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La France décore le prince héritier saoudien pour sa « lutte contre le terrorisme et l’extrémisme »

Mohammed ben Nayef a reçu la Légion d’honneur des mains du président François Hollande au cours d’une visite à Paris qui a été passée sous silence
François Hollande saluant Mohammed ben Nayef à Paris vendredi (AFP)

Le président François Hollande a décerné la Légion d’honneur, la plus haute distinction française, au prince héritier saoudien Mohammed ben Nayef en visite dans son pays, a confirmé dimanche le cabinet présidentiel.

L’Élysée n’a publié aucune déclaration sur cette visite qui a eu lieu mercredi, mais cette dernière a été évoquée par l’agence de presse saoudienne SPA, selon laquelle Mohammed ben Nayef a été décoré pour ses « efforts dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme ».

Un conseiller de François Hollande a déclaré que Mohammed ben Nayef, qui est le ministre de l’Intérieur saoudien, avait été décoré « au titre de personnalité étrangère, une pratique protocolaire courante », notant que François Hollande avait lui même reçu la plus haute distinction accordée en Arabie saoudite lors d’une de ses visites dans ce pays.

Les deux pays entretiennent des liens forts, qui sont scellés tant par des accords d’armement que par la participation de Riyad au combat contre le groupe État islamique (Daech).

La nouvelle de la remise de la Légion d’honneur à Mohammed ben Nayef a suscité de vives critiques sur les réseaux sociaux émanant des opposants à la peine de mort, de nombreux usagers ayant utilisé dans leurs tweets le hashtag #honte.

Dimanche, l’Arabie saoudite a procédé à sa 70e exécution depuis le début de l’année en décapitant un homme condamné pour meurtre.

Le 2 janvier, 47 personnes ont été exécutées pour « terrorisme », notamment le religieux chiite Nimr al-Nimr, qui avait été l’une des forces motrices à l’origine des manifestations de 2011 au sein de la minorité chiite du royaume saoudien.

En tant que ministre de l’Intérieur, Mohammed ben Nayef aurait été étroitement mêlé à l’autorisation de ces exécutions.

La plupart des personnes condamnées à mort en Arabie saoudite sont décapitées à l’aide d’un sabre.

Comme l’a rapporté Middle East Eye, d’autres condamnés ont les membres amputés avant d’être tués et certains autres sont crucifiés puis mis à mort.

Parmi les 47 personnes exécutées en janvier se trouvaient un homme souffrant de pathologies mentales et un prisonnier qui était encore mineur au moment de son arrestation.

Par ailleurs, l’Arabie saoudite est régulièrement accusée de soutenir les groupes extrémistes sunnites dans les guerres du Yémen et de la Syrie ; elle a également fait parvenir des armes en Syrie qui sont finalement tombées dans les mains d’activistes de l’État islamique.

Traduction de l’anglais (original) par Mathieu Vigouroux.

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