ne disposent que de 800 dinars (271 euros) récoltés auprès des 24 candidats de la liste pour la campagne, ils peuvent compter sur le soutien des associations locales dont ils sont issus. Cette entrée en politique n'est pas ponctuelle. Ila Alaman se décline en association avec pour but d'essaimer dans la région et le pays. Leur modèle : Podemos en Espagne, leur ambition : avoir un candidat à la présidentielle de décembre 2019.

« Je ne veux pas voter et je n'attends rien de la politique ! » : la jeunesse tunisienne boude le vote
5 années ago

par Kaouther Larbi à Tunis

De jeunes Tunisiennes se promènent sur l’avenue Mohamed Bouazizi à Sidi Bouzid (AFP)

« Je suis déjà tombée dans leur piège en 2014, je ne vais pas refaire cette erreur » : Kamilia Mlouki, 23 ans, diplômée au chômage, est venue voter blanc lors des premières municipales libres en Tunisie, un scrutin crucial qui peine à mobiliser.

Dans les bureaux de vote, l'affluence reste limitée pour le premier scrutin depuis les législatives et la présidentielle de 2014, et les premières élections locales depuis la révolution de 2011.

Et parmi les électeurs qui ont fait le déplacement, rares sont les jeunes.

Conscients du risque d'abstention d'une population déçue par une économie en berne et une classe politique discréditée, dirigeants et médias ont insisté ces derniers jours sur l'importance d'aller voter.

« Ce ne sont que des campagnes de séduction pour nous attirer au vote ! », lance Kamilia, la première jeune électrice à entrer dans l'une des neuf salles d'un bureau de vote de Tunis, une heure après son ouverture.

Cette diplômée en littérature est venue « exercer son droit, mais pour donner un bulletin vide » parce qu'elle « ne fait plus confiance à aucun parti politique et à aucune liste ».

À LIRE ► La jeunesse tunisienne, garde-fou d’un retour vers le passé

« Ils [les politiques] n'ont commencé à nous parler d'espoir et d'un avenir meilleur qu'à l'approche de ces élections », déplore Kamilia.

La campagne électorale est restée très discrète, et les campagnes de sensibilisation ont été entravées par le flou juridique régnant jusqu'au dernier moment sur les prérogatives des municipalités.

Le président Béji Caïd Essebsi, 91 ans, et le chef du parti islamiste Ennahdha, Rached Ghannouchi, qui dirigent les deux principales formations en lice, ont tous deux appelé au vote, mentionnant particulièrement les jeunes.

Des bars et une marque de vêtements ont publié des promotions pour ceux qui peuvent présenter un doigt bleu teinté d'encre, prouvant qu'ils ont voté. 

« Une tendance apparue en 2014 »

Dans plusieurs bureaux de vote à Tunis, les électeurs se faisaient également attendre, contrairement aux élections de 2014, et surtout de 2011, pour l'Assemblée constituante, quand les électeurs, enthousiastes, avaient patienté des heures durant pour voter. 

Une forte abstention est pressentie, notamment chez les jeunes.

« D'après ce qu'on observe, l'abstention est particulièrement forte chez les jeunes », relève Rafik Halouani, président de l'ONG d'observation des élections Mourakiboun.

« Cette tendance qui était apparue en 2014 se confirme, ils ne croient plus aux élections comme source de changement, ce qui est très grave pour la démocratie », affirme-t-il à l'AFP.

« Je n'ai rien compris à ces municipales et je ne veux rien comprendre ! Je ne veux pas voter et je n'attends rien de la politique ! », explique Dalila, 22 ans, qui accompagne sa mère dans un bureau de vote au centre de Tunis, mais n'ira pas voter.

Pourtant, ces municipales plusieurs fois repoussées marquent le premier pas tangible de la décentralisation - inscrite dans la Constitution et l'une des revendications de la révolution.

« Il n'y pas la même motivation qu'en 2011 où adultes, jeunes et personnes âgées faisaient la queue en bon nombre une heure avant le vote », constate le président adjoint d'un bureau de vote du centre de Tunis, également peu fréquenté.

https://twitter.com/NaymaMC/status/993066724214870017?ref_src=twsrc%5Etfw

Selon lui, cette faible mobilisation « traduit la position des gens envers la politique et les politiciens".

Pour les jeunes, « peut-être qu'ils dorment encore ! », veut-il croire. 

Un tiers des électeurs (32 %) a moins de 36 ans. Et ces élections, avec près de la moitié de femmes et de jeunes parmi les candidats, sont une occasion de voir émerger une nouvelle génération d'élus.

À LIRE ► Élections locales en Tunisie : le dernier espoir d’un réel changement

Mais sept ans après la révolution – qui avait suscité beaucoup d'espoir – nombre de Tunisiens se disent démobilisés en raison d'une inflation proche de 8 %, d'un chômage toujours aussi élevé notamment chez les jeunes diplômés, et des arrangements entre partis dominants.

Abdelaziz Mahjoub, 74 ans, s'est mis sur son 31 pour voter - costume noir, chechia (couvre-chef traditionnel) rouge, cravate assortie à la couleur de la Tunisie.

« Je suis parmi les premiers à venir voter, habillé comme pour un mariage parce que je veux donner un bon exemple à la jeunesse : il ne faut jamais perdre espoir et accomplir nos devoirs parce que l'avenir sera meilleur ! », dit-il joyeusement.

En début d'après-midi, la participation reste en dessous de 15 %
5 années ago

À 14 h, soit quatre heures après l'ouverture des bureaux, l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) a annoncé un taux de participation de 13,6 %.

En janvier dernier, le quotidien Le Maghreb réalisait un sondage révélant que plus de 60 % des Tunisiens s’abstiendraient de voter (AFP)

Dérapages de campagne
5 années ago

par Lilia Blaise à Tunis

La chaîne Nessma TV, qui appartient à Nabil Karoui (en photo) a payé plus de 3 000 euros d'amende pour avoir diffusé un spot pour le parti Nidaa Tounes pendant la campagne (Facebook)

Pendant la campagne électorale, 420 infractions ont été commises, notamment lors de l’affichage des listes, selon l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE). Les associations qui ont déployé des réseaux d’observateurs, comme à chaque élection, l’Association tunisienne pour l’intégrité et la démocratie des élections (ATIDE) et Mourakiboun, ont aussi relevé plusieurs incidents

L’organisation I-Watch a par exemple dénoncé l’utilisation des enfants par les partis lors de la campagne électorale – des photos ont circulé montrant des enfants en train de lever des drapeaux ou de distribuer des tracts. Dans les faits, du Parti destourien libre (héritier de l’ancien parti de Ben Ali, le RCD) au parti Ennahdha, les enfants ont participé à la campagne, en arpentant les rues ou les souks avec les militants ou en faisant du porte-à-porte. Le code électoral, dans sa forme actuelle, ne prévoit pas de modalités sur l’emploi des enfants pendant la campagne électorale. 

Autre mauvais élève de la campagne : le parti Nidaa Tounes, qui fait campagne avec le soutien de… Youssef Chahed. Alors que le code électoral impose une neutralité de l’administration dans ces élections, l’actuel Premier ministre a en effet accompagné des candidats dimanche 22 avril pendant leur campagne.

Le 10 avril, la chaîne Nessma TV, qui a diffusé un spot de la campagne du parti progressiste Nidaa Tounes sur son site électronique et sur sa page Facebook, a été rappelée à l’ordre par la Haute autorité indépendante pour la communication audiovisuelle (HAICA). Dix mille dinars d’amende (3 300 euros) et quelques réprimandes plus tard, la chaîne ne couvre plus du tout les élections. Ce n’est pas la première fois que la chaîne écope d’une amende de la HAICA pour ses « dérapages » politiques. Le patron de la chaîne, Nabil Karoui, était lui-même un membre actif du parti Nidaa Tounes jusqu’à 2017.

Depuis cette affaire, les médias privé scouvrent peu la campagne électorale dont les conditions de couverture médiatique ont été établies par la HAICA dans un soucis de neutralité et d’équité du temps de parole. Un candidat du parti Machrou Tounes a par exemple cédé son temps de parole à la télévision nationale. Il a fait l’objet d’une vidéo humoristique sur internet. 

Youssed Chahed : « Il faut un vote massif »
5 années ago

Le chef du gouvernement, Youssef Chahed, a voté dans le bureau de vote de l’école primaire Abderrahmane ben Mami, avenue Habib Bourguiba à la Marsa (Tunis). « J’appelle tous les Tunisiens à aller voter », a-t-il déclaré. « Ne laissez personne décider de votre avenir à votre place. Il faut un vote massif ».

Le financement des municipalités : une clé de ce scrutin
5 années ago

par Mathieu Galtier à Tunis

De jeunes Tunisiens jouent au football à Ettadhamen, une région pauvre du Grand Tunis (AFP)

Un des aspects importants de cette élection concerne le financement des municipalités. Elles bénéficieront désormais de quatre sources de financement. 

-L'État, par une redistribution d'une partie des impôts, participera au budget des communes. Le montant de ces versements sera inscrit dans la loi de finance. 

-Le Code des collectivités locales oblige ensuite le ministère des Finances à reverser la moitié des taxes locatives aux municipalités. 

-Ces dernières pourront par ailleurs se constituer des ressources propres, comme stipulé dans la Constitution, en instituant des redevances, impôts locaux (collecte des ordures, etc.). 

-Comme aujourd'hui, les villes pourront enfin souscrire des prêts, pour des investissements et non au titre du budget de fonctionnement, auprès de la Caisse des prêts et de soutiens aux collectivités locales (CPSCL).

À LIRE ► À Sidi Bouzid, la démocratie à la peine face à « Pablo Escobar »

Sur les 350 communes du pays, les 86 nouvellement formées et les 189 qui ont été agrandies bénéficieront d'un fonds de péréquation pour rattraper leur retard. Ce fonds est financé par l'État et des bailleurs de fonds (Commission européenne, État italien et la banque de développement allemande). 

Pour les cinq ans à venir, le montant s'élève à 855 millions de dinars (287 millions d'euros). Ce fonds sera aussi utilisé par les régions et les districts, une fois ces collectivités territoriales mises en place. À l'heure actuelle, le ministre Riadh el-Moukhar estime que 4 % du budget de l'État, qui est de 36 milliards de dinars (12 milliards d'euros), est alloué aux collectivités territoriales. Il espère que ce pourcentage atteindra au moins 10 % d'ici neuf ans, à la fin de la première des trois phases de la décentralisation qui est prévue pour durer 27 ans.

À la mi-journée, un taux de participation « dramatiquement bas »
5 années ago

L’instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) a indiqué, lors d’un point de presse à la mi-journée, que le taux de participation ne dépassait par les 10 %.

Le taux de participation à 10 h ne dépassait pas les 4,5 %. Les observateurs ont prévenu que le scrutin serait marqué par une forte abstention. De nombreux Tunisiens se disent démobilisés face à l'inflation, au chômage persistant, et aux arrangements entre partis qui ont entravé le débat démocratique dans le pays.

Selon l’enquête menée par Avocats sans frontières et I-Watch, seuls 30 % des jeunes dans le sud de la Tunisie disent encore avoir confiance dans les partis politiques ou dans les institutions. Et selon le dernier sondage réalisé par le quotidien arabophone le Maghreb en janvier, plus de 60 % des Tunisiens s’abstiendraient de voter

Dimanche 29 avril, le premier vote, pour la première fois dans l'histoire de la Tunisie, des policiers et des militaires, avait été marqué par un taux de participation de 12 %. Quelques jours avant le scrutin, des syndicats de police avaient appelé au boycott de ces élections, notamment en raison de l’article 52 du code électoral qui empêche le corps sécuritaire de prendre part à des réunions partisanes ou à la campagne électorale. 

https://twitter.com/HamilcarB/status/993083305401647108?ref_src=twsrc%5Etfw

Traduction : « Des électeurs font à la queue devant un bureau de vote en #Tunisie »

https://twitter.com/Al_Pacino_/status/991978128238174208?ref_src=twsrc%5Etfw
AQMI appelle les Tunisiens à boycotter les municipales
5 années ago

La katiba (phalange) Okba Ibn Nafaâ, proche d'al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), a appelé, le 4 mai, les Tunisiens à boycotter les municipales dans un communiqué intitulé « Le mirage des élections ». Le groupe islamiste armé actif dans les zones du sud et à la frontière avec l’Algérie a commencé sa diatribe en décrivant le climat d’une campagne électorale « où règne la méfiance face aux promesses des candidats et les doutes quant à la capacité de ces élections d’élire des conseils municipaux répondant aux espérances du peuple ». 

Ces élections, selon ce communiqué publié sur le web par l’agence de propagande al-Andalus, ne sont « qu’un anesthésiant qui revient chaque deux ou trois ans pour éloigner le peuple musulman de Tunisie des causes principales et de la spoliation de ses ressources ». 

À LIRE ► L’IVD dénonce « l’exploitation abusive » du sous-sol tunisien par la France après l’indépendance

« La crise politique et économique n’est que le résultat de tous ces partis présents sur la scène politique qui ne sont que les pions des ambassades américaine, française, émiratie et autres, en plus de l’ingérence du FMI dans l’économie du pays », poursuivent les auteurs de cet appel, qui concluent : « C’est pour cela que nous prévenons les Tunisiens qu’il ne faut pas adhérer à ces élections et les appelons à les boycotter, et à ne pas voter ni pour les réformateurs, ni pour les corrupteurs, car les conseils municipaux ne sont que le prolongement d’un gouvernement agent de l’étranger et illégitime. Voter est une manière d’encourager les lois apostâtes ».

Rached Ghannouchi : « Un grand jour pour la démocratie islamique en Tunisie »
5 années ago

Le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, a estimé en allant voter qu'il s'agissait d'un « grand jour pour la démocratie islamique en Tunisie ». « On espère que les jeunes Tunisiens et Tunisiennes iront voter », a-t-il déclaré à la presse, tout en reconnaissant : « Nous n'avons pas les clés du progrès ».

« Ce dimanche ne sera pas comme les autres jours »
5 années ago
par Kaouther Larbi à Tunis
 
Pour le président Béji Caïd Essebsi, ce scrutin « qui paraît ordinaire », est « très important » (AFP)

Les Tunisiens se rendent aux urnes dimanche pour les premières élections municipales libres du pays, attendues depuis la révolution de 2011, un scrutin crucial pour enraciner le processus démocratique mais accueilli sans grande ferveur.

Après les premières élections pour désigner une Assemblée constituante en 2011, puis les législatives et la présidentielle en 2014, les municipales ont été repoussées par quatre fois en raison de blocages logistiques, administratifs et politiques.

« Ce dimanche ne sera pas comme les autres jours. Pour la première fois [depuis la révolution],le peuple tunisien est appelé à participer à des élections municipales, un événement qui paraît ordinaire alors qu'il est très important ! », a déclarévendredi le président Béji Caïd Essebsi, en appelant à une « participation massive ».

Les observateurs s'attendent à une forte abstention. Sept ans après la révolution, qui avait suscité de nombreux espoirs, beaucoup de Tunisiens se disent démobilisés face à l'inflation qui frôle les 8%, au chômage persistant au-dessus des 15%, et aux arrangements entre partis.

À Kasserine, une zone marginalisée du centre-ouest, le vote n'aura lieu que de 9h à 16h, « par mesure de sécurité »

« Ces municipales ne vont rien changer pour nous. Nous serons toujours sur la même charrette sans roues ni cheval », a lancé une femme au foyer de 34 ans, Hlima, pendant la campagne.

Dimanche, les 11 185 bureaux de vote accueilleront les Tunisiens qui éliront les conseillers municipaux lors d'un scrutin proportionnel à un tour. Ces conseillers devront, à leur tour, élire les maires. Ils ont jusqu'à mi-juin pour le faire.

Quelque 60 000 policiers et militaires ont été mobilisés, alors que le pays demeure sous état d'urgence depuis des attentats meurtriers en 2015.

À Kasserine, une zone marginalisée du centre-ouest, le vote n'aura lieu que de 9h à 16h, « par mesure de sécurité », selon l'instance chargée des élections, l'ISIE. Des groupes extrémistes armés sont retranchés dans les montagnes de cette région. 

Des Tunisiens « exsangues, amers et désabusés »

Plus de 57000 candidats sont en lice, dont la moitié de femmes et de jeunes. Sur les 2074 listes en course, 1055 sont issues de partis, 860 indépendantes et 159 de coalition, selon les chiffres de l'ISIE.

Les résultats sont attendus dans les prochains jours.

Pour le quotidien francophone La Presse, les Tunisiens sont « exsangues, amers et désabusés ». « Cela est dû, entre autres, à l'absence flagrante et lourdement ressentie des réformes économiques et sociales, toujours en suspens ou renvoyées aux calendes grecques », estime le journal.

À LIRE ► Tunisie : pourquoi les élections municipales sont les plus importantes depuis la révolution

Mais une partie de la population dit espérer une amélioration de son quotidien: propreté, transports et développement.

Dans la foulée de la chute du régime du président Zine Al Abidine Ben Ali en 2011, les municipalités avaient été dissoutes et remplacées par des « délégations spéciales », dont la gestion s'est montrée parfois défaillante.

« Les slogans réitérés par les listes en lice se sont concentrés sur l'esthétique des villes– propreté, transport, l'éclairage. Cependant, l'apport des municipalités peut aller plus loin. Les communes peuvent participer à la création d'emploi et participer au développement économique », espère le journal Le Quotidien

Ces municipales marquent le premier pas tangible de la décentralisation, inscrite dans la Constitution et l'une des revendications de la révolution.

Sous la dictature, les municipalités ne géraient qu'une partie du territoire et n'avaient que peu de pouvoir de décision, étant soumises au bon vouloir d'une administration centrale souvent clientéliste.

Mais le pays est désormais doté d'un Code des collectivités locales, voté in extremis fin avril, qui en fait pour la première fois des entités administrées librement et disposant d'un début d'autonomie.

Ce scrutin, le premier depuis quatre ans, qui devrait voir émerger une nouvelle génération d'élus, sera suivi de législatives et d'une présidentielle en 2019

Pour des experts, les deux poids lourds de la vie politique, les islamistes d'Ennahdha et Nidaa Tounes, qui sont les seuls à avoir présenté des listes dans toutes les municipalités ou presque, pourraient en emporter une bonne partie.

Ennahdha a indiqué sa volonté de poursuivre à l'échelon local le consensus forgé avec Nidaa Tounes sur le plan national.

Ce scrutin, le premier depuis quatre ans, qui devrait voir émerger une nouvelle génération d'élus, sera suivi de législatives et d'une présidentielle en 2019.

Khadija Omri, du mariage forcé aux élections
5 années ago

par Maryline Dumas à Kasserine

Khadija Omri, 28 ans, est en septième position sur la liste du parti conservateur Ennahdha dans sa commune d'Echrayâ-Machrek

Son sourire et sa joie de vivre cachent un lourd passé. Mais, à 28 ans, Khadija Omri est tournée vers l'avenir. En septième position sur la liste du parti conservateur Ennahdha dans sa commune d'Echrayâ-Machrek Echems, dans le gouvernorat de Kasserine (à 300 kilomètres au sud-ouest de Tunis), cette professeure d'anglais, qui n'est pas encartée, rêve d'urbaniser sa région rurale et d'inspirer, par son parcours, d'autres femmes.

C'est en 2007 que la vie de Khadija bascule. Alors qu'elle obtient la meilleure moyenne de son établissement scolaire, à 17 ans, des oncles persuadent ses parents de la marier. « Ils disaient que j'étais belle et que je risquais de prendre un mauvais chemin », se souvient-elle. Elle épouse alors un homme de 37 ans et abandonne ses études. 

Un an plus tard, elle devient maman et décide de partir : « Cet environnement n'était pas bon pour ma fille. Je voulais l'éduquer selon certains principes, je ne voulais pas qu'elle grandisse avec cette image d'une femme passive dans une maison où la violence règne », explique avec pudeur Khadija Omri. 

À LIRE ► Le parlement tunisien adopte une loi sur la parité pour les élections locales

La jeune femme est soutenue par ses parents chez qui elle retourne vivre. Mais dans cette région rurale et conservatrice, cela fait scandale. « C'était ma révolution. Au début, beaucoup ont refusé mon divorce, puis ils s'y sont fait. Une autre femme a divorcé il y a deux ans. Un jour, cela deviendra normal. » 

En 2013, elle passe son bac puis enchaîne avec des études d'anglais qui lui permettent de devenir professeure. Parallèlement, elle travaille pour nourrir sa fille. Elle est notamment journaliste dans une radio locale.

Son parcours lui a fait prendre conscience de certaines choses. « Là où j'habite, il faut marcher 40 minutes pour rejoindre le bus qui mène au lycée. De nombreux jeunes abandonnent leurs études ou cessent de chercher un travail à cause de cela », regrette celle qui espère, dans un avenir proche, participer au développement des routes et des transports en commun de sa ville qui se compose de sixhameaux épars. 

Sous son voile vert, ses yeux affichent confiance en l'avenir : « Nous avons les cerveaux, mais pas les outils. »

Le président Béji Caïd Essebsi a voté
5 années ago

Le président tunisien, Béji Caïd Essebsi, 91 ans, a voté ce matin à l’école primaire de Sidi Fraj, à Soukra (banlieue-Nord de tunis). À la sortie du bureau de vote, il a déclaré : « La participation des Tunisiens est un message fort pour asseoir la démocratie en Tunisie, une démocratie qu’on n'impose pas mais qu’on pratique ». Il a ajouté : « Nous pouvons avoir des divergences avec certaines tendances politiques, mais l’essentiel est qu’elles sont toutes patriotiques et servent la Tunisie ».

https://www.youtube.com/watch?time_continue=14&v=rWDsKcgT3_Y