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Diminution de la liberté de la presse après le Printemps arabe : rapport

Les conditions d’exercice des journalistes sont pires qu'avant les soulèvements de 2011, selon une enquête dans dix-sept pays de la région
Le journaliste égyptien d'Al-Jazeera Abdullah Elshamy un jour après que le procureur général ait ordonné sa remise en liberté en raison de son état de santé, le 17 juin 2014 (AFP)

La liberté de la presse dans le monde arabe est plus restreinte aujourd'hui qu'elle ne l'était dans les années qui ont précédé le Printemps arabe de 2011, selon un nouveau rapport.

Le rapport, publié mercredi par la Fédération des journalistes arabes (FAJ), auprès du Syndicat de la presse égyptienne, a déclaré que les changements politiques et les turbulences faisant suite aux soulèvements de 2011 ont conduit à une détérioration de l'environnement pour les journalistes dans la plupart des dix-sept pays couverts par l'étude.

Le rapport de 193 pages, intitulé « L'état de la liberté de la presse dans le monde arabe (2014-2015) », a analysé l'état de la liberté de la presse dans le monde arabe dans dix-sept pays, dont l'Egypte.

« En général, la liberté politique et de la presse ont été limitées par rapport à la précédente [époque], en particulier les deux années précédant le Printemps arabe », indique le rapport.

Le rapport annuel est basé sur des enquêtes effectuées par dix-neuf syndicats et associations de presse dans les dix-sept pays, auxquelles s’ajoutent d'autres rapports publiés par des organisations locales et internationales soucieuses des droits de l'homme.

Le rapport décrit le statut des journalistes égyptiens comme recevant des revenus insuffisants, connaissant des conditions d'embauche difficiles dans les institutions médiatiques et se trouvant dans l’impossibilité de faire leur travail librement et sans restrictions.

Un des autres indicateurs montrait que les journalistes sont soumis à la pression des éditeurs et des membres des conseils d'administration des organisations en ce qui concerne leur liberté d'expression.

Les journalistes sont en outre contraints par des institutions religieuses, indique le rapport.

Les journalistes en Egypte font face à d’autres obstacles comme le manque de liberté de l'information.

Au cours de la conférence de presse, Abdel Wahab Al-Zaghyalat, responsable de la commission des libertés à la FAJ, a reproché au président du syndicat de la Presse égyptienne Yahia Qalash de ne pas traiter correctement les violations commises contre les journalistes.

Abdel Wahab Al-Zaghaylat a déclaré que l'Egypte n’était pas différente des autres pays de la région souffrant des luttes avec des « terroristes », ainsi que des infractions contre les journalistes.

Yahia Qalash s’est défendu en disant qu'il n'a pas ignoré ces incidents, se référant à une récente réunion qu'il a eue avec le ministre de l'Intérieur pour résoudre les questions en suspens de certains journalistes détenus.

Il a décrit l'état général de la liberté en Egypte comme étant « catastrophique ».

Abdel Wahab Al-Zaghyalat a dit à Middle East Eye que l’une des difficultés que la FAJ a rencontrée lors de la préparation du rapport a été « les moyens de communiquer avec les syndicats dans les zones de conflit comme le Yémen, la Libye et la Syrie ».

« Dans de nombreux cas, nous dépendions de contacts directs et personnels dans ces pays », a-t-il dit.

Un récent rapport publié le 3 mai par le comité de la liberté au Syndicat de la presse égyptienne, commémorant la journée mondiale de la liberté de la presse, a annoncé que le ministère égyptien de l'Intérieur avait récemment commis soixante violations contre les journalistes.

Plusieurs douzaines de journalistes égyptiens sont actuellement derrière les barreaux, soit détenus en attendant une enquête ou un procès, ou incarcérés après avoir été condamnés à des peines de prison.

Traduction de l’anglais (original).

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