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Les Etats-Unis pourraient ouvrir plusieurs bases en Irak

La milice chiite rejette les renforts américains alors que Daech marque une prise « facile » de Mossoul relatée dans une vidéo épique
Photo : Le chef d'état-major des armées des Etats-Unis Martin Dempsey lors d'une conférence de presse dans la capitale irakienne Bagdad le 9 mars (AFP)

Les Etats-Unis pourraient établir plusieurs bases en Irak en suivant le modèle de la base aérienne de Taqaddum dans la province d'Anbar, a déclaré jeudi le chef d'état-major des armées des Etats-Unis.

Les commentaires du général Martin Dempsey interviennent un jour après que l'administration Obama ait annoncé qu'elle va déployer 450 soldats se trouvant à la base aérienne.

Le porte-parole du Pentagone, le colonel Steve Warren, a déclaré aux journalistes que son agence envisageait activement un lieu pour établir d'autres bases, mais que l'évaluation se ferait selon les réalisations à Taqaddum.

Warren a également souligné que la base va jouer un rôle clé dans la connexion du gouvernement irakien avec les tribus sunnites.

Notant la différence entre la base nouvellement ouverte à Taqaddum et d'autres bases américaines en Irak, il a déclaré que la mission n’est pas seulement une formation de combat de base, mais plutôt une mission « de conseil et d'aide ».

Les Irakiens ont récemment créé une structure de commandement et de contrôle à Taqaddum dédiée à l’aide aux tribus sunnites, et selon Warren, les conseillers américains qui seront déployés seront intégrés dans cette structure.

Les forces irakiennes ont formé plusieurs centaines de forces tribales sunnites et l'annonce des Etats-Unis mercredi d'envoyer 450 soldats a été le résultat d'une longue évaluation sur la façon d’accélérer  le nombre de forces de défense sunnites contre Daech.

« L'opération à Taqaddum pourrait un jour [être] élargie pour faire de la formation – formation de base des compétences de combat, également », a déclaré Warren.

Interrogé sur la manière dont les forces américaines pourraient faciliter les relations entre les tribus sunnites et le gouvernement irakien, il a dit que les chefs tribaux sunnites seraient invités à la base pour discuter de l'avantage de rejoindre les forces irakiennes dans la lutte contre les militants du groupe Etat islamique (Daech).

Le déploiement de troupes supplémentaires portera le nombre total des forces américaines dans le pays à plus de 3 500.

Le plan est une tentative pour compenser les pertes récentes sur le champ de bataille et aider les forces irakiennes à se préparer à une campagne pour reprendre la province d'Anbar aux militants de Daech.

La milice chiite rejette les renforts américains

Pendant ce temps, la milice chiite irakienne al-Hashd al-Shaabi s’est opposée jeudi à la décision américaine de déployer plus de forces dans la province d'Anbar, invoquant une tentative pour « voler la victoire à venir de la milice ».

« La situation sécuritaire de la province d'Anbar ne nécessite pas l'envoi de conseillers américains supplémentaires dans les bases militaires », a déclaré Karim al-Nouri, porte-parole d'al-Hashd al-Shaabi à l’agence Anadolu.

Al-Nouri a souligné que les forces d'al-Hashd al-Shaabi ont la capacité de « libérer » la province d'Anbar sans le soutien de la coalition internationale.

« La décision des Etats-Unis a deux objectifs. Le premier consiste à contenir les critiques contre Washington qui est tenu pour responsable de la chute de Ramadi [capitale de la province d'Anbar] au profit de Daech », explique al-Nouri.

« Le deuxième objectif, plus distinct, est d'envoyer plusieurs conseillers militaires américains à Anbar pour obtenir la victoire des forces d’al-Hashd al-Shaabi dans les villes de Ramadi et Falloujah. »

Ramadi est tombé dans les mains de Daech le 14 mai, les responsables américains faisant d'abord de leur mieux pour minimiser l'importance de la défaite stratégique.

Mais le secrétaire à la Défense Ashton Carter a vivement critiqué la performance des forces irakiennes contre Daech le mois dernier, se demandant si elles avaient la volonté de rencontrer les militants sur le champ de bataille.

Un an plus tard, Daech a affiché une énorme énergie alors que les forces irakiennes étaient encore peu efficaces, ce qui a conduit à une remise en cause accrue de la stratégie de la Maison Blanche.

« Je soutiens le mouvement tactique que le président prend [en envoyant plus de troupes], mais où est la stratégie globale », a demandé le président de la chambre des représentants John Boehner.

Plusieurs responsables à Anbar ont dit que l'aviation irakienne et étrangère avait bombardé jeudi des cibles dans et autour de Ramadi.

Jusqu'à présent, les opérations de Bagdad ont porté sur la coupure des lignes d'alimentation de Daech à Anbar, cette ville ayant une longue frontière avec les régions syriennes que les militants du groupe contrôlent aussi.

Le Premier ministre irakien Haider al-Abadi a dit qu’une opération terrestre à l'intérieur de Ramadi a été rendue trop dangereuse par l'utilisation systématique d'énormes camions piégés par des militants.

Daech marque une prise « facile » de Mossoul racontée dans une vidéo épique

Pendant ce temps, Daech a marqué jeudi le premier anniversaire de sa prise de Mossoul avec un film documentant le moment fondateur du « califat » qui a déclenché une guerre internationale.

Un an après la chute de la deuxième ville d'Irak, un conflit toujours plus important était en plein essor, avec des filiales et de petits groupes de Daech lui prêtant allégeance et la propagation à travers la région, incitant Washington à tirer toujours plus profondément dans le bourbier.

La vidéo présente l’apologie de l'assaut lancé en Irak l'année dernière comme une conquête épique, avec des images inédites de civils accueillant les militants et de prisonniers libérés heureux.

La production de vingt-neuf minutes documente également la débâcle des forces de sécurité irakiennes l'année dernière et raconte encore la surprise des combattants de Daech devant la facilité avec laquelle ils ont pris Mossoul.

« Il était impensable que l'avance serait plus grande que ce qui était prévu », a déclaré le narrateur de la vidéo, qui a été publié sur les médias sociaux.

Il a dit que Daech avait prévu de prendre le contrôle de zones sur un côté de la ville afin de lancer une nouvelle poussée plus tard, seulement pour découvrir que l'autre rive du Tigre « était vide de soldats (irakiens) avant que les hommes de Daech n’arrivent ».

L'offensive du groupe en Irak a commencé le 9 juin. Dès le lendemain, les forces dirigées par Daech avaient envahi Mossoul, une ville de deux millions de personnes.

La guerre a entraîné le déplacement de centaines de milliers d'irakiens et a vu l'effondrement de plusieurs divisions d’une armée pour laquelle les Etats-Unis avait passé des années et dépensé des milliards de dollars en formation et équipement.

Trois ans après la fin de son occupation de l'Irak en 2011, Washington était de retour pour la formation des troupes irakiennes dans le cadre de ses efforts pour aider Bagdad à faire reculer ses pertes territoriales.


Traduction de l’anglais (original) par Emmanuelle Boulangé.

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