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L’ONU « a assez de preuves pour condamner Assad pour crimes de guerre en Syrie »

La commission d'enquête de l'ONU sur la Syrie a suffisamment de preuves pour condamner le président syrien pour crimes de guerre, affirme dans un entretien publiée ce dimanche en Suisse l'un de ses membres éminents, Carla Del Ponte
Carla Del Ponte, qui travaillait pour la commission d'enquête de l'ONU sur la Syrie depuis 2012, démissionnera officiellement le 18 septembre (AFP)
Par AFP

« Les preuves sont suffisantes pour condamner le président syrien Bachar al-Assad de crimes de guerre, j'en suis convaincue », affirme Carla Del Ponte l'ancienne procureure spécialiste des crimes de guerre dans un entretien aux médias suisses Le Matin Dimanche et SonntagsZeitung

« Mais en raison du veto de la Russie au Conseil de sécurité de l'ONU sur la création d'un tribunal international, il n'y aura ni accusation ni tribunal spécial pour l'instant », ajoute-t-elle.

Cette situation est « frustrante », « c'est une tragédie », poursuit-elle : « sans justice en Syrie, il n'y aura jamais de paix et donc aucun avenir ».

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Carla Del Ponte, de nationalité suisse, avait annoncé la semaine dernière son départ en affirmant être « frustrée » face à une commission qui « ne fait absolument rien ». 

La commission d'enquête indépendante de l'ONU a été créée en août 2011 par le Conseil des droits de l'homme, quelques mois après le début du conflit syrien. 

Présidée par le Brésilien Paulo Pinheiro, cette commission a déjà rendu de nombreux rapports mais n'a jamais été autorisée par Damas à se rendre en Syrie.

« Je n'ai jamais vu un conflit aussi violent, dans lequel il y a autant d'enfants morts, torturés, décapités. Les enfants sont les premières victimes de ce conflit », ajoute l'ancienne procureure âgée de 70 ans, connue pour son franc-parler.

« Je n'ai jamais vu un conflit aussi violent, dans lequel il y a autant d'enfants morts, torturés, décapités »

-Carla Del Ponte

Elle précise avoir envoyé jeudi sa lettre de démission, et ajoute qu'elle démissionnera officiellement le 18 septembre, date de la prochaine session de la commission.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a estimé lundi que la commission d'enquête – qui après le départ de Carla Del Ponte ne comptera plus que deux membres – devait poursuivre ses travaux malgré la démission de l'un de ses membres éminents.

« Ma démission est aussi une provocation. Elle doit servir à mettre la pression sur le Conseil de sécurité, qui doit rendre justice aux victimes », a-t-elle encore précisé.

Selon Carla Del Ponte, « le gouvernement de Bachar al-Assad a perpétré de terribles crimes contre l'humanité et utilisé des armes chimiques » (AFP)

Carla Del Ponte travaillait pour cette commission de l'ONU depuis septembre 2012. Elle a aussi lutté contre les crimes de guerre commis au Rwanda et dans l'ex-Yougoslavie.

Si toutefois un tribunal pour la Syrie devait voir une fois le jour, l'ancienne procureure dit être partante pour le diriger.

Nommée procureur du Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie fin 1999, cette petite femme aux cheveux blancs coupés courts a réussi à obtenir qu'un ancien chef d'État, le Serbe Slobodan Milosevic, réponde de crimes de guerre devant la justice internationale, une première.

Cette soif de justice a guidé les choix de Carla Del Ponte, de ses investigations contre la mafia aux côtés du juge italien Giovanni Falcone aux enquêtes qu'elle a menées dans les milieux financiers suisses lorsqu'elle était à la tête du parquet fédéral dans les années 1990.

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