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La Croix-Rouge défend son rôle dans les évacuations d’Alep suite à un rapport accablant de l’ONU

Le rapport de l’ONU a indiqué que l’accord d’évacuation d’Alep, supervisé par le CICR, équivalait à un « déplacement forcé » relevant d’un « crime de guerre »
Des bus évacuent des milliers de civils d’Alep-Est, en décembre 2016 (AFP)

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a défendu son rôle dans l’évacuation des civils d’Alep-Est après qu’un rapport de l’ONU a condamné cette opération, évoquant un « déplacement forcé » relevant d’un « crime de guerre ».

Les évacuations « ont contribué à éviter une catastrophe humanitaire encore plus grande à Alep, à un moment où des gens qui ne jouaient aucun rôle dans les violences étaient pris au piège [...] et n’avaient littéralement nulle part où courir », a déclaré ce mercredi Iolanda Jaquemet, porte-parole du CICR, à Middle East Eye.

Le groupe, qui se décrit comme une « organisation indépendante et neutre », a affirmé avoir joué un rôle central dans le processus, son personnel ayant aidé à transporter des civils hors de l’enclave à bord de bus.

Selon Jaquemet, toutefois, le comité « étudie actuellement les conclusions [du rapport de l’ONU] concernant les évacuations de civils d’Alep effectuées en décembre 2016 ».

Un rapport accablant

Le dernier verdict en date rendu par le groupe d’experts de l’ONU a mis le CICR dans une situation difficile, dans la mesure où le groupe y a été décrit comme étant complice de crimes de guerre.

Le rapport, établi par la Commission d’enquête internationale indépendante de l’ONU sur la Syrie, a dressé une liste de crimes de guerre qu’elle soupçonne « fortement » les forces gouvernementales d’avoir commis lors de leur opération visant à réoccuper l’est de la ville, entre juillet et décembre 2016.

Publié ce mercredi, le rapport de l’ONU a décrit les évacuations d’Alep supervisées par le CICR comme un « crime de guerre » alors que des milliers de personnes ont été déplacées et laissées dans une situation « périlleuse ».

Le rapport a conclu que les évacuations avaient été effectuées uniquement à des « fins stratégiques » mais « pas pour la sécurité des civils ».

Le rapport a également indiqué que les évacuations n’avaient pas laissé aux civils « la possibilité de rester chez eux » après la conclusion d’un accord entre une coalition de rebelles et le gouvernement syrien.

Il y est notamment recommandé que les parties belligérantes « s’abstiennent de conclure de futurs accords d’évacuation entraînant le déplacement forcé de populations civiles en vue de gains militaires ».

Le déplacement forcé de civils innocents enfreint directement la Convention de Genève, qui a été instaurée à la suite de la Seconde Guerre mondiale.

De nombreux témoignages

Le rapport de l’ONU fait suite à la publication de nombreux témoignages selon lesquels le Croissant-Rouge arabe syrien (SARC), affilié au CICR, était présent lorsque des civils ont été pris en otage par des milices pro-Assad en décembre 2016.

Zouhir al-Shimale, contributeur pour MEE, avait confirmé à l’époque que quatre hommes avaient été tués alors que d’autres personnes évacuées avaient été prises en otage malgré la présence de membres du SARC lorsqu’un convoi d’au moins 800 civils avait été appréhendé par des milices chiites le 16 décembre près de Ramoussa.

D’autres personnes évacuées ont également déclaré à MEE que des membres de la Croix-Rouge syrienne et du SARC avaient été contraints de quitter les lieux alors que des personnes évacuées se faisaient dérober leurs biens au cours du même incident.

Selon le CICR, plus de 30 000 personnes ont été évacuées de l’est d’Alep contrôlé par les rebelles sur une période de quelques jours en décembre 2016.

L’évacuation d’Alep a été convenue suite à un bombardement continu de la zone sous contrôle rebelle, orchestré par les avions de guerre russes et les forces fidèles au gouvernement syrien dans le but de prendre le contrôle de l’enclave aux groupes rebelles d’opposition.

Les civils déplacés de chez eux ont été transportés vers la campagne d’Alep ou dans les camps de réfugiés situés dans la ville d’Idleb, sous contrôle rebelle, où plusieurs milliers d’entre eux se trouvent encore.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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