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Un groupe kurde revendique l’attentat d’Ankara

Le groupe des Faucons de la liberté du Kurdistan, qui est en lien avec le PKK, a déclaré avoir perpétré cette attaque meurtrière dans la capitale en représailles contre les opérations militaires turques au Sud-Est du pays
Les débris d’un bus et d’une voiture sur les lieux de l’explosion qui a eu lieu dimanche à Ankara (AFP)

Un groupe militant kurde qui entretient des liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), lui-même illégal, a revendiqué jeudi l’attaque suicide à la voiture piégée qui a coûté la vie à 35 personnes à Ankara le week-end dernier.

« Dans la soirée du 13 mars, une attaque suicide a eu lieu… dans les rues de la capitale de la république fasciste turque. Nous revendiquons cette attaque », a déclaré officiellement le groupe des Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK) sur son site Internet.

Le groupe a déclaré avoir agi en réaction aux opérations de sécurité menées par les autorités turques dans le sud-est du pays à majorité kurde depuis la fin brutale du cessez-le-feu l’an dernier.

« Nous avons mené à bien cette action dans le but de venger les 300 Kurdes tués à Cizre ainsi que nos civils blessés », précisait la déclaration.

« Nous souhaitons nous excuser pour les pertes civiles, qui ne présentaient aucun lien avec la sale guerre menée par la république fasciste turque. »

L’attentat de dimanche est survenu trois semaines après la mort de 29 personnes à Ankara dans une similaire attaque à la voiture piégée, qui avait également été revendiquée par les TAK.

Immédiatement après l’attaque de dimanche, les autorités turques ont pointé du doigt le PKK, contre lequel Ankara mène un combat sans relâche depuis la fin de l’année dernière.

Le gouvernement a déclaré que l’une des personnes à s’être fait exploser était une jeune femme d’environ 25 ans inscrite au PKK et qui avait suivi en Syrie l’entraînement des Unités de protection du peuple (YPG), un groupe de miliciens kurdes que l’armée turque a passé plusieurs jours à bombarder au mois de février.

Le PKK combat l’État turc depuis 1984 pour obtenir une plus grande autonomie des Kurdes, et ce conflit aurait provoqué la mort d’au moins 40 000 personnes.

Les autorités ont placé onze personnes en détention à cause de cette attaque, a déclaré le Premier ministre Ahmet Davutoğlu. Des avions turcs avaient bombardé des cibles du PKK au nord de l’Irak quelques heures seulement avant l’explosion.

La Turquie a subi cinq explosions terroristes majeures depuis juillet dernier, qui ont tué plus de 200 personnes ; deux d’entre elles ont eu lieu à Ankara en moins d’un mois.

On pense que les TAK ont été créés par le PKK il y a plus de dix ans dans le but de perpétrer des attentats dans les villes de l’ouest de la Turquie.

Sur son site Internet, ce groupe continue d’exprimer sa loyauté envers le dirigeant du PKK, Abdullah Öcalan, actuellement en prison.

Cependant, Frederike Geerdink, une journaliste spécialisée dans les questions kurdes, a affirmé que le groupe avait ensuite adopté une ligne plus radicale que celle du PKK.

« Là où le PKK s’attaque généralement à des cibles pour lesquelles les pertes civiles sont peu probables bien qu’elles surviennent quand même dans les faits, les TAK ont une posture inverse : ils frappent des lieux où la mort de personnes civiles est inévitable », a écrit Frederike Geerdink pour Middle East Eye un peu plus tôt ce mois-ci.

Metin Gurcan, analyste de sécurité indépendant, a déclaré que malgré leur semi-autonomie, les TAK dépendaient du PKK en matière d’armement, d’entraînement et de recrutement.

« Ils ont le privilège de pouvoir choisir en toute indépendance leurs cibles, le lieu et le moment de leurs attaques, mails ils ont désespérément besoin du PKK en matière de doctrine idéologique, d’entraînement militaire, de recrutement, d’armement  et de logistique », a-t-il soutenu.

En revanche, Howard Eissenstat, spécialiste de la Turquie auprès de l’université de St. Lawrence à New York, pense que ce groupe n’est pas sous le contrôle direct du PKK et qu’il s’en est écarté en raison de désaccords au sujet de l’implication de ce dernier dans le processus de paix avec le gouvernement turc, qui a connu une fin brutale en même temps que le cessez-le-feu l’année passée, deux ans après sa mise en place.

Traduction de l’anglais (original) par Mathieu Vigouroux.

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