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Le Yémen sollicite une intervention terrestre pour sauver le pays

Alors que Human Rights Watch prévient que les Houthis « maltraitent et terrorisent » les civils à Aden, les efforts diplomatiques reprennent
Les hôpitaux et les centres médicaux d’Aden s’efforcent de faire face au grand nombre de blessés (AA)
Par MEE

Suite à la détérioration rapide de la situation humanitaire dans ville portuaire d’Aden, au sud du Yémen, l’ambassadeur du pays à l’ONU a demandé l’envoi de troupes terrestres internationales.

Au moins 120 personnes auraient été tuées à Aden mercredi, dont 40 civils qui ont péri dans des bombardements au moment où ils tentaient de fuir la ville assiégée par bateau.

Selon les Nations unies, au moins 646 civils, dont 131 enfants, ont perdu la vie entre le 26 mars, lorsque les frappes de la coalition ont commencé, et le 5 mai. Les décès ont été causés tant par les frappes aériennes que par les assauts des Houthis.

En dépit de l’intensification des bombardements aériens sur Aden par la coalition dirigée par les Saoudiens, les combattants houthis affirment avoir pris le contrôle du district clé d’al-Tawahi.

Ces allégations ont toutefois été réfutées par le ministre des Affaires étrangères yéménite, Reyad Yassin Abdulla qui, comme le Président Abd Rabo Mansour Hadi, est en exile. Abdulla a décrit les milices houthies comme des « assassins d’hommes et d’enfants ».

S’exprimant lors d’une conférence de presse télévisée donnée dans la capitale saoudienne mercredi, Reyad Yassin Abdulla a imploré la communauté internationale d’envoyer de l’aide afin de stopper l’avance des Houthis à Aden.

Son appel a trouvé un écho dans une lettre adressée au Conseil de sécurité des Nations unies mercredi par l’ambassadeur du Yémen à l’ONU, Khaled al-Yemany.

Yemany a demandé aux quinze membres du Conseil de sécurité d’envoyer immédiatement des troupes au sol afin de freiner ce qu’il décrit comme « les agressions barbares commises à l’encontre d’une population sans défense ».

La communauté internationale a en revanche appelé à un cessez-le-feu immédiat. Le nouvel émissaire de l’ONU au Yémen, Ismail Ould Cheikh Ahmed, est attendu à Ryad jeudi pour s’entretenir avec le Président Hadi.

Le processus de consultation lancé par Ahmed a commencé en France, où il a rencontré des membres du cabinet du Président français François Hollande et du secrétaire général du Conseil de coopération du Golfe.

Après sa réunion à Riyad, Ismail Ould Cheikh Ahmed se rendra « dans d’autres capitales régionales pour y mener d’autres consultations », selon un communiqué de l’ONU.

Meurtre de civils, séquestration de travailleurs humanitaires

Au moment où reprenaient les efforts diplomatiques, des groupes de défense des droits de l’homme avertissaient que la situation humanitaire dans des villes comme Aden était devenue critique.

Dans un nouveau rapport publié jeudi, Human Rights Watch (HRW) accuse les forces pro-Houthis qui combattent aux côtés des troupes alliées à l’ancien Président Ali Abdallah Saleh d’avoir tué des civils et séquestré des travailleurs humanitaires.

Le rapport fait état d’un incident durant lequel une étudiante en droit de 20 ans, Sabreen al-Aboos, a été tuée par un sniper portant un uniforme militaire alors qu’elle marchait dans un quartier résidentiel avec son oncle.

Touchée à la poitrine par une seule balle, Aboos a été conduite par son oncle dans quatre hôpitaux différents mais les trois premiers ont déclaré être dans  l’incapacité de la prendre en charge.

Elle est décédée plus tard ce jour-là dans le quatrième hôpital.

HRW indique également que des combattants houthis ont détenu illégalement un groupe de dix humanitaires qui tentaient de remettre du matériel médical à un établissement hospitalier d’Aden le mois dernier.

Les travailleurs humanitaires ont subi des interrogatoires quotidiens, selon le témoignage de l’un d’entre eux, et ont été accusés de fournir de l’aide à al-Qaïda dans la péninsule arabique.

« Même sans les attaques, les détentions ou les prises d’otage, les civils à Aden vivent dans des conditions extrêmement difficiles », a déclaré Joe Stork, vice-directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord de Human Rights Watch.

« Les dirigeants des Houthis et des autres forces doivent protéger les civils, pas les maltraiter ou les terroriser. »
 

Traduction de l'anglais (original).

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