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Attaque de Londres : ce qu’il faut retenir

Mercredi 22 mars, le centre de Londres a été frappé par une attaque « à caractère terroriste », selon la police britannique. MEE vous en fait un résumé
Une voiture est rentrée dans une grille devant Parliament Square (capture d’écran)
Par MEE

Mercredi 22 mars en début d'après-midi, en plein centre de Londres, un homme au volant d'un 4X4 a lancé son véhicule sur les passants sur le pont de Westminster qui enjambe la Tamise, menant au Parlement et à Big Ben. Peu après la sortie du pont, il a embouti sa voiture sur le bas-côté, en est sorti et couru vers les grilles du Parlement, un couteau à la main. Là, il a poignardé un policier. La police a fait feu au moment où il essayait de s'attaquer à un deuxième policier, et a été tué. Un policier a également trouvé la mort.

Traduction : « Une voiture sur le pont de Westminster a fauché au moins cinq personnes »

L'attaque a été commise par Adrian Russell Ajao, alias Adrian Elms, alias Khalid Masood, 52 ans, né en 1964 dans le Kent, dans le sud-est de l'Angleterre. Ce Britannique converti à l'islam a été plusieurs fois condamné pour agressions, détention illégale d'armes et trouble à l'ordre public entre 1983 et 2003.

Selon l'un de ses amis d'enfance cité samedi par le quotidien The Sun, il s'est converti à l'islam lors de son premier séjour en prison en 2000.

L'ambassade d'Arabie saoudite à Londres a indiqué dans un communiqué que Khalid Masood avait effectué deux séjours d'un an chacun dans ce pays, entre novembre 2005 et novembre 2006, puis entre avril 2008 et avril 2009, et qu'il y avait enseigné l'anglais. Elle a ajouté qu'il s'y était également rendu en 2015 pour le pèlerinage à La Mecque. Selon l'ambassade, Masood n'était pas connu des services de sécurité saoudiens et n'avait pas de casier judiciaire dans le royaume.

Le bilan

La police britannique parle de quatre personnes décédées, dont l'assaillant. Le policier tué dans l'attaque s'appelait Keith Palmer. La police britannique a déclaré que le père et mari était âgé de 48 ans et avait effectué quinze ans de service au sein de la police.

Le bilan fait aussi état d'une cinquantaine de blessés. Selon le porte-parole du ministre français de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, trois élèves français du lycée Saint-Joseph de Concarneau (Bretagne) ont aussi été blessés. Deux ressortissants roumains figurent aussi parmi les blessés, selon le ministre des Affaires étrangères roumain.
 
Le pont Westminster, le Parlement et l'hôpital St-Thomas (google)
 
Les précédentes attaques terroristes au Royaume-Uni 
 
Le 7 juillet 2005, quatre explosions quasi simultanées avaient fait 56 morts et 700 blessés. L’attentat avait été revendiqué plus tard par un groupe affilié à al-Qaïda.

En mars dernier, selon Scotland Yard, les services de sécurité britanniques avaient « déjoué treize tentatives d’attentats terroristes depuis trois ans ». « Une large part » de ces complots ont été l’œuvre de sympathisants du groupe État islamique (EI), avait souligné à l’époque le chef adjoint de la police Mark Rowley. Il avait aussi insisté : « La menace continuera à planer pendant un moment encore » et les succès militaires contre les combattants de l’EI en Irak et en Syrie « ne vont pas éradiquer cette menace ».

Selon une étude, le nombre de délits liés « au terrorisme islamique » ont presque doublé au Royaume-Uni entre 2010 et 2015. 72 % des personnes arrêtées dans ce cadre étaient Britanniques ou avaient une double nationalité.

Depuis août 2014, le Royaume-Uni maintient son niveau d’alerte antiterroriste à « grave » - soit le quatrième sur une échelle de cinq - ce qui signifie qu’une attaque par des militants est considérée comme « hautement probable ».

Après les attentats de novembre 2015 en France, la police avait annoncé le déploiement de 600 policiers armés supplémentaires à Londres. 

Un piéton se fait soigner sur le pont Westminster tandis qu’un policier monte la garde (Reuters)

L'enquête

Dans la nuit de mercredi à jeudi, la police britannique a mené un raid à à Birmingham, dans le nord du pays.

Douze personnes ont été arrêtées en lien avec l'attentat, à Londres et Birmingham. Samedi 1er avril, la police a annoncé avoir remis en liberté sans charge retenue contre elle la dernière des douze personnes arrêtées dans le cadre de l'enquête.

Dimanche, la police a annoncé avoir procédé à une nouvelle arrestation, un homme de 30 ans, soupçonné de « préparer des actes terroristes ».

« Nous sommes déterminés à comprendre si Masood était un acteur isolé inspiré par la propagande terroriste ou bien si d'autres personnes l'ont encouragé, l'ont soutenu ou lui ont donné des instructions », a déclaré samedi un haut responsable britannique de la lutte antiterroriste, Neil Basu.

« Notre enquête continue à un rythme soutenu. Je suis reconnaissant au soutien que le public nous a apporté jusqu'à présent, mais je lui demande davantage d'aide », a dit ce responsable dans un communiqué.

Les premières réactions

La première ministre britannique Theresa May a condamné depuis le 10, Downing Street, une attaque « écœurante et perverse dans les rues de notre capitale ».
Le leader du Parti travailliste, Jeremy Corbyn, a adressé ses pensées aux victimes.

Traduction :  « Ma déclaration sur les événements en cours à Westminster. Nos pensées pour les victimes, leurs amis et leurs familles”. “Selon les comptes rendus, l’incident en cours à Westminster cet après-midi est extrêmement grave. Nos pensées pour les victimes de cette horrible attaque, leurs familles et leurs amis. La police et la sécurité ont réagi rapidement pour assurer la sécurité du public, des députés et des employés et nous leur en sommes reconnaissants. »

Chris Doyle, un analyste qui contribue régulièrement à Middle East Eye était au parlement lors de l'attaque. 

Traduction :  « Un sentiment de choc indescriptible. Les gens ont toujours peur. La police semble toutefois contrôler la situation »

Le Conseil musulman britannique a également réagi.

Traduction : « Le Conseil musulman britannique au sujet de l’attaque de Westminster ». « Nous sommes choqués et attristés par l’incident à Westminster. Nous condamnons cette attaque, et alors qu’il est trop tôt pour spéculer sur ce qui l’a motivée, nos pensées et nos prières vont aux victimes et à ceux qui sont touchés. Nous rendons aussi hommage à la police et aux services de secours qui ont fait face avec courage. Le palais de Westminster est le centre de notre démocratie et nous devons tous nous assurer qu’il continuera à servir notre pays et ses habitants avec sécurité »

En France, quelques personnalités politiques ont dénoncé  « une attaque contre la démocratie », à l’instar de l’ex-président Nicolas Sarkozy ou du président du Sénat Gérard Larcher.

Sur Twitter, le président français François Hollande et Juliette Méadel, la secrétaire d’État chargée de l’aide aux victimes, ont aussi exprimé leur solidarité.

La réaction la plus controversée est sans doute celle de Tommy Robinson, ex-dirigeant de l'English Defense League (EDL), une organisation d'extrême-droite. Sur les lieux de l'attaque, il a déclaré à Middle East Eye : « C’est l’islam, c’est un acte de djihad. Nous avons 450 anciens combattants de l’EI qui ont été autorisés à revenir dans notre pays. »

Immédiatement, sur les réseaux sociaux, il a été accusé d’instrumentaliser les attaques pour répandre une propagande islamophobe.

Traduction : « Les propos de ‪@TRobinsonNewEra sont pathétiques, opportunistes gore pendant que les gens se débattent pour vivre »

Le maire de Londres Sadiq Khan a aussi tweeté une vidéo sur les événements.

Traduction : « Les Londoniens ne seront jamais intimidés par le terrorisme »

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