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Un marchand ambulant égyptien torturé et tué par la police pendant sa détention (témoignage)

Les cas de torture et de mort en détention se multiplient en Égypte et des groupes de défense des droits de l’homme dénoncent la brutalité permanente dont font preuve les forces de police
Des Égyptiens manifestent après la mort d’un marchant ambulant tué par la police en avril 2016 (AFP)
Par MEE

Alors que plusieurs témoignages dénoncent des brutalités policières lors des détentions, un marchand ambulant égyptien a été tué par un officier de police lorsqu’il se trouvait justement aux mains de la police.

La famille de Magdy Khalil, un marchand de 50 ans, a accusé un policier du commissariat al-Amaryia, au Caire, d’avoir torturé leur parent jusqu’à ce qu’il meure après son arrestation, a rapporté mercredi le Egypt Daily News.

L’avocat de la famille, Ali al-Halawany, a déclaré que Magdy avait été arrêté dimanche alors qu’il conduisait une charrette tractée par un animal avec deux de ses amis.

Sa famille proche a appris sa mort lundi et a décidé de transférer le corps à l’hôpital al-Zaytoon, où des traces d’agression et de torture sur son corps ont été découvertes.

Ali al-Halawany a ajouté que le corps avait été ensuite transféré à la morgue de Zienhom où une autopsie a été pratiquée. Il attend le compte-rendu d’ici à une semaine.

Mais les autorités contestent la version de la famille. Selon le bureau des médias du ministère de l’Intérieur, Khalil se serait évanoui dans le commissariat et serait décédé pendant son transfert à l’hôpital.

Autre version : celle du journal al-Ahram, qui rapporte les propos du procureur général selon lequel Magdy serait mort parce que la charrette qu’il conduisait avec ses deux amis, prise en chasse par la police, se serait écrasée.

Après l’incident, la police anti-émeutes et des véhicules blindés de la sécurité ont encerclé le commissariat par peur de représailles de la part de la famille de la victime.

Un membre de la famille a confié au Daily News Egypt qu’au départ, ils craignaient que Khalil soit décédé dans un accident de voiture. Mais qu’après s’être renseignés, ils ont découvert qu’il avait été traîné au commissariat après que sa charrette ait percuté par accident un minibus transportant des officiers de police.

Les parents de la victime ont ajouté que Khalil avait été battu et traîné sur le sol, puis torturé avec du feu. « Ils [les policiers] ont obligé les témoins à dire qu’il était mort de mort naturelle et argumenter que l’incident était arrivé lors d’une opération contre des trafiquants de drogue », ont précisé les membres de la famille.

Une vidéo diffusée en ligne a montré le corps de Khalil, et sur certaines images on  peut voir du sang couler de son dos et de son anus.

Un policier condamné à une peine de prison à vie

Mercredi, un autre policier égyptien a été condamné à la prison à vie pour avoir tué un marchand ambulant, ce qui provoqua des manifestations contre les brutalités policières.

Une cour criminelle du Caire a reconnu Zeinhom Abdel-Razzek coupable de « meurtre sans préméditation » après une dispute sur le prix d'un verre de thé dans la banlieue de la capitale, plus tôt dans l’année. Il a aussi été reconnu coupable de « tentative de meurtre », pour les blessures infligées aux deux passants.

Des images vidéo de la dispute montrent des manifestants en colère renverser un véhicule de police en scandant : « Les policiers sont des voyous ! ». Après cet incident, le président Abdel Fattah al-Sissi a immédiatement appelé la police à l’origine de cette altercation pour « immédiatement » la tenir pour responsable.

En février, un autre policier avait tué avec son arme de service un chauffeur qui lui livrait de la marchandise et avec lequel il s’était disputé sur le prix du transport. Cela avait également provoqué des manifestations dans les quartiers du Caire.

À la suite de cela, Abdel Fattah al-Sissi a demandé au parlement d’amender la loi pour durcir les sanctions contre les abus de la police.

Brutalité policière continuelle

La police égyptienne est sur la défensive depuis que des groupes de défense des droits de l’homme ont dénoncé la torture présumée et les morts en détention, les arrestations arbitraires et les disparitions d’opposants au gouvernement.

Les cas de mort en détention sont gérés dans la discrétion par les forces de sécurité et le procureur. Le ministère ne fait jamais de déclaration aux journalistes sur de telles violations, sauf sous couvert d’anonymat, révèle le Daily News Egypt.

De même, les procureurs réservent leurs déclarations aux médias publics et leurs rapports ne sont rendus publics que lorsque les violations de la police allument des polémiques nationales, ajoute le journal.

Traduit de l’anglais (original).

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