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« Le Hamas est le Hamas, c’est le Hamas » : comment Robert Halfon a défendu Israël au parlement

Maria Strizzolo, l'ancien assistante de Robert Halfon a révélé à un journaliste d’investigation avoir soumis en 2014 une question au parlement, sous la présidence de David Cameron, alors Premier ministre
2 juillet 2014 : Robert Halfon s’exprimant pendant la séance des questions au Premier ministre (YouTube)
Par MEE

D’après Hansard, les archives parlementaires officielles, le ministre (majorité parlementaire britannique) Robert Halfon a, depuis son élection en 2010 au siège de député d’Harlow, évoqué Israël à 65 occasions à la Chambre des communes.

Dans un document secret, enregistré par un reporter d’Al Jazeera et partagé avec Middle East Eye, l’ancienne assistante parlementaire de Halfon, Maria Strizzolo, qui avait des contacts à l’ambassade israélienne à Londres et au ministère israélien des Affaires stratégiques, a révélé en détail comment elle avait utilisé sa position pour soumettre des déclarations parlementaires en faveur d’Israël.

En expliquant comment certaines questions ont été soumises clandestinement aux parlementaires, Strizzolo a expliqué : « Vous savez, on les briefe, on leur dit : ‘’Vous n’aurez rien à faire, c’est nous qui rédigeons le discours et vous fournissons les informations, nous ferons tout à votre place’’. »

Elle a prétendu avoir influencé Halfon, actuellement secrétaire d’État à l'Éducation et ancien vice-président du Parti conservateur, pour qu’il pose une question sur l’enlèvement et le meurtre de trois adolescents israéliens en Cisjordanie occupée en juillet 2014.

Le 2 juillet 2014, Halfon a posé à David Cameron, alors Premier-ministre, la question suivante :

« Le monde a été témoin du meurtre tragique et brutal de trois jeunes gens israéliens, par le Hamas, selon toute vraisemblance. Mon honorable collègue apportera-t-il son soutien indéfectible au gouvernement israélien, en ces circonstances pénibles ? Convient-il que, loin de faire preuve de retenue, Israël doive user de tous les moyens à sa disposition pour éradiquer les réseaux terroristes du Hamas, et offrira-t-il son aide en ce sens au gouvernement israélien ? »

Ci-dessous, une sélection de quelques unes des autres déclarations faites au sujet d’Israël par Halfon au parlement.

Au sujet de la « haine d’Israël » de Gerald Kaufman, député du parti travailliste

Je dois dire que sa haine pour Israël ne connaît aucune limite. Il explique exactement pourquoi la juridiction internationale [Kaufman s’était opposé à des modifications à une loi prévoyant que, s’ils se rendaient au Royaume-Uni, les hommes politiques israéliens seraient menacés d’arrestation pour présomption de crimes de guerre,] a besoin d'être changée – elle sert de ballon de foot politique à des gens de son acabit à l’agenda caché. (13 décembre 2010)

Au sujet de « l’extrémisme islamique »

L’objectif des extrémistes islamistes, c’est le djihad – pas l’obtention d’une résolution paisible de la situation au Moyen-Orient. Cette idéologie estime qu’Israël et, par extension, tous les juifs devraient être rayés de la carte. Ahmadinejad [le président iranien à l’époque] ne fait aucune distinction, géographique ou autres, entre la Cisjordanie et Tel-Aviv. C'est l’entité sioniste toute entière qui doit être anéantie…

Personne ne pourra soumettre le poison de l’extrémisme islamiste par de belles paroles ou en l’enveloppant sous des couches d’enveloppes à bulles bureaucratiques. Au Royaume-Uni, ses imams prêchent la forme la plus idéologique et haineuse d’antisémitisme. Le droit fondamental d’Israël à exister et des familles juives à vivre en paix n’est tout simplement pas négociable. (20 janvier 2011)

Au sujet d’Israël comme « rempart de la liberté »

Notre politique actuelle à l’égard d’Israël devrait lui être beaucoup plus favorable. Les critiques qu’essuie Israël chez nous prennent des proportions inconcevables dans d’autres pays. Je n’en reviens pas d’entendre tout le monde prétendre vouloir être « un ami sincère » d’Israël, mais personne ne se déclare « ami sincère » de la France, de l’Allemagne ou de l’Amérique. Certes, il est incontestable qu’Israël est imparfait, et comment nier les problèmes que posent les colonies ? Or, il n’est pas moins indubitable que, dans cette région percluse de dictateurs, Israël est un rempart qui protège la liberté. On invoque souvent l’excuse voulant que le conflit israélo-palestinien sous-tende toujours les autres conflits au Moyen-Orient, mais les événements récents viennent réfuter cette thèse.

Je crois que la paix s’installerait incroyablement vite en Israël si deux États étaient créés – un palestinien et l’autre israélien –  encore faudrait-il que les dictateurs arabisants cessent de financer le terrorisme. Plus ces pays deviendront démocratiques, plus s’éloignera l’éventualité d’une guerre. À ma connaissance, on ne trouve aucun exemple dans l’histoire où deux démocraties se soient fait la guerre. J’ai souvent rencontré des Palestiniens modérés, qui ne demandent qu’à faire la paix, sans en avoir le pouvoir, alors que Hamas, malheureusement, en a le pouvoir mais pas la volonté. (17 mars 2011)

Au sujet du mur construit par Israël

Mon honorable collègue reconnaît-il que loin d’être un mur, ce qu’il décrit est une clôture, dont seule une très petite proportion est effectivement un mur ? Reconnaît-il que la raison pour laquelle elle a été construite au départ était d'empêcher que des bombes humaines pénètrent quotidiennement en Israël ? Heureusement qu’Israël a réussi à bâtir ce mur ! (26 mars 2012, s’adressant au député travailliste Alex Cunningham)

Au sujet de l’Iran comme « Union soviétique du Moyen-Orient »

On s’accorde généralement à considérer l’Iran comme l’Union soviétique du Moyen-Orient : en effet, il pratique la répression en interne, exporte le terrorisme à l’étranger et souhaite rayer Israël de la carte. Comment mon honorable collègue jugera-t-il si l’Iran s’est effectivement engagé dans une authentique perestroïka et glasnost à la russe, ou si nous avons plutôt à faire à une tromperie orchestrée par l’Iran. Et quelles mesures a-t-il l’intention de prendre pour veiller à ce que, dans les six prochains mois, ce pays cesse non seulement ses recherches sur l’enrichissement nucléaire, mais retire aussi son soutien au Hamas, au Hezbollah et au régime d'Assad ? (25 novembre 2013, en s’adressant à William Hague, alors ministre des Affaires étrangères)

Au sujet de l’efficacité du système israélien de défense antimissile – « dôme de fer »

Ne vivons-nous pas une situation délirante, où Israël est critiqué pour se défendre trop bien, parce que le « dôme de fer » arrête beaucoup de missiles, évitant ainsi la mort de milliers de citoyens israéliens ? (17 juillet 2014)

Au sujet des parallèles entre Hamas et EI

Je remercie mon honorable collègue de sa déclaration, où il admet qu’Israël a le droit de se défendre contre le barrage de missiles tirés par le Hamas. Convient-il que la différence entre Hamas et EI n’est qu’une affaire de degré ? Convient-il aussi que l’Iran demeure une menace sérieuse sur la sécurité et que l'ennemi de notre ennemi ne saurait être notre ami ? (1er septembre 2014, s’adressant au Premier ministre d’alors, David Cameron)

Au sujet de la Jordanie comme « État palestinien »

Je conviens de la nécessité d’un État palestinien. En fait, on ne s’est généralement pas encore aperçu qu’il existe déjà un État palestinien : il s’appelle la Jordanie. Il a été créé par les Britanniques en 1921, sous le nom, au départ, de Transjordanie. Après la guerre de 1948-49 contre l’État nouvellement créé d’Israël, le monarque jordanien, Abdullah, s’est même autoproclamé « roi de la Jordanie et de la Palestine », puisque son pays contrôlait la Cisjordanie.

La grande majorité des Arabes actuellement installés en Jordanie sont en fait des Palestiniens gouvernés par un monarque issu de la minorité hachémite. Avant la guerre de Six jours de 1967, où Israël a vaincu l'invasion arabe et pris le contrôle de la Cisjordanie et de Gaza – sous la férule de l’Égypte –, jamais les Palestiniens habitant les territoires contestés n’ont exigé la création d’un deuxième État palestinien, puisqu’ils se trouvaient sous la coupe des la Jordanie.

Le mouvement actuel en faveur de la reconnaissance d’un deuxième État palestinien… néglige le fait que les Palestiniens en Cisjordanie et les Palestiniens à Gaza sont gouvernés par deux entités entièrement différentes — le Fatah, plus modéré d’une part, et l’organisation terroriste Hamas d’autre part. Si l’on n’y prend garde, nous pourrions nous retrouver avec trois États palestiniens, ou un État et deux micro-États : l’un contrôlé par le royaume hachémite en Jordanie, avec des frontières orientales désormais menacées par l’EI, un deuxième par Fatah en Cisjordanie,et un troisième contrôlé par Hamas à Gaza. (13 octobre 2014)

Sur le fait « d’éradiquer » le Hamas

Hamas est le Hamas, c’est Hamas : c’est une organisation terroriste, qu’elle fasse ou non partie du soi-disant gouvernement d’unité [palestinienne]… Il est incontestable que le temps est venu de couper les relations avec le gouvernement, vu qu'ils sont cooptés par une organisation terroriste. Mon honorable collègue convient-il que, loin de faire preuve de retenue, le gouvernement britannique devrait offrir à Israël toute l’aide en son pouvoir pour éradiquer le réseau terroriste Hamas, et garantir ainsi la protection de l’avenir des enfants de ce pays ? (1 juillet 2014, s’adressant à Hugh Robertson, ministre des Affaires étrangères d’alors)

Traduit de l’anglais (original) par [email protected].

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