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L’al-qaïdification du Liban ?

La montée de l’extrémisme et de la violence au Liban est mise sur le compte des « retombées » de la guerre syrienne causées par le Hezbollah. La réalité est bien plus complexe

Un ami libanais qui m’a récemment accompagnée à Tripoli, dans le nord du Liban, a décidé que ma visite de la ville ne saurait être complète sans une balade en voiture en fin de soirée le long de Syria Street – dans le mauvais sens. Syria Street est la ligne de front des combats en cours entre le quartier à majorité sunnite de Bab al-Tabbaneh et Jabal Mohsen, essentiellement alaouite, qui ont tué 27 personnes en l’espace de seulement 12 jours en mars 2014.

L’explosion soudaine de feux d’artifice à proximité de là où nous nous baladions m’a permis de montrer ma disposition au combat en me recroquevillant sur le plancher de la voiture. Quant à l’état de préparation au combat des entités plus résilientes, la prolifération des drapeaux d’al-Qaïda à Bab al-Tabbaneh soulignait peut-être à quel point la guerre en Syrie a contribué au professionnalisme de certains acteurs des conflits internes du Liban, assurant un terrain d’entraînement aux combattants.

Le 18 mars 2014, le Washington Post a rapporté qu’« al-Qaïda semble progressivement construire ses réseaux et capacités de soutien au Liban, où on craint de plus en plus qu’un nouvel afflux de militants provenant de la région de la frontière syrienne ne renforce les rangs du groupe terroriste et n’attise l’instabilité. »

En effet, les récentes victoires de l’armée syrienne ont provoqué le déplacement de certaines forces djihadistes qui luttent contre le président syrien Bachar al-Assad. Selon le Post, l’« afflux de combattants au Liban illustre une fois de plus le fait que la guerre syrienne dépasse les frontières ».

Bien qu’aucun ne nie les répercussions régionales néfastes de la guerre, les médias internationaux traditionnels se sont dangereusement entichés d’un mantra selon lequel la recrudescence actuelle d’attentats terroristes inspirés par al-Qaïda se réduit à des « retombées » provenant de Syrie. D’après la deuxième partie de ce mantra, la faute en incombe au Hezbollah en raison de son intervention dans le conflit syrien aux côtés du gouvernement.

L’analyse des médias ignore l’histoire et embrouille les faits, cela n’a rien de nouveau. Un examen plus attentif en dit davantage sur les bénéficiaires ultimes de ce consensus sur les « retombées », ainsi que sur les perspectives d’avenir du Liban. Quoi que l’on pense du sujet sur le plan moral, la coopération du Hezbollah à la violence du gouvernement syrien n'intervient pas en vase clos et ne doit pas être considérée comme le principal facteur alimentant la création de franchises libanaises d’al-Qaïda.

Ainsi que me l’a écrit dans un email Aron Lund, rédacteur en chef du site de la Carnegie Endowment, Syria in Crisis, « les attaques contre le Hezbollah et des cibles chiites [au Liban] par des djihadistes sunnites sont bien sûr liées à l’implication du Hezbollah en Syrie, mais ce n’est pas comme si ces groupes s’étaient montrés très sympathiques envers les musulmans chiites ou le Hezbollah et l’Iran auparavant ».

Il a également fait remarquer que la promesse faite par certains groupes de cesser ces attaques en cas de retrait du Hezbollah en Syrie est « un moyen efficace de justifier les attaques et de puiser des recrues parmi » la population sunnite du Liban.

Djihad politique

Concentrons-nous un moment sur le manque de sympathie mentionné par Aron Lund. Fatah al-Islam constituait déjà une présence djihadiste particulièrement significative sur le sol libanais avant la guerre en Syrie. Ce groupe a élu domicile dans le camp de réfugiés palestiniens de Nahr al-Bared, près de Tripoli, et a été défait par l’armée libanaise après une longue bataille en 2007. Exemple flagrant de punition collective, la dévastation du camp par l’armée a rappelé le traitement ségrégationniste infligé à la population palestinienne locale par l’État.

Peu de temps avant le début de la bataille, le journaliste réputé Seymour Hersh avait rédigé un article pour le New Yorker sur les supposés efforts des hauts responsables sunnites et de leurs associés visant à exacerber l’extrémisme sunnite au Liban pour lutter contre le Hezbollah. Le futur Premier ministre et milliardaire Saad Hariri, par exemple, aurait payé la caution de militants formés par al-Qaïda, arrêtés alors qu’ils essayaient d’instaurer un mini-État islamique dans le pays.

Il semble que le gouvernement de Fouad Siniora ait également été impliqué dans le djihad. Seymour Hersh cite les propos de l’ancien agent de renseignement britannique Alistair Crooke sur l’émergence de Fatah al-Islam à Nahr al-Bared : « On m’a dit qu’en l’espace de 24 heures, des armes et de l’argent leur ont été offerts par des personnes se présentant comme des représentants des intérêts du gouvernement [de Fouad Siniora] ».

Après l’épreuve de force de Nahr al-Bared, de nombreux militants de Fatah al-Islam ont été emprisonnés dans les prisons libanaises, notamment celle de Roumieh, au nord de Beyrouth. Des évasions intermittentes – probablement facilitées par les gardiens de prison – ont vu certains de ces militants refaire surface en tant que combattants dans la guerre syrienne. Il semble que les « retombées » puissent se produire dans les deux sens.

Dans d’autres cas de retombées liées au prisons, la règle de facto dont profitent les détenus islamistes sunnites du Bloc B de Roumieh – où ils ont accès à Internet, à des ordinateurs portables et à des téléphones portables – signifie que les opérations terroristes en Syrie et au Liban peuvent être gérées depuis le complexe pénitentiaire. Cette disposition remet naturellement en question l’objectif premier des prisons.

Quand j’ai demandé à Radwan Mortada du journal libanais Al Akhbar pourquoi les fonctionnaires ne détruisent pas le centre de commandement qu’est Roumieh en coupant la connexion Internet ou en confisquant tout appareil technologique, par exemple, il m’a répondu que garder les choses telles qu’elles sont relèvent d’intérêts politiques importants. Selon son analyse, les organisations fondamentalistes sunnites sont utiles sur le plan électoral parce qu’elles contribuent à cultiver l’image d’une communauté persécutée confrontée à une menace existentielle provenant du Hezbollah, qui est dépeint comme étant entré en Syrie dans le seul but d’exterminer les sunnites.

Ce n’est un secret pour personne : le système libanais basé sur le sectarisme institutionnalisé encourage les responsables politiques à exploiter la discorde confessionnelle. Dans une déclaration de janvier 2014, le leader du Courant du Futur et ancien Premier ministre Saad Hariri a  cherché non seulement à rejeter la responsabilité de cette discorde sur le Hezbollah, mais aussi à l’effacer miraculeusement du paysage national libanais : « Les Libanais, dont les sunnites, refuse de prendre part à toute guerre au Liban ou dans la région entre le Hezbollah et al-Qaïda ».

Oubliez le petit commerce de son propre caméo dans le New Yorker ou le fait que certains anciens combattants de Fatah al-Islam se sont recyclés dans de nouvelles organisations liées à al-Qaïda.

Renforcements confessionnels

Radwan Mortada soutient que seul l’un des trois principaux groupes affiliés al-Qaïda et opérant au Liban, les Brigades Abdullah Azzam, considère actuellement le pays comme un terrain pour le djihad. Les deux autres groupes, le groupe État Islamique en Irak et au Levant (EIIL) et le Front al-Nosra, considèrent que le territoire libanais doit être utilisé uniquement dans la mesure où il soutient le djihad en Syrie.

Certaines des attaques terroristes les plus meurtrières de l’histoire récente du Liban ont, après tout, été revendiquées par les Brigades Azzam. En novembre 2013, par exemple, un double attentat-suicide a tué 23 personnes à l’ambassade iranienne de Beyrouth, alors que les attentats revendiqués par le groupe EI et al-Nosra ont provoqué des explosions moins puissantes et causé moins de victimes.

La thèse de Radwan Mortada s’est confirmée lors de son entretien de mars 2014 avec un chef du Front al-Nosra, qui a expliqué que les opérations d’al-Nosra et du groupe EI au Liban avaient jusqu’ici été des « messages » à l’attention du Hezbollah par rapport à son implication en Syrie, mais que l’incapacité à transférer le djihad sur le terrain libanais ne relevait pas d’un manque de capacités. Comme le note Radwan Mortada, ce chef n’a pas nié la possibilité d’un tel transfert dans un proche avenir.

Et le terrain est de plus en plus fertile grâce au gain de popularité des idéologies et mouvements extrémistes parmi les sunnites libanais – une popularité qui dépend essentiellement de la propagande politico-cléricale plaçant l’existence des sunnites dans la ligne de mire des chiites. En plus des trois groupes précités liés à al-Qaïda, le religieux sunnite radical Ahmed al-Assir de Saïda, dans le sud du Liban, a également fait bouger les choses.

Nour Samaha d’Al Jazeera a interviewé Ahmed al-Assir en juin 2013 peu de temps avant sa confrontation sanglante à Saïda avec l’armée libanaise, une institution qu’il a accusée à de multiples reprises d’être de mèche avec le Hezbollah et l’Iran. Dans son article, Nour Samaha souligne quelques-uns des motifs de la toute nouvelle célébrité d’al-Assir. L’année précédente, rapporte-t-elle, Ahmed al-Assir avait donné « un sermon explosif [dans une mosquée...] dans lequel il accusait le Hezbollah et Amal, un autre parti majoritairement chiite, de vendre une arme-jouet dans la banlieue de Dahyeh, au sud de Beyrouth, [ce qui encourageait les attaques contre] la femme du prophète, Aïcha. [...] Une enquête sur les soi-disant jouets a révélé [qu’ils] n’existaient pas réellement ».

Comme l’a noté Nour Samaha, « les conclusions de l’enquête sont passées inaperçues pour beaucoup de gens à travers le pays, déjà agacés par les déclarations d’Assir, ainsi que par la plupart des médias. »

Cela ne veut pas dire que les tensions entre sunnites et chiites au Liban ne sont que le produit de délires paranoïaques et de la haine sunnites orchestrés par des religieux cinglés et des politiciens manipulateurs. Le Liban connaît bien les querelles sectaires : la guerre civile – qui a duré de 1975 à 1990 et a été exploitée au maximum par des acteurs externes – s’est caractérisée par des incidents tels que des exécutions d’automobilistes sur la base de l’appartenance religieuse spécifiée sur leur pièce d’identité. Inutile de dire que la guerre n’est pas exactement de l’histoire ancienne.

Le Hezbollah est la seule milice du temps de la guerre civile qui a officiellement été autorisée à conserver ses armes. Cela constitue une source d’inquiétude pour de nombreux sunnites, malgré le rôle indispensable qu’ont joué ces armes pour protéger le Liban des griffes israéliennes. En outre, il est compréhensible que l’essor actuel du pouvoir politique et social chiite dans des endroits comme le Liban et l’Irak soit perçu comme une menace par les communautés sunnites, en particulier dans un contexte qui réduit les êtres humains à leur appartenance confessionnelle.

Toutefois, bien que le malaise des sunnites ne soit pas totalement dénué de fondements rationnels, ceux-ci sont totalement déformés par la rhétorique djihadiste. D’un point de vue social, militaire et politique, il est dans l’intérêt du Hezbollah d’éviter tout conflit confessionnel, ce qui explique en partie pourquoi ses rivaux trouvent la perspective d’une intensification du conflit si attrayante.

Comme Ahmed al-Assir, les djihadistes de Tripoli et d’ailleurs ont donné le statut d’ennemi à l’armée libanaise et même à l’État lui-même, confectionnant diverses attaques en réponse à la prétendue collusion de l’armée avec le Hezbollah.

Bien sûr, lorsque les policiers arrêtent des gens portant la barbe et arborant d’autres signes manifestes de leur possible orientation terroriste, cela ne contredit guère les affirmations sunnites sur les préjugés et la persécution étatiques (même lorsque les détenus se révèlent être des artistes hip-hop chiites).

L’industrie du terrorisme

Dans le mail qu’il m’a adressé, Aron Lund remarque que le djihad a gagné en popularité au Liban en raison de la guerre syrienne : « Pour les petits groupes dispersés de djihadistes libanais, cela a été une aubaine de voir ces factions djihadistes bien plus grandes et mieux financées, comme Jabhat al-Nosra [le Front al-Nosra], prendre le pouvoir de l’autre côté de la frontière. » Il a ajouté : « L’effondrement de la Syrie leur a donné leur propre Afghanistan juste à côté et cela contribue à renforcer leurs capacités et le recrutement. »

La référence à l’Afghanistan devrait déclencher la sonnette d’alarme dans l’esprit de quiconque se méfie des répétitions possibles de l’histoire. Au-delà de l’intérêt évident du parallèle afghan – étant donné qu’al-Qaïda est né de la guerre soviétique en Afghanistan (1979-1989) et que la guerre est comme un aimant pour les militants islamistes internationaux – il convient de rappeler que les moudjahidines ont bénéficié d’un soutien considérable de la part des États-Unis et de l’Arabie saoudite, deux acteurs non négligeables du conflit syrien.

Bien sûr, les États-Unis ont eu beaucoup de mal à se dissocier des rebelles terroristes combattant Assad, ajoutant le Front al-Nosra à leur célèbre liste des organisations terroristes étrangères en 2012. Une manœuvre de ce genre vise apparemment à éviter aux armes et aux fonds américains de se retrouver dans les mains et les poches des djihadistes.

Après cet ajout sur la liste, les États-Unis ont poursuivi leur contribution en approvisionnant l’Armée syrienne libre (ASL) anti-Assad, malgré divers facteurs de complication. D’une part, vous ne pouvez jamais garantir que le matériel ne changera pas de propriétaire. D’autre part, comme l’a souligné Aron Lund et l’a rappelé l’ancien chef du bureau de la BBC au Moyen-Orient Paul Danahar, l’Armée syrienne libre n’existe pas.

L’Arabie saoudite nie également financer le djihad en Syrie, bien que certains observateurs aient exprimé des opinions contraires. Dans un article du GlobalPost en collaboration avec la National Public Radio, la journaliste Reese Erlich (auteure de l’ouvrage Inside Syria, à paraître prochainement) affirme que des centaines de djihadistes saoudiens se rendent dans le pays « [avec] l’approbation tacite de la maison des Saoud et le soutien financier des [...] élites saoudiennes », et que « les riches Saoudiens, de même que le gouvernement, arment certains groupes rebelles syriens ».

Reese Erlich cite Mohammad Fahad al-Qahtani, professeur d’économie et militant des droits de l’homme saoudien, qui affirme que le soutien de l’Arabie saoudite à al-Nosra rappelle, dans une moindre mesure, ses efforts en Afghanistan sous l’occupation soviétique, mais que, en fin de compte, « [p]ersonne ne souhaite d’instabilité ».

Du point de vue d’un humain rationnel, ces affirmations semblent de simples platitudes. L’industrie du terrorisme fonctionne néanmoins selon une logique antihumaine. La création et le support d’ennemis comme al-Qaïda justifient non seulement de gargantuesques dépenses de défense se traduisant par des bénéfices commerciaux énormes, mais également une répression étatique et le bafouement des droits au nom de la sécurité nationale.

Quelques informations pertinentes sur l’Irak : trois ans et demi après que les États-Unis ont promis que leur bellicisme incroyablement cher « unifierait, stabiliserait et libérerait le pays » et « protègerait le monde d’un grave danger », le New York Times a rapporté qu’une « stricte évaluation des évolutions du terrorisme réalisée par les agences américaines de renseignement a conclu que l’invasion et l’occupation américaines de l’Irak ont contribué à engendrer une nouvelle génération d’islamistes radicaux et que la menace terroriste globale a augmenté depuis les attentats du 11 septembre [2001] ».

Cependant, les retombées de ces escapades impérialistes tendent à générer peu d’attention dans le discours des principaux médias, en partie parce que la guerre est synonyme de bénéfices pour les entreprises américaines. Comme pour les retombées de Syrie qui seraient causées par le Hezbollah, il est utile de rappeler que, malgré toute l’inquiétude  perpétuellement professée par l’establishment américain au sujet de la stabilité du Liban, Washington autorise chaque année plus de 3 milliards de dollars de dons en faveur de l’État d’Israël : entité responsable, entre autres crimes, du massacre d’environ 1 200 personnes au Liban en l’espace de trente-quatre jours en 2006. La majorité des personnes tuées étaient des civils, dont la mort a été facilitée par les envois en urgence d’armes provenant des États-Unis.

La bonne vieille pratique du diviser pour mieux régner

En plus d’être compagnons (dans les ventes) d’armes, Israël, les États-Unis et l’Arabie saoudite ont tous trois présenté l’Iran comme un ennemi mondial, et le Hezbollah comme son émissaire terroriste. Parmi les éléments conférant à l’organisation le titre de terroriste figurerait son rôle d’unique résistance efficace face à la terreur israélienne.

L’implication d’Israël en Syrie va des frappes aériennes aux traitements médicaux et aux dons financiers en faveur des rebelles blessés. Dans un rapport paru en janvier pour le Washington Institute for Near East Policy (think tank du lobby sioniste aux États-Unis), le commentateur israélien Ehud Yaari suppose qu’il peut également y avoir « d’autres formes d’assistance », soi-disant dans le but de « prévenir ou au moins de ralentir le mouvement » des groupes comme al-Nosra et EIIL et d’empêcher al-Qaïda d’établir« un front avec Israël ».

En réalité, cependant, l’expansion djihadiste le long de la frontière nord d’Israël n’entre pas vraiment en contradiction avec les objectifs israéliens. Comme l’a noté Amal Saad Ghorayeb, universitaire libanaise et auteure d’Hibzu’llah : Politics and Religion, les « retombées » au Liban des attentats inspirés par al-Qaïda sont un moyen d’« éliminer/user la résistance [du Hezbollah] en ouvrant plusieurs fronts et en dispersant ses forces de sécurité et militaires ».

En outre, on ne voit pas pourquoi Israël s’opposerait à placer al-Qaïda en meilleure place sur sa liste des potentielles menaces existentielles. Celles-ci, bien sûr, sont régulièrement invoquées pour excuser l’apparence de forteresse et le modus operandi d’Israël, et pour éviter d’avoir à expier le nettoyage ethnique de la Palestine.

Aucune discussion sur l’escalade des conflits confessionnels dans la région ne serait complète sans mentionner cette pratique bien commode du diviser pour mieux régner. L’année dernière, dans un éditorial pour Al Jazeera, Murtaza Hussain, analyste basé à Toronto, a souligné les efforts concertés visant à imposer une prophétie autoréalisatrice reposant sur l’idée d’une haine inhérente et ancienne entre musulmans sunnites et chiites : « les puissances occidentales et leur alliés locaux ont cherché à exacerber ces fausses divisions afin de perpétuer les conflits et de faire en sorte que le Moyen-Orient reste à la fois profondément divisé et incapable de s’affirmer».

Bien qu’on ne puisse nier la brutalité meurtrière d’Assad, on ne peut également nier la plus grande brutalité infligée à la région par l’Occident et ses amis dans l’histoire récente, lesquels, selon la loi du conflit perpétuel, profiteraient d’une présence accrue d’al-Qaïda. 

Et bien que l’arrivée du Hezbollah sur le champ de bataille syrien soit postérieure à celle des djihadistes sunnites – ce qui souligne le caractère défensif de ses actions, entreprises pour préserver ses capacités de résistance –, elle a facilité la tâche de ceux qui rêvent d’une guerre confessionnelle sur le territoire libanais.

Ce que cela signifie pour le Liban, c’est que le pays est face aux deux possibilités qu’il a toujours connues : demeurer au bord de l’abîme ou en son sein.

- Belen Fernandez est l’auteure de The Imperial Messenger: Thomas Friedman at Work, publié par Verso.  Elle est également rédactrice au magazine Jacobin.

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.

Photo : Dégâts causés par un attentat perpétré à Jabal Mohsen, banlieue à majorité alaouite de Tripoli, par la branche syrienne d'al-Qaïda, connue sous le nom de Front Al-Nosra, en janvier 2015 (AA).

Traduction de l’anglais (original) par VECTranslation.

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