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À Gaza, des habitants racontent la frappe aérienne israélienne qui a tué trois journalistes

Said al-Taweel, Mohammed Sobboh et Hisham Nawajhah ont été tués alors qu’ils couvraient le bombardement en cours de la bande de Gaza par Israël
Des collègues des journalistes tués lors de leurs funérailles à Gaza, le 10 octobre 2023 (MEE/Mohammed al-Hajjar)
Des collègues des journalistes tués lors de leurs funérailles à Gaza, le 10 octobre 2023 (MEE/Mohammed al-Hajjar)
Par Mohammed al-Hajjar à GAZA, Palestine occupée et Alex MacDonald

Après la mort de trois de leurs collègues dans une frappe aérienne israélienne au cours de la nuit, les journalistes de Gaza ont peur.

Said al-Taweel, Mohammed Sobboh et Hisham Nawajhah ont été tués alors qu’ils couvraient les bombardements aériens en cours contre la bande de Gaza.

« Malheureusement, ils viennent d’envoyer un avertissement au bâtiment Hiji, il va être bombardé », a indiqué Said al-Taweel, ses derniers mots, selon Al Jazeera. « La zone a été totalement évacuée. Hommes, femmes, personnes âgées et enfants ont tous fui la zone. »

Des confrères des journalistes tués, lors de leurs funérailles à Gaza, le 10 octobre 2023 (MEE/Mohammed al-Hajjar)
Des confrères des journalistes tués, lors de leurs funérailles à Gaza, le 10 octobre 2023 (MEE/Mohammed al-Hajjar)

Tous les trois ont été tués lorsque la frappe aérienne a atteint le bâtiment.

Samer Zaaneen, lui aussi journaliste, était avec ses trois confrères au moment de l’attaque.

« On était au Burj al-Ghefari », raconte-t-il à Middle East Eye, en faisant référence à un bâtiment de Gaza.« On est descendus pour couvrir [le bombardement] parce qu’il y avait des gens qui fuyaient. Said [est parti] avant nous. On savait par des collègues qu’il était là-bas. Par un appel, Said nous a dit de descendre pour prendre des photos. »

« Mohammed a pris la caméra et est entré à l’intérieur. J’étais avec Hisham. Ce dernier m’a dit : “J’aimerais y aller”, mais je lui ai dit de ne pas le faire. Puis Hisham l’a suivi. »

De « sang froid »

Il explique que la frappe de F-16 a eu lieu alors que des gens fuyaient le bâtiment. Leurs locaux étaient à trois bâtiments de celui qui avait reçu un avertissement des Israéliens.

« Au début, on ne s’attendait pas à ce que le bâtiment soit bombardé – il y avait eu deux frappes sur le même bâtiment. Donc on ne s’attendait pas à ce qu’ils soient touchés », explique Samer Zaaneen.

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« Un collègue nous a dit qu’un journaliste était au sol. On a trouvé le corps de Said. Hisham et Mohammed avaient disparu. Seul le téléphone de Hisham sonnait, le téléphone de Mohamed était coupé au moment de la frappe. »

À l’heure actuelle, plus de 1 200 Israéliens et 1 055 Palestiniens ont été tués depuis l’attaque surprise du Hamas dans le sud d’Israël.

Les bombardements qu’Israël a entrepris contre la bande de Gaza sont toutefois bien plus familiers aux habitants de l’enclave, qui subissent des opérations répétées depuis l’entrée en vigueur du blocus en 2007.

Des dizaines de journalistes palestiniens ont également été tués à travers les territoires palestiniens occupés depuis l’an 2000, selon le ministère palestinien de l’Information.

Hisham Nawajhah, Said al-Taweel et Mohammed Sobboh ne sont que les dernières victimes d’une longue liste.

Salama Marouf, chef du service de presse du gouvernement, affirme que les journalistes ont été tués de sang-froid malgré le port de veste les identifiant comme tels.

« Nous avons déjà connu ce comportement criminel des forces de l’occupation par le passé – viser des journalistes et des organes de presse et les considérer comme des cibles légitimes –, qui pensent que cela pourrait couvrir leurs crimes et empêcher de révéler la vérité »

- Salama Marouf, chef du service de presse du gouvernement

« Nous avions prévenu plusieurs heures plus tôt de l’intention des forces d’occupation [de tuer des journalistes] après l’envoi de dizaines de préavis d’évacuation aux organes de presse », indique-t-il à MEE.

« Nous avons déjà connu ce comportement criminel des forces de l’occupation par le passé – viser des journalistes et des organes de presse et les considérer comme des cibles légitimes –, qui pensent que cela pourrait couvrir leurs crimes et empêcher de révéler la vérité. »

Ahmed Issa, habitant du quartier, rapporte qu’Israël a « visé la moitié de la ville » et a passé douze heures à se concentrer sur les mêmes quartiers.

« Cette zone était un enfer. On ne savait rien jusqu’au matin. La nuit, on a évacué. On pensait qu’il s’agissait d’une seule cible. Mais lorsqu’on s’est réveillés, on a constaté la catastrophe. Ils ont visé la moitié de la ville », rapporte-t-il à MEE.

« Tout le monde sur les réseaux sociaux disait qu’on devait évacuer. Une grande partie du quartier est résidentielle, donc on n’avait pas prévu ça. Mais on a évacué. L’électricité est coupée depuis le début de l’offensive jusqu’à maintenant. »

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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