Aller au contenu principal

Pour le Maroc, les Émirats arabes unis sont un partenaire politique mais surtout économique

Près d’un an après sa dernière visite, le roi Mohammed VI est de retour aux Émirats arabes unis. Une rencontre qui vient redynamiser les relations diplomatiques entre les deux pays
Mohammed VI (à gauche), en visite à Abou Dabi le 10 septembre, salue un étudiant aux côtés du prince héritier Mohamed ben Zayed (Twitter)

CASABLANCA, Maroc – C’est une visite qui a mis fin à plusieurs mois de silence entre les deux monarchies. Lundi 10 septembre, le roi Mohammed VI a rencontré, à Abou Dabi, le prince héritier des Émirats arabes unis (EAU), Mohamed ben Zayed (MBZ). Le conseiller royal Fouad Ali El Himma et le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, étaient également présents. 

Lors de cette rencontre, le roi du Maroc a participé au Conseil de Mohamed ben Zayed au palais Al Bahr, une réunion qui comptait également la présence de plusieurs personnalités émiraties dont des membres de la famille royale et du gouvernement. Le roi s’est ensuite entretenu en privé avec le prince héritier d’Abou Dabi.

À en croire les tweets publiés par le ministre de la Défense et prince héritier de l’émirat, la rencontre semble s’être déroulée dans une ambiance plutôt chaleureuse. 

Traduction partielle : « C’est un plaisir de rencontrer mon frère, le roi Mohammed VI. Une réunion au cours de laquelle le travail, la coordination et la consultation se poursuivent dans l’intérêt de nos deux pays »

Pourtant, le silence depuis la dernière visite diplomatique de Mohammed VI aux EAU, en novembre 2017, lors de sa tournée dans les pays du Golfe où il avait assisté à l’inauguration du Louvre d’Abou Dabi, pouvait laisser supposer un certain refroidissement des relations.

Des alliés historiques

Les EAU représentent un allié diplomatique important pour le royaume chérifien. En mai 2018, aussitôt après avoir appris la décision du Maroc de rompre ses relations diplomatiques avec l’Iran, le ministre émirati des Affaires étrangères, Anwar Gargash, avait réagi sur Twitter en affichant son soutien à Mohammed VI.

Traduction partielle : « Notre politique et notre position de soutien au Maroc sont un héritage historique inamovible bâti par le cheikh Zayed et le roi Hassan II, paix à leurs âmes. Notre position est immuable »

Malgré cette alliance diplomatique, le Maroc avait tout de même décidé de ne pas prendre parti dans la crise du Golfe qui a éclaté en juin 2017 – l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le royaume de Bahreïn, l’Égypte et d’autres pays arabes avaient décidé de rompre leurs liens avec le Qatar, lui reprochant ses liens avec l’Iran et l’accusant de soutenir l’extrémisme religieux. 

Dans un communiqué de presse du ministère des Affaires étrangères publié en juin 2017, le Maroc avait décidé d’adopter une position de « neutralité constructive ».

À cette prise de position politique, s’était par la suite ajouté le vote des Émirats contre la candidature du royaume à l’organisation du Mondial 2026, jetant alors un froid entre les deux pays amis.

À LIRE ► Maroc-Iran-pays du Golfe : comment exporter un conflit

Deuxième partenaire commercial du Maroc dans le Golfe, selon l’Office des changes marocain, Abou Dabi est surtout un allié économique de taille. Toujours selon la même source, les échanges commerciaux entre les deux pays ont affiché une croissance de 9 % sur la période 2016-2017, soit 524 millions de dollars (452 millions d’euros) d’échanges commerciaux en 2017 contre 464 millions de dollars (400 millions d’euros) en 2013. 

Les groupes d’investissement des EAU, attirés par la proximité géographique du royaume marocain avec les marchés européens et américains et sa position géostratégique sur le continent africain, ont particulièrement investi dans les secteurs des télécommunications, du tourisme, de l’immobilier ou encore de l’énergie. 

Maquette du projet Wessal Casablanca-Port, financé en partie par Abou Dabi (Facebook)

En juin 2013, les relations bilatérales ont été renforcées à travers la signature d'un protocole d'accord entre le Maroc et le Fonds d'Abou Dabi pour le développement (ADFD). 

Cette année-là, les Émirats arabes unis ont octroyé au Maroc une subvention de l'ordre de 4,6 milliards de dirhams émiratis (environ un milliard d’euros) en 2013 sur une période de cinq ans, en vue de financer plusieurs projets d’investissement dont Wessal Casablanca-Port, le TGV, le port de Mohammedia ou encore le CHU de Marrakech. 

Selon le site de l’ADFD, le fonds aurait accordé 9 milliards de dirhams émiratis (un peu plus de 2 milliards d’euros) de prêts et de subventions au Maroc depuis 1976, finançant plus de 80 projets. 

Le 22 mai dernier, lors de la cinquième session de la commission bilatérale maroco-émiratie, Nasser Bourita et son homologue émirati, ont renouvelé leur partenariat en signant de nouveaux accords de coopération.

Middle East Eye propose une couverture et une analyse indépendantes et incomparables du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et d’autres régions du monde. Pour en savoir plus sur la reprise de ce contenu et les frais qui s’appliquent, veuillez remplir ce formulaire [en anglais]. Pour en savoir plus sur MEE, cliquez ici [en anglais].