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Les conditions de vie à Gaza constituent une « urgence humanitaire », prévient une ONG

« Sans une aide humanitaire immédiate et des efforts concertés pour mettre fin au blocus, le résultat restera le même : pertes de vies humaines autrement évitables et effondrement ultérieur du secteur de la santé »
Un garçon palestinien tire un jerrycan d'eau dans une rue de la ville de Gaza, le 21 août (AFP)

Les conditions de vie à Gaza sont à leur plus bas niveau hors période de guerre, a annoncé ce jeudi Medical Aid for Palestinians (MAP), qualifiant la situation dans la bande côtière d’« urgence humanitaire ».

Le blocus israélien qui dure depuis 2007 a entraîné un approvisionnement limité en électricité, endommageant des infrastructures vitales, a indiqué l’ONG dans un communiqué.

Les installations de traitement de l'eau et de dessalement ne peuvent fonctionner efficacement, provoquant une pollution de plus de 73 % du littoral. Un garçon de 5 ans est décédé en juillet après s’être baigné dans la mer, devenant la première victime de la pollution à Gaza.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a récemment mis en garde contre « l'effondrement systémique » imminent des infrastructures et de l’économie à Gaza ainsi qu’une « crise de santé publique et environnementale » dans la bande assiégée.

Les services essentiels de santé sont de plus en plus inaccessibles, y compris la stérilisation et l’entretien. Les taux d'infection ont par conséquent grimpé en flèche. En raison des coupures de courant, les services de diagnostic ne sont pas toujours fonctionnels et des équipements sensibles tels que l'imagerie par résonance magnétique (IRM) ont été endommagés.

Les fournitures médicales se font également de plus en plus rares. En juillet, le ministère de la Santé de Gaza a signalé que 40 % des médicaments essentiels et 34 % des articles médicaux jetables étaient « à zéro stock », ce qui signifie moins d'un mois de disponibilité, y compris la moitié de tous les médicaments contre le cancer.

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 MAP indique que la vie des nouveau-nés est tout particulièrement menacée en raison des services de santé défaillants.

Les nourrissons sont pris en charge dans des unités de soins intensifs néonataux surpeuplées – une situation aggravée par la détérioration de la nutrition maternelle qui engendre à son tour une augmentation des taux de bébés prématurés ou ayant un faible poids à la naissance.

En août, les infirmières du département néonatal de l'hôpital al-Shifa à Gaza ont été forcées de soigner 71 nourrissons dans une unité de soins conçue pour 43 bébés. Le ratio entre le personnel et les nouveau-nés était de 1 pour 7, beaucoup plus bas que le niveau européen de 1 pour 1 ou de 1 pour 2 lors de soins intensifs.

Des générateurs de secours défectueux font que les infirmières doivent souvent ventiler les bébés à la main jusqu'à 50 minutes avant que l'alimentation ne soit rétablie.

Les Gazaouis sont contraints, en outre, de se faire soigner à l’extérieur de la bande côtière, mais beaucoup de barrières les empêchent de sortir pour obtenir un traitement vital, ce qui a entraîné 25 décès depuis le début de l’année. Israël n’a approuvé que 49,5 % des demandes de permis de malades ayant besoin de suivre un traitement à Jérusalem-Est, en Cisjordanie ou ailleurs.

« Gaza fait face à une urgence humanitaire mais quand les bombes ne tombent pas, la communauté internationale y accorde peu d'attention »

- Aimee Shalan, présidente de Medical Aid for Palestinians

Aimee Shalan, présidente de MAP, a déclaré que la communauté internationale devait faire davantage pour aider Gaza en période de paix relative.

« Gaza fait face à une urgence humanitaire mais quand les bombes ne tombent pas, la communauté internationale y accorde peu d'attention. Sans une aide humanitaire immédiate et des efforts politiques et diplomatiques concertés pour mettre fin au blocus, le résultat restera le même : pertes de vies humaines autrement évitables et effondrement ultérieur d'un secteur de la santé qui a déjà du mal à fournir le minimum de soins ».

En 2012, l'ONU avait averti que Gaza pourrait devenir inhabitable d'ici à 2020.

L’organisation a lancé un appel de fonds d’urgence afin de recueillir 25 millions de dollars pour des soins de santé vitaux, l'eau et l'assainissement ainsi que des interventions de sécurité alimentaire à Gaza. Seulement 24 % du montant requis ont été recueillis auprès des gouvernements donateurs internationaux jusqu'à présent.

Traduit de l’anglais (original).

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